Jean-Antoine Morand - Définition

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Introduction

Jean-Antoine Morand est un artiste, ingénieur, architecte, urbaniste et promoteur lyonnais, né à Briançon en 1727, mort à Lyon en 1794.

Peintre et décorateur

Issu d'une vieille famille de noblesse de robe originaire de Savoie installée à Briançon (son père, Étienne, était avocat au bailliage et Premier consul de la ville), Jean-Antoine Morand aurait fugué à l’âge de quatorze ans pour échapper à une carrière ecclésiastique et suivre une vocation artistique. En 1744, on le retrouve à Lyon où il collabore à la décoration de deux fêtes "mises en scène" par Étienne Montagnon, peintre et architecte ordinaire du Chapitre de Saint-Jean de 1725 à 1758, mort en 1762, sans doute son premier maître.

Dès 1748, Morand crée son propre atelier spécialisé dans les travaux de décoration intérieur en trompe-l’œil, principalement chez des particuliers. En diverses occasions, il conçoit et réalise des architectures éphémères. En 1753, il s’illustre en décorant la salle du Concert et, l’année suivante, la chapelle de la Visitation de Notre-Dame, dite des artisans, ou des affaneurs, au sein du collège de la Trinité, actuel lycée Ampère. Pressenti par Soufflot pour réaliser les décors et machines du nouveau théâtre de Lyon, Morand se perfectionne à Paris auprès de Servandoni. Après le succès du théâtre lyonnais, Morand est appelé à Parme par Guillaume du Tillot, ministre d’État du duché, qui lui confie la décoration du théâtre ducal à l’occasion du mariage de l’infante Isabelle avec l’archiduc Joseph, futur empereur d’Autriche. Morand en profite alors pour visiter l’Italie, et en particulier Rome, étape obligée dans la construction de l’image d’un artiste. Alors même que sa carrière s’oriente nettement vers l’architecture, Morand reste actif dans le domaine de la peinture décorative et de la scénographie.

Les termes d'une carrière

Peintre de formation, principalement reconnu pour son ingéniosité dans le domaine du trompe-l'œil et de la machinerie, véritable ingénieur ayant jeté un pont sur le Rhône et donné un projet d’une machine hydraulique pour l’alimentation des fontaines du parc du château de Versailles, Morand est un architecte (revendiqué comme tel) qui a peu construit : ne subsistent plus que les trois immeubles du quartier Saint-Clair, le petit hôtel de la préfecture à Roanne et quelques murs de sa maison place Kléber (restaurant Orsi). Artiste et promoteur, il a d’ailleurs pu souffrir d'un statut ambigu.

Concernant les Brotteaux, la combinaison d’un projet privé (lotissement du pré Morand, construction et exploitation du pont) et d’un plan général tourné vers le bien public jetèrent le doute sur les intentions de Morand, accusé par ses détracteurs de vouloir s’enrichir aux dépens du public et en particulier des pauvres dont l’hôtel-Dieu était censé représenter les intérêts. Cette ambiguïté marque d’ailleurs l’ensemble de la carrière de Morand, entrepreneur privé, désireux de reconnaissance publique, en particulier sous la forme de places officielles. La place de voyer et architecte ordinaire de la Ville lui échappe mais, en novembre 1777, Morand obtient la place d’architecte du Chapitre de la primatiale Saint-Jean, dont les chanoines ont le titre de comtes de Lyon. Entre 1780 et 1783, Morand est officiellement voyer inspecteur dans le ressort de la justice du Cloître (le quartier de la cathédrale) et du Comté, ce qui lui permet d’intervenir en tant qu’urbaniste à l’échelle d’un quartier de la ville. Enfin, recherchant la protection de la noblesse (il intervient à partir des années 1770 sur plusieurs châteaux, dont le château de Montribloud), Morand cherche également à l’obtenir pour lui-même via la reconnaissance de ses travaux, d’où de longues démarches, pour obtenir le cordon de l’ordre de Saint-Michel, récompensant les artistes méritants.

En 1794, lors du siège de Lyon par les troupes de la Convention, désireux de préserver la structure du pont qu'il avait lui-même construit et que sa Compagnie exploitait, il choisit d'en démonter une partie plutôt que de laisser les Royalistes le détruire purement et simplement pour empêcher l’entrée des troupes. Jugé par une commission révolutionnaire, Morand nia toutes convictions royalistes, vanta son désintéressement et son attachement au bien public, mais fut néanmoins condamné et décapité.

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