Marthe Richard, née Betenfeld le 15 août 1889 à Blâmont (Meurthe-et-Moselle) et morte le 9 février 1982, fut une prostituée, aviatrice et femme politique française. La loi de fermeture des maisons closes en France en 1946 porte communément son nom.
À Nancy, Marthe Richard devient apprentie cullotière, à quatorze ans, puis elle on la retrouve inscrite en 1905, soit deux ans plus tard, comme prostituée. Elle rencontre en 1907, et épouse Henri Richer, riche industriel, mandataire aux Halles.
En 1914, elle participe à la fondation de l'Union Patriotique des Aviatrices Françaises dans le but de devenir pilote militaire ; c'est un échec.
En 1916 elle se retrouve veuve de guerre. Elle devient, grâce à son amant (jeune anarchiste russe appartenant au Deuxième Bureau), espionne sous les ordres du capitaine Ladoux. Pour approcher l'attaché naval allemand à Madrid, Von Krohn, elle en devient sa maîtresse. En rentrant en France, elle découvre que son nom est rayé du service et le capitaine Ladoux emprisonné.
En 1926, elle épouse le Britannique Thomas Crompton, directeur financier de la fondation Rockefeller, mécène de la restauration du Petit Trianon, qui meurt subitement en 1928 à Genève. Elle mène alors grand train à Bougival.
En 1930, le capitaine Ladoux, libéré et rétabli au poste de commandant, publie ses Mémoires romancées. Le volume sur Richer intitulé « Marthe Richard espionne au service de la France » ne fut, lui, qu'invention. Celle-ci, réclamant la moitié des énormes droits d'auteur amassés, reçoit le conseil d'écrire ses propres mémoires... affabulées. Elle publie, sous le pseudonyme de Richard donc, un best-seller : Ma vie d'espionne au service de la France (adapté au cinéma en 1937) et devient brusquement une héroïne. Sous la pression médiatique, son amant Édouard Herriot, chef du gouvernement de l'époque, obtient le 17 janvier 1933 la légion d'honneur à Mme veuve Crompton dans la catégorie Affaires étrangères.
Marthe Richer obtient son brevet de pilote le 7 juin 1913 (n°1369). Elle a, auparavant, fait un peu d'aérostation, et est membre de la Stella, un aéroclub féminin créé en 1908 par l'aéronaute de l'Aéronautique Club de France Marie Surcouf qui regroupe les premières aéronautes sportives puis les premières aviatrices. Par la suite, elle participe à des meetings aériens dont celui de Nantes, de Château-Gontier et de Pornic. Elle se blesse grièvement le 31 août 1913 à La Roche-Bernard en atterrissant sur un terrain non approprié. Elle passe trois semaines dans le coma et en gardera des séquelles à vie.
Elle reprend son entrainement le 5 février 1914 sur son tout nouveau Caudron G.3 pour participer au meeting de Zurich.
Elle donne à penser à la presse de l'époque qu'elle a volé depuis Le Crotoy, en baie de Somme, jusqu'à Zurich avec son avion. En fait, elle accompagne un certain « Poulet » et ils n'atteignent que la Bourgogne d'où, démontant leur avion, ils le convoient par train jusqu'à la campagne zurichoise d'où ils décollent.
En 1945, héroïne des deux guerres, elle est élue conseillère dans le 4e arrondissement de Paris sur la liste de la Résistance Unifiée (proche du MRP). Bien que mentionnés sur des documents officiels, ses hauts faits de résistance ont aussi rencontré beaucoup de scepticisme avec trop de contradictions troublantes.
Alors que pendant la Seconde Guerre mondiale, tout le monde admire son courage, elle n' est pas inquiétée par l'occupant nazi, pour la simple et bonne raison qu'elle est inconnue des services allemands. Vexée par cette indifférence, elle finit par se rendre dans les locaux de la Gestapo où elle déclare : « Messieurs, je suis Marthe Richard, celle qui vous a fait tant de mal au cours de la dernière guerre ». L'officier lui fait répéter son nom, qui ne lui dit rien, et pour cause, sa vie d'« espionne » durant la Première guerre n'est que pure affabulation. Elle se rapprocha d'ailleurs de certains membres de la Gestapo, ainsi que de François Spirito, un mafieux marseillais et collaborateur.