Les Gratte-ciel | |
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Administration | |
Pays | France |
Région | Rhône-Alpes |
Département | Rhône |
Ville | Villeurbanne |
Sociologie | |
Fonctions urbaines | Centre-ville |
Transport | |
Métro | A |
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Les gratte-ciel de Villeurbanne sont un ensemble architectural situé dans la commune de Villeurbanne construit de 1927 à 1931 dans le département du Rhône en banlieue-Est de Lyon. Il représente un cas d’espèce en tant que gratte-ciel à usage d’habitat social et de cité ouvrière constitutive d’un nouveau centre-ville. Les gratte-ciel à gradins, modernistes, sont inspirés par diverses influences, européennes et outre-Atlantique.
Ce site est desservi par la station de métro : Gratte-Ciel. |
L’histoire de Lyon, ville fondée à l’Antiquité sur une berge du Rhône, est liée à ses relations métropolitaines et régionales. La cité tient au gré de l’histoire une importance fluctuante, au plan national et régional. Intégrée à l’agglomération lyonnaise, la commune de Villeurbanne voit sa croissance démographique fortement accélérée, au début du XXe siècle, à l'époque du projet. Elle correspond davantage à l’évolution de population d’une ville nouvelle de banlieue qu’à celle d’un faubourg car elle provient de la délocalisation d’activités économiques :
Dans ce contexte, Villeurbanne, manifeste une volonté d’à affirmer une identité propre, s’appuyant sur ses activités économiques et sa population. Elle se présente sous la forme d’une agglomération d’habitats constitués en majeure partie sauvagement autour d’usines modernes relocalisées sur des terrains agricoles. Cet ensemble d’îlots est relié par des chemins et non des rues.
Ses besoins urbains sont clairement établis. La commune de Lyon ayant annexé plusieurs des communes avoisinantes, Villeurbanne trouve l’opportunité de s’affranchit définitivement par la construction de ce nouveau centre-ville. Suite de la redéfinition en 1852 des limites départementales du Rhône et de l’Isère, la ville de Lyon avait ainsi maintenu ses prérogatives notamment par le grignotage du terrain du parc de la Tête d’or situé sur le territoire communal de Villeurbanne.
La construction du quartier des gratte-ciel à Villeurbanne est demandée par le maire Lazare Goujon, un médecin qui succède à Jules Grandclément autre médecin. Le maire souhaite construire un vrai centre symbolique de Villeurbanne pour sa population, un centre moderne et hygiénique. Aussi il convient de montrer que Villeurbanne n’est pas Lyon, qu’elle est une commune à part entière. Le maire avait participé à la fondation d’une maison du Peuple, rue Magenta.
Pour résoudre de façon associative les problèmes de logement de la population qui augmente très rapidement dans la ville, son groupe du Parti socialiste aide les habitations à bon marché, et le « Cottage social ». Le quartier le plus important de la ville de Villeurbanne à l'époque de la décision est situé autour de la place Grandclément aménagée en 1835, et il est excentré au sud de la commune. Le bâtiment de mairie est alors un imposant immeuble bourgeois. En 1925 un an après son élection, Lazare Goujon, obtient le don d’environ 20 000 m2 de terrains (dans le même esprit que que ce qui est fait pour les Hospices civils de Lyon), puis en acquiert 30 000 autres, dans des conditions avantageuses. Ceci permet l’aménagement d’un nouveau centre. Le financement de l’opération de construction de 1 700 logements est prévu grâce à la création de la Société villeurbannaise d’urbanisme avec un capital partagé essentiellement entre la municipalité et des entrepreneurs de bâtiment de Villeurbanne et de Lyon.
La construction remarquable de bâtiments de cette hauteur pour cette époque, réalisée en pleine crise économique démontre que la gestion municipale est une opération d’implication sociale pragmatique dans les affaires courantes de la vie des habitants d’une ville.
