Henri Louis Duhamel du Monceau - Définition

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Place de Duhamel du Monceau dans l’histoire des sciences et techniques

Duhamel du Monceau fut l’un des principaux agronomes du XVIIIe siècle. Esprit indépendant, il est resté à l’écart de l’agitation idéologique de son temps ce qui ne permet pas de le rattacher à quelque grand courant de pensée du XVIIIe siècle. Il se méfie des grands systèmes d’interprétation en vogue à l’époque et se démarque des Encyclopédistes qui se servent souvent de la science pour faire passer des idées générales. De même, s’il est partisan d’une certaine libération de l’économie, il n’adhère pas au mouvement physiocrate.

Pour lui la science est avant tout basée sur une observation personnelle des faits, complétée par des expérimentations en vue de comprendre les phénomènes mis en œuvre. En ce sens il fait rupture avec les hommes de cabinet et les compilations livresques de son époque pour apparaître comme un précurseur en matière de recherche expérimentale, animé par une démarche de filière.

« …on y trouve peu d'explications, point de systèmes, et des faits si multipliés, si pressés les uns contre les autres qu'il est très difficile d'en donner un abrégé… »

— Félix Vicq d'Azyr

Enfin, l’un de ses mérites est sans doute d’avoir reconnu très tôt les qualités du jeune Antoine Lavoisier dont il fut le parrain scientifique à l’Académie des Sciences et dont il soutient fermement la candidature, le 18 mai 1768.

Duhamel du Monceau est en outre, bien que probablement involontairement, lié à la théorie d'Adam Smith sur la division du travail. Dans son introduction à l’Art de l'Épinglier de Réaumur (1761), du Monceau fait mention de la division du travail dans un texte qui inspira plus tard Adam Smith (1723-1790) pour sa très célèbre Richesse des Nations. Adam Smith reprendra en 1776 à la fois l'expression mais aussi l'exemple de la fabrication d'épingles. Voici l'extrait de l'introduction de du Monceau :

« Il n’y a personne qui ne soit étonné du bas prix des épingles ; mais la surprise augmentera sans doute quand on saura combien de différentes opérations, la plûpart fort délicates, sont indispensablement nécessaires pour faire une bonne épingle. Nous allons parcourir en peu de mots ces opérations pour faire naître l’envie d’en connoître les détails ; cette énumération nous fournira autant d’articles qui feront la division de ce travail. »

Selon Jean-Louis Peaucelle, Adam Smith pourrait avoir fait un contresens sur ces derniers mots « division de ce travail », qui peuvent désigner le plan du mémoire de Réaumur.

Le souci de l’utilité domine l’ensemble de l'œuvre de Duhamel, que ce soit pour l’amélioration des techniques, des conditions de vie des marins ou dans un but pédagogique comme dans les Éléments d’architecture navale. Son désir de rendre la science utile lui a fait négliger sa carrière scientifique mais lui a valu une estime presque universelle.

Ainsi Duhamel du Monceau avait deux passions, la science et le bien public. D’après André J. Bourde, « le ton de sa correspondance dénote un homme bon et consciencieux, échangeant volontiers ses idées avec de nombreux correspondants et laissant à ceux-ci le privilège de leurs découvertes, acceptant de bonne grâce leurs observations. (…). Il y a chez Duhamel un fond très remarquable de probité et de modestie qui ne manqua jamais d’ailleurs d’être hautement reconnu par tous ceux qui furent en relation avec lui. (…). La Marre, son défenseur et son collaborateur l’appelle ‘ce vrai savant’, ‘une belle âme’  »

On mesure par ces quelques indications, la richesse d’une œuvre qui eut, dans le monde technique français, une importance capitale.

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