Jean-Denis Lanjuinais - Définition

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Introduction

Lanjuinais en 1790

Jean Denis Lanjuinais, né le 12 mars 1753 à Rennes et mort le 13 janvier 1827 à Paris, était un juriste et homme politique français de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle, qui fut député pour la sénéchaussée de Rennes aux États généraux de 1789, puis député d'Ille-et-Vilaine à la Convention nationale.

Biographie

L'avocat breton

Jean-Denis Lanjuinais est le fils de Joseph Anne Michel Lanjuinais, avocat au Parlement de Bretagne et de Hélène Marguerite de Capdeville (fille de Pierre-Denys de Capdeville, écuyer, écrivain principal des vaisseaux du roi à Port-Louis.)

Lanjuinais effectue de brillantes études de droit à la faculté de droit de Rennes. Il devient grâce à une dispense d'âge avocat en 1771, puis professeur de droit canonique à Rennes en 1775.

Il est élu aux États de Bretagne en 1779, où il prend violemment à partie les ordres privilégiés et se fait le défenseur du tiers état. En 1788, il publie notamment Réflexions patriotiques, une critique acerbe de la noblesse.

Le constituant

En 1789, Lanjuinais est désigné comme rédacteur des cahiers de doléances du tiers état de la sénéchaussée de Rennes, dans lesquels il demande notamment l'abolition des droits féodaux et de la noblesse en tant qu'ordre.

Il est élu aux États généraux et devient, avec Le Chapelier, un des principaux fondateurs du Club Breton, ancêtre du Club des Jacobins. Orateur prolixe, Lanjuinais se montre un ferme opposant aux privilèges. Il s'oppose notamment aux protestations de la noblesse bretonne.

Membre du Comité ecclésiastique, il s'oppose à la confiscation des biens du clergé et à la suppression de la dîme. Il est l'un des principaux rédacteurs de la Constitution civile du clergé. Dans cet exercice, il manifeste un certain gallicanisme dans ses travaux, souhaitant voire l'Église de France soumise au pouvoir civil, ainsi qu'une vive hostilité vis à vis du Haut clergé et des prêtres réfractaires. Il propose également de confier la tenue de l'état civil à la municipalité.

En 1790, le talentueux et particulièrement acerbe journaliste contre-révolutionnaire Antoine de Rivarol écrit à propos de Jean-Denis Lanjuinais : « Lanjuinais, patriote, avocat et Breton : trois titres pour parler beaucoup, et même pour se faire écouter. M. Lanjuinais n’a jamais eu de ces mouvements d’éloquence qui émeuvent l’auditoire, mais il a eu souvent de ces emportements qui lui plaisent. Il aurait même poussé quelquefois la chaleur jusqu’à l’injure, si on eût pu distinguer ce qu’il pensait à travers ce qu’il disait : mais l’obscurité adoucit les traits les plus amers, et on fait tout entendre avec son secours ».

En 1791, il se rallie aux Feuillants mais ne semble pas avoir totalement coupé les ponts avec les Jacobins.

Pendant la Législative, il séjourne à Rennes où il retrouve son poste de professeur de droit tout en devenant membre de la Haute Cour nationale. Il publie en 1792 une Introduction conforme à la doctrine de l'Église catholique, apostolique et romaine.

Le conventionnel

La lutte contre les Montagnards

Élu en 1792 premier député d'Ille-et-Vilaine à la Convention nationale, Lanjuinais y siège dans le camp des Girondins tout en partageant certaines vues de la Plaine.

Il s'attaque d'emblée aux Montagnards. Dès son retour à Paris, il proteste ainsi aux Jacobins contre la prestation de serment de haine aux rois et à la royauté.

Bien que justifiant les massacres de septembre, il demande dès le 14 septembre avec Kersaint des poursuites contre leurs auteurs. Il repousse également la proposition de Tallien de renouveler les corps administratifs et judiciaires et demande la création une garde départementale pour la Convention

Il se joint aux attaques de Louvet contre Robespierre. Lors du procès de Louis XVI, il demande le report du décret qui ordonne que Louis XVI sera jugé par la Convention. Nous ne pouvons être à la fois dans la même affaire et législateurs et accusateurs et juges, proclame-t-il. Il vote donc, sans être juge, précise-t-il, pour la culpabilité de Louis XVI, pour la ratification du jugement du peuple, pour la réclusion jusqu'à la paix et le bannissement ensuite, sous peine de mort, au cas où Louis rentrerait en France et pour le sursis. À cette occasion il harangue les députés de la Convention « Je ne vois que des ennemis déclarés du roi, tout à la fois accusateurs, témoins, jurés et juges, pour des crimes que vous avez commis vous-mêmes ». Au cours du vote, il s'oppose à nouveau à la Montagne en réclamant que la condamnation ne soit prononcée que par les trois quarts des suffrages.

Lanjuinais s'oppose ensuite à la création du Tribunal révolutionnaire, et, le 13 avril 1793, il vote pour la mise en accusation de Marat, tout en dénonçant l'existence d'un comité d'insurrection. Il demande aussi le rapport du décret qui a cassé la Commission des Douze dont il prend la défense, principalement dans sa lutte contre Hébert. Le 24 mai, afin de contrer l'influence de la Commune de Paris, il demande la création dans la capitale d'une municipalité pour chaque 50 000 habitants.

Dénoncé par les sections de Paris, il défend l'ex-ministre Roland et refuse toute démission ou suspension. Le 2 juin 1793, la Convention est envahie par les hommes du comité insurrectionnel. Dans le tumulte, Lanjuinais parvient à monter à la tribune et s'en prend à la Montagne et à la Commune, qu'il accuse d'aspirer à la tyrannie: "Non, Paris est pur, Paris est bon, Paris est opprimé par des tyrans qui veulent du sang et de la domination." Attaqué par de nombreux députés, il ne peut conserver la parole et est finalement décrété d'arrestation avec les autres chefs de la Gironde.