En se construisant un centre autonome avec un palais du Travail (« établissement qui représente le mérite du travail comme l’église représente la foi religieuse ») et un hôtel de ville modernes et monumentaux entourés par la nouvelle cité ouvrière pour les familles, la municipalité de Villeurbanne se démarque de Lyon et met un terme à ses tentatives de rattachement géopolitique.
L’opération de construction est rendue publique avec sa souscription de capital, elle est particulièrement suivie par les journaux. Des cartes postales sont éditées. Une loterie est faite dont le plus étonnant est que le plus important des prix à gagner soit une « villa individuelle ». Il reste quelques films retraçant l’opération de construction.
L’architecte choisi qui définit le nouveau centre est Môrice Leroux, il est autodidacte et son architecture est d’avant-garde. Il s’inspire des expériences d’urbanisme avancé présentes dans d’autres villes et fait une œuvre originale. L’architecte Tony Garnier qui représente l’École lyonnaise d’architecture (mouvement d’avant-garde plutôt théorique) fait partie du jury. Pour des raisons d’image de marque, la municipalité choisit l’architecte Robert Giroud, prix de Rome 1922, un disciple de Tony Garnier, après le concours portant sur l’hôtel de ville qui est bâti entre 1930 et 1934.
L’inauguration, le 17 juin 1934, du centre-ville de Villeurbanne se fait en présence du maire de Lyon Édouard Herriot, un radical-socialiste.
Le montage de la Société villeurbannaise d’urbanisme est celui d’une des premières sociétés d'économie mixte définies par la loi récente. Son action vis-à-vis de la municipalité est de servir comme garantie et d’apporter des fonds par emprunts (ce qui diffère d’un financement opéré par un promoteur immobilier qui est alors la norme). Le changement de municipalité à Villeurbanne en 1935 et sa radicalisation idéologique comportant l'absence d'approbation du modèle urbain et social qui venait d'être mis en place apportera déboires et procès à Môrice Leroux et à la Société villeurbannaise d’urbanisme. La SVU est menacée de dépôt de bilan après avoir transféré des fonds pour démarrer le Stadium, un équipement sportif de grande envergure hors de son objet de société. (La superstructure démarrée en 1933 ne fut jamais achevée et fut détruite en 1962). En conséquence la disponibilité des habitations avait pris du retard.
La cité connut des difficultés pour être achevée puis pour être occupée par les habitants, avant la Seconde Guerre mondiale : la construction qui donne le vertige par la hauteur en dissuade beaucoup, l'expression « cage à lapins » est déjà utilisée par les détracteurs, bien que le zonage ici, et la rapport spatial entre équipements, commerces, et habitat ne soit pas d’un niveau comparable aux théories des CIAM qui poussent à l’extrême le concept de séparation fonctionnelle.
La cité-centre est cependant dynamisée dans la deuxième moitié du XX siècle dans son quartier parce que Villeurbanne perd son caractère de ville de deuxième zone. (Entre autres lorsqu'elle évacue dans les années 1970 les taudis et le bidonville du Tonkin occupés par les nécessiteux et les immigrés qui sont relogés en banlieue - Villeurbanne ne fait plus donc partie de la banlieue, elle se situe à l'intérieur de la ceinture du périphérique. Cet espace du Tonkin proche du centre est rasé pour constituer une zone d'habitation moderne recevant des activités administratives décentralisées de Paris et est aménagé conjointement à La Doua devenue une zone d'enseignement supérieur sur les anciens territoires militaires et l'hippodrome. Le métro est construit avec sa première ligne qui relie le centre de Villeurbanne au centre de Lyon et ses gares.)
La place fermée en arrière de l'hôtel de ville a été initialement nommée place du Nouvel Hôtel de Ville. Elle a été nommée ensuite en 1932 place Albert Thomas. Puis place maréchal Pétain en 1941. Ensuite place de la Libération en 1945. Elle est devenue place du docteur Lazare Goujon en 1966. Cette place rassemblait la population pour les tirs de feux d'artifice du 14 juillet tirés depuis l'hôtel de ville. Et sur l'avenue Henri Barbusse se déroulent les défilés des arts de la rue qui sont prisés à notre époque.