La Cité des permutants | |||||
Auteur | Greg Egan | ||||
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Genre | Roman | ||||
Version originale | |||||
Titre original | Permutation City | ||||
Éditeur original | Orion/Millennium | ||||
Langue originale | Anglais australien | ||||
Pays d'origine | Australie | ||||
Lieu de parution original | Londres | ||||
Date de parution originale | 1994 | ||||
ISBN original | 185798174X | ||||
Version française | |||||
Traducteur | Bernard Sigaud | ||||
Lieu de parution | Paris | ||||
Éditeur | Éditions Robert Laffont | ||||
Date de parution | 1996 | ||||
Nombre de pages | 336 | ||||
ISBN | 2-221-08177-3 | ||||
Série | The Subjective Cosmology Cycle | ||||
Chronologie | |||||
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La Cité des permutants (titre original : Permutation City) est un roman de science-fiction de l'auteur australien Greg Egan paru en 1994.
En 2045, les progrès de l'informatique sont tels, qu'il est maintenant possible de sauvegarder entièrement la configuration neuronale du cerveau humain et de la faire évoluer dans un environnement virtuel.
Cette technologie est utilisée par les plus riches pour faire des copies numérisées d'eux-mêmes et devenir immortel.
Seul problème: la survie de leur copie dépend du support informatique. Heureusement Paul Durham, informaticien de génie, découvre qu'il est possible de faire exister un univers virtuel sans support matériel.
La théorie sous-jacente de ce roman est fondée sur le temps subjectif : l'écoulement du temps à l'intérieur du monde virtuel n'a pas besoin d'être le même que celui du monde réel, sauf éventuellement pour communiquer avec lui : dans ce cas, un système d'adaptation de vitesse permet d'accélérer ou ralentir la communication selon son sens, ce qui permet à un individu du monde réel de se faire représenter par un avatar dans le monde virtuel, cet avatar étant appelé simple "visiteur", par opposition aux "résidents", lesquels sont des Copies (des numérisations "réalistes") qui s'exécutent complètement à l'intérieur du monde virtuel, les Copies étant pratiquement prisonnières de leur univers numérique. Comment est-il possible qu'une Copie accède à la conscience à l'intérieur d'un monde virtuel ? L'idée est, d'une part, qu'il n'est pas nécessaire de tout simuler, il n'est nullement besoin de simuler au niveau atomique un corps humain, il suffit que la simulation soit réaliste au seul niveau biochimique : pourquoi aller plus loin si votre corps semble réagir normalement à tout stimuli extérieur, et qui a conscience de chacun de ses atomes le constituant ? Et ça fait moins de calcul à effectuer, mais cela ne suffit pas : pour que la simulation soit suffisamment fluide, il faut prendre le temps de la calculer, quitte à abandonner le temps réel : la simulation pourrait être ralentie, voire arrêtée, que ses habitants ne s'en apercevraient même pas, car ils vivent en leur temps subjectif.
En poussant l'idée encore plus loin, on peut même se demander s'ils ont vraiment besoin d'un ordinateur physique, après tout, s'ils ne sont pas conscient du système sous-jacent à leur réalité, pourquoi ne pas considérer qu'ils existent en tant que tel dans l'absolu : une simple série de valeurs numériques, un peu comme un système d'exploitation virtuel : une simple image destinée à être exécutée sur un ordinateur ou un autre, que l'on peut activer ou désactiver à volonté, en provoquant une sorte de big-bang et de big-crunch du point de vue subjectif. L'existence physique d'une telle image n'est jamais qu'une série de 0 et de 1 sur un disque dur : ce n'est pas cela la réalité, la réalité, c'est plutôt l'ordre "parfait" que constitue l'image bootable (en outre, les nouveaux concepts de cloud computing et de migration de machine virtuelle sans interruption vont dans le même sens d'abstraction du logiciel par rapport au matériel). A partir de cette idée, l'auteur va encore plus loin : pourquoi ne pas simuler entièrement une planète sur un ordinateur virtuel ayant une capacité de calcul et de mémoire suffisante ? Le temps subjectif permet de concevoir un ordinateur de capacité infinie, peu importe s'il doit s'écouler des millénaires en temps réel. Cela résout un problème franchement ardu pour des (Copies de) chercheurs en informatique, un vrai bonheur pour les créatifs : du temps et des ressources à volonté, le paradis numérique quoi ! Du coup, on peut vraiment s'attaquer à la simulation de l'apparition de la vie sur une planète en testant différents scénarios, peut-on vraiment valider la théorie de l'évolution ? Si la réalité est l'ordre et non le support, l'ordre peut-il apparaître spontanément ? En violation flagrante de la loi de l'entropie ? C'est tout l'enjeu évoqué dans ce roman : il faut se donner les moyens de vérifier les hypothèses ! Avec une puissance de calcul illimitée, on pourrait carrément fabriquer une machine virtuelle génétique capable d'exécuter les séquences d'ADN elle-même, de quoi tester des hypothèses encore plus proches de la réalité. Cette modélisation des expériences de vie n'est pas sans rappeler celle des rêves : à un moment donné, un des personnages n'est pas sûr d'être en train de faire l'amour, la simulation n'est pas parfaite ! Le revers de la médaille est le cauchemar-prison : qui n'a jamais désespéré de se réveiller d'un cauchemar qui n'en fini pas ? Pour cette raison, la déclaration universelle des droits des Copies inclut le droit de "sauter en marche" : le droit au suicide virtuel, afin d'échapper à l'enfer de la boucle infinie, prison la conscience.
Les idées contenues dans ce roman sont nombreuses et complexes, les idées principales sont claires et expliquées en détail à plusieurs reprises, et sont vertigineuses dans leur implication philosophique, une œuvre remarquable.