Diacétylmorphine | |
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Général | |
Nom IUPAC | |
No CAS | |
No EINECS | |
Code ATC | N02 |
SMILES | |
InChI | |
Apparence | poudre blanche (sel acide) poudre marron (sel basique) |
Propriétés chimiques | |
Formule brute | C21H23NO5 |
Masse molaire | 369,411 ± 0,0201 g·mol-1 |
Données pharmacocinétiques | |
Métabolisme | Désacéthylation rapide en 6-monoacéthylmorphine |
Demi-vie de distrib. | 3 minutes |
Considérations thérapeutiques | |
Voie d’administration | IV, respiratoire, orale |
Caractère psychotrope | |
Catégorie | Dépresseur |
Mode de consommation |
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Autres dénominations |
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Risque de dépendance | très élevé |
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L’héroïne ou diacétylmorphine, également appelée diamorphine, est un opioïde obtenu par acétylation de la morphine, le principal alcaloïde issu du pavot à opium.
Elle est utilisée à des fins médicales, ainsi qu’illégalement comme substance psychoactive. La prise chronique d’héroïne entraîne une tolérance, une forte dépendance physique et une forte dépendance psychique.
L'héroïne est une substance contrôlée au niveau international. Elle figure sur le tableau I et IV de la Convention unique sur les stupéfiants.
Elle est synthétisée pour la première fois à partir de la morphine en 1874 par C. R. Alder Wright travaillant au St Mary's Hospital de Londres, mais son potentiel n'est pas reconnu. Elle est de nouveau synthétisée en 1898 par Heinrich Dreser, un chimiste allemand de l'entreprise pharmaceutique Bayer qui l’exploitera comme médicament pour différentes affections respiratoires dont la tuberculose. On lui donna le nom d’héroïne, du terme allemand heroisch (« héroïque ») parce qu’on pensait qu’elle permettrait de soigner l’addiction à la morphine sans induire d’accoutumance, très répandue à l’époque notamment chez les soldats de la guerre de Sécession ou de la guerre de 1870. Ironie du sort, car la morphine elle-même avait été préconisée comme substitut à l'opium. On n’a donc pas prévu que l’héroïne allait devenir l’un des fléaux du XXe siècle. En effet, elle était vendue librement en pharmacie comme pilule antitussive