Il parvient à s'évader et se réfugie en Normandie puis à Rennes où il se cache pendant dix-huit mois, vivant dans un simple grenier. Il fait toutefois publier le Dernier crime de Lanjuinais, dans lequel il attaque la Constitution de l'an I. Le 28 juillet 1793, il est déclaré traître à la patrie par la Convention nationale.

Le thermidorien

Libéré par le 9 Thermidor, Lanjuinais ne réintègre la Convention que le 18 ventôse an III (8 mars 1795).

Pendant la Convention thermidorienne, Lanjuinais est l'un des anti-jacobins les plus virulents. Après avoir participé à une mission de pacification en Vendée, il se met à défendre les parents d'émigrés, les prêtres déportés et la liberté de culte. Il demande aussi la plus grande sévérité envers les auteurs de l'Insurrection de prairial. Il est alors accusé de royalisme par Tallien mais est défendu par Sieyès et Louvet. Il parvient à se faire élire président de la Convention en juin 1795.

Républicain modéré et libéral, Lanjuinais est aussi l'un des rédacteurs de la Constitution de l'an III qui répond à une partie de ses vues. Enfin, il s'oppose au 13 vendémiaire.

Sous le Directoire

Après la fin de la session conventionnelle, Lanjuinais est réélu au Conseil des Anciens par 73 départements et opte pour l'Ille-et-Vilaine. Malgré son prestige, il ne parvient pas à se faire élire Directeur. Membre du Club de Clichy mais combattu par les royalistes, il ne fut pas réélu en 1797 et devint professeur de législation à l'école centrale de Rennes. Toujours en 1797, il proteste contre le Coup d'État du 18 fructidor.

Sous Napoléon Bonaparte

Lanjuinais approuve le 18 Brumaire, ce qui lui permet de devenir membre du Sénat conservateur. Il y affiche constamment des idées libérales, s'opposant au Consulat à vie et à l'Empire. Il combat aussi les proscriptions décidées après l'attentat de la rue Saint-Nicaise. Il devient néanmoins commandeur de l'ordre de la Légion d'honneur en 1804 puis comte d'Empire en 1808.

Avec Target, Portalis et Malleville, il fonde une école libre de droit connu sous le nom d'Académie de législation. En 1808, il est élu à l'Académie des Inscriptions et des Belles Lettres.

La Première Restauration

En mars 1814 Lanjuinais vote la déchéance de Napoléon et l'établissement d'un gouvernement provisoire.

Il se rallie à Louis XVIII et devient membre de la chambre des pairs, le 4 juin 1814. Il est malgré tout déçu par les excès de la Première Restauration, combattant notamment la loi de censure du 27 octobre 1814, ainsi que la proposition du maréchal Mcdonald relative à l'indemnisation des émigrés.

Les Cent-Jours et l'opposition à Napoléon

En mars 1815, Lanjuinais se retire à la campagne et n'offre qu'un timide soutien au retour au pouvoir de Napoléon Ier.

Rayé de la liste des Pairs, il est malgré tout élu député par le département de la Seine à la Chambre des représentants, par 75 voix sur 113 votants. Il y siège parmi les libéraux hostiles au régime autoritaire de l'empereur. Le 4 juin 1815, il est élu président de cette assemblée avec 189 voix contre 49 pour Merlin de Douai, candidat bonapartiste. Malgré bien des réticences, Napoléon accepte de valider l'élection.

À la présidence, son rôle est assez passif jusqu'à la défaite de Waterloo. Avec Fouché et La Fayette, il prend la tête du mouvement prônant l'abdication de l'empereur. Le 21 juin, lors d'un comité spécial réuni aux Tuileries, il soutient une proposition en ce sens.

Après l'occupation des locaux de la Chambre par les Alliés, il réunit à son domicile 80 représentants avec lesquels il signe un procès-verbal condamnant la violence qui leur est faite.

Le 13 juillet, Louis XVIII dissout la Chambre, ce qui met fin au mandat de Lanjuinais.

La Seconde Restauration

Il reprend alors sa place à la Chambre des pairs et est nommé président du collège électoral de Rennes pour les élections de la nouvelle Chambre des députés.

Lanjuinais se range dans le camp des royalistes constitutionnels, combattant avec ténacité les ultra-royalistes. Le 26 octobre 1815, il prononce ainsi un fameux discours contre la proposition de loi visant à suspendre les libertés individuelles. L'impression de ce discours entraîne une violente campagne des ultras contre sa personne. Peu après, il s'oppose à la condamnation puis à l'exécution de Ney. En 1816, il tente sans cesse de repousser les menées réactionnaires de la Chambre introuvable, votant contre la suppression des pensions allouées aux prêtres mariés, contre la restitution au clergé des biens non vendus, contre le rétablissement des cours prévôtales et enfin contre la loi d'amnistie.

Après la dissolution de la Chambre, Lanjuinais soutient le ministère modéré du duc de Richelieu tout en demandant le rappel des proscrits.

En 1820, les ultras reviennent au pouvoir et Lanjuinais redevient un farouche opposant au ministère de Villèle. Il publie à cette époque de nombreux articles sur la politique et la religion, notamment dans la Revue encyclopédique, dont il contribue à la fondation par Jullien de Paris. Il fait ainsi publier en 1819 ses Constitutions de la nation française, puis plusieurs publications dans lesquelles il dénonce l'ultramontanisme.

Jean Denis Lanjuinais meurt d'une rupture d'anévrisme le 13 janvier 1827.

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