Le Petit Trianon est un château construit dans le parc du château de Versailles sous Louis XV, à proximité de l'ancien village de Trianon et du Grand Trianon.
C'est sous l'impulsion de sa favorite, Madame de Pompadour, que le Roi Louis XV fit ordonner la construction d'un petit Trianon. Le chantier, confié à Jacques Ange Gabriel, dura 6 ans, de 1762 à 1768. Le lieu choisi pour cette nouvelle construction était l'ancien jardin botanique du Roi créé par Claude Richard. Mais Madame de Pompadour, celle à qui était destiné le château, mourut le 15 avril 1764, n'assistant pas à l'achèvement de son œuvre. C'est avec sa nouvelle favorite, Madame du Barry, que Louis XV inaugura le Petit Trianon.
Louis XV meurt en 1774 et la Comtesse du Barry doit quitter Trianon. Dès son avènement, Louis XVI offre le château à sa femme Marie-Antoinette par cette formule : « Vous aimez les fleurs, Madame, j'ai un bouquet à vous offrir. C'est Trianon ». Marie-Antoinette entreprit de nombreux travaux dans le château et dans le domaine. Suite à la Révolution française, le château tombe dans l'oubli. Il est une première fois restauré sous la Monarchie de Juillet par l'impératrice Marie-Louise, puis une deuxième fois sous le Second Empire par l'Impératrice Eugénie.
Inspiré par l’architecture palladienne et peut-être de dessins de Jean-François Chalgrin, les élévations extérieures, sur les bases d’un plan carré, cachent un aménagement subtil des niveaux intérieurs. Semblant ouvert sur les jardins, l’étage des salons est en fait situé au-dessus d’un rez-de-chaussée qui ouvre sur une petite cour d’honneur, du côté de Versailles. La façade d'entrée sur cette cour comporte des pilastres de style corinthien, comme la façade nord opposée ouvrant sur l'ancien « jardin fleuriste ». La façade ouest, donnant sur le jardin français, est ornée de colonnes, elles aussi corinthiennes. Le dépouillement du décor extérieur symbolise le classicisme repensé de Gabriel.
Breguet (filiale du groupe Swatch) a contribué à la restauration du Petit Trianon à hauteur de cinq millions d'Euros en 2008. Ce mécène en fera le centre de ses événements promotionnels.
Commandé en 1762 à Gabriel, le château ne sera achevé qu'en 1768, soit 4 ans après la mort de Madame de Pompadour. Il sera donc attribué à Madame du Barry jusqu'à la mort de Louis XV. Le style néo-classique du bâtiment est en rupture totale avec le style rocaille du Pavillon français, construit par le même architecte en 1750. Le bâtiment de plan carré, surmonté d'une balustrade, s'élève sur trois étages. Le rez-de-chaussée accessible seulement depuis les côtés sud et est, en raison du dénivelé du terrain, abrite les communs. Au premier étage se trouvent les pièces de réception et l'appartement de la Reine. À l'attique se situe l'appartement du Roi et ceux des invités. Toutes les façades du bâtiment sont différentes, celle de l'ouest vers le jardin français est la façade principale. Par son perron on accède directement à l'étage noble.
La porte centrale de la façade ouvre sur l'escalier d'honneur du château. Celui est orné d'une magnifique rampe en fer forgé. Elle présente une alternance de médaillons: des fleurs de lys et le chiffre de Marie-Antoinette qui a remplacé celui de la Pompadour. Situé en retrait sous les volées de l'escalier, une porte donne accès au réchauffoir couvert d'une remarquable voûte surbaissée.
Par l'escalier d'honneur on accède directement à l'antichambre des pièce de réception. Dans un décor très sobre sont exposés les bustes de Louis XVI et De Joseph II d'Autriche, ainsi que le tableau d'Élisabeth Vigée Le Brun : Marie-Antoinette à la rose. Cette antichambre ouvre sur la grande salle à manger avec son magnifique décor de boiseries sculptées de fruits, une cheminée en marbre bleu turquin et les 4 grands tableaux sur des thèmes naturels (la moisson, la pêche, la chasse et les vendanges). Au centre du parquet les traces d'une trappe, vestige de l'ancien projet de table "volante" qui aurait permis de dresser les tables dans les cuisines et de les faire monter dans la salle à manger. Ainsi l'intimité des convives aurait été préservée des domestiques. Le projet, trop coûteux, fut abandonné.
Deux pièces se trouvent à côté: la Petite Salle à manger transformée en Salle de Billard et le Salon de Compagnie ou Salon de Musique. Cette pièce était la pièce principale où Marie-Antoinette se retrouvait en compagnie de sa "cour" de Trianon. Le chiffre de Louis XV, enlacé de fleurs, montre que les lieux sont voués à la nature.
On passe ensuite dans l'Appartement de la Reine. Les fenêtres de la chambre donnent sur le Temple de l'Amour. Le lit en place n'est pas celui utilisé par la Reine, mais le mobilier est celui qu'elle avait commandé à Jacob, qui créa pour l'occasion un mobilier à décor naturel, dit aux épis.
Dans le boudoir, re-décoré en 1787 par les frères Rousseaux, un astucieux système de glaces mouvantes, réalisé par Mercklein et Courbin, permettait à la Reine de se reposer à l'abri des regards extérieurs. La dernière pièce de son appartement est le cabinet de toilette.
L'entresol des appartements de la Reine - restauré en 2008 - abrite la Bibliothèque de Marie-Antoinette, ainsi que la chambre de sa Dame d'Honneur. Il se situe juste au-dessus du boudoir et de la chambre de la Reine. On y accède par le petit escalier qui mène aux appartements d'attique.
L'étage d'attique abritait initialement l'appartement de Louis XV, celui-ci étant relié au reste du château par un escalier qui se situait à l'emplacement du boudoir de Marie-Antoinette. L'appartement de Louis XV fut remplacé à la demande de la Reine par un appartement réservé à son mari et relié au premier étage par un modeste escalier. Celui-ci dessert une série de trois pièces. Une antichambre, la Chambre de Louis XVI - restaurée en 1985, est tendue de damas rouge cramoisi et parée d'un lit à la "polonaise" - et un cabinet de travail donnant sur le belvédère. Les autres pièces de cette étages, qui sous Marie-Antoinette abritait des appartements destinés à sa famille et à ses invités, ont été rouvertes suite aux restaurations entreprises en 2008 et sont maintenant dévolues aux autres occupants du Château avant et après la chute de l'Ancien Régime. Ainsi sont présentées des pièces évoquant Madame Royale et Madame Élisabeth, mais aussi les Impératrices Joséphine et Marie-Louise ou également la Duchesse d'Orléans.
Dès 1749, Louis XV souhaite créer un nouveau lieu de plaisir à Trianon. Dans cette perspective, il fait édifier, longeant au nord le Jardin Français actuel, une "nouvelle ménagerie", qui abrite des animaux de basse-cour; une laiterie pour les chèvres et fait restaurer les glacières de Louis XIV. Un célèbre jardin botanique est confié à Claude Richard, qui l'enrichit considérablement.
Pour agrémenter l'entourage de la ménagerie, Gabriel entreprend, vers 1750, la création d'un petit jardin à la française au sud de celle-ci. Les deux perspectives (Est-Ouest et Nord-Sud) sont décorées de 4 bassins ornés de statues d'enfants représentant les quatre saisons. Il fait aussi construire deux nouveaux bâtiments: le Pavillon français, pour les jeux et les collations, et le Salon frais, dont l'unique pièce servait de salle à manger d'été. Ce dernier fut démoli par Napoléon Ier et reconstruit sommairement en 1984.
Achevé en 1750, le Pavillon français se compose d'un salon central octogonal et de quatre cabinets (une cuisine, un réchauffoir, un boudoir et une garde-robe). La frise du salon central décorée d'animaux de basse-cour rappelle la ménagerie voisine.
Ce fut la dernière réalisation de Gabriel pour Louis XV à Trianon. Elle fut achevée en 1773, soit un an avant la mort du Roi. Elle se situe au Sud du jardin français entre les bâtiments des communs et la cour du Petit Trianon. Elle est surmontée par un clocheton orné d'une horloge et de la croix du rédempteur. Le décor intérieur de style néo-classique est d'une extrême sobriété. La toile de l'autel, du peintre Joseph-Marie Vien, se détache sur les boiseries blanches. La tribune royale supportée par 4 colonnes doriques est directement accessible depuis le perron.
Déjà sous Louis XV le théâtre occupait une place prépondérante dans les divertissements de Trianon. Marie-Antoinette, lorsqu'elle reçoit le domaine, doit se contenter pour ses spectacles de scènes provisoires montées d'abord dans la galerie du Grand Trianon puis dans l'orangerie du Petit Trianon. En 1778, elle charge Richard Mique de lui édifier un théâtre. Après deux années de travaux, la salle fut inaugurée le 1er juin 1780. Une galerie en treillage, recouverte de toiles pour protéger les passants lorsque le soleil était trop ardent, relie le Petit Trianon et le Théâtre. Le décor extérieur est empreint d'austérité. Seul le fronton, représentant le Génie d'Apollon, et les deux colonnes ioniques égaient un peu la façade. L'austérité du vestibule contraste avec le décor de la salle. De taille relativement réduite, son décor bleu et or est factice. Les stucs, les boiseries et les rideaux sont en carton pâte, peint et doré ; les marbres sont en réalité de "faux marbres" dessinés et les soieries sont réalisées à l'économie. La scène, cependant, plus vaste que la salle, disposait d'une machinerie sophistiquée pour les changements de décor. Au plafond, une copie installée en 1968 remplace la toile de Jean-Jacques Lagrenée, Apollon au milieu des Grâces et des Muses.
Marie-Antoinette souhaite un jardin dans le nouveau style « anglo-chinois » à la place du Jardin botanique du roi Louis XV pour le domaine dont elle prend possession en 1774. Elle demande un projet à Antoine Richard, fils de Claude et jardinier titulaire de Trianon. Compliqué, peu élégant, ce premier projet ne sera pas retenu. Entre 1776 et 1783, Caraman puis Richard Mique dessinent un jardin à l'anglaise, dans lequel ils dispersent des fabriques à caractère sauvage. Ils installent ainsi un lac, une petite montagne, des rochers et une grotte tapissée de fausses verdures pour le repos de Marie-Antoinette. Le très savant jardin botanique de Claude Richard est alors détruit, mais nombre de pièces sont sauvées par son fils Antoine, qui les confie au Jardin des Plantes de Paris.
Ce petit pavillon de forme octogonale, surmonté d'un dôme caché par une balustrade, se dresse sur une butte à côté du lac. Il a été édifié de 1778 à 1781. Ce pavillon de musique fait partie de la série des fabriques construites par l'architecte Richard Mique. Octogonal à l'extérieur, il est rond à l'intérieur. Il s'ouvre par 4 portes auxquelles on accède par 4 escaliers gardés par des paires de sphinges. Les frontons surmontant les portes, ornés des attributs de la chasse et du jardinage, alternent avec les bas-relief surplombant les fenêtres représentant les 4 saisons. Toute cette décoration sculptée est l'œuvre de Joseph Deschamps. À l'intérieur, le décor peint fait penser à un pavillon de treillage. Le sol est quant à lui pavé de marbre, décoré d'arabesques peintes.
Terminée en 1778, cette fabrique de style classique fut érigée sur un îlot de la rivière artificielle à l'est du jardin anglais. La tholos, placée sur une plate-forme surélevée de 7 marches, comprend 12 colonnes corinthiennes qui supportent un dôme décoré de caissons. A l'origine, l'édifice devait abriter une statue d'Edmé Bouchardon, l'Amour se taillant un arc dans la massue d'Hercule. La sculpture au centre du temple est en fait une copie faite par Louis-Philippe Mouchy, autre sculpteur du XVIIIe siècle. L'original est aujourd'hui conservé au musée du Louvre.
Pour satisfaire son goût du rustique, Marie-Antoinette désirait faire construire, comme pour le Prince de Condé à Chantilly en 1775, un petit hameau. En 1783, Mique conçoit les plan d'un petit village idyllique.
Autour d'un étang artificiel, il va faire ériger 11 chaumières agrémentées de potagers, de vergers, d'une ferme pour produire du lait et des œufs pour la reine et de petits jardins clos ainsi qu'un phare et un moulin. La plus importante de ces maisons est la Maison de la Reine au centre du hameau.
Le Petit Trianon et ses jardins ont été talentueusement représentés par le peintre et dessinateur Claude-Louis Châtelet, à la demande de la reine dont il était l'un des artistes favoris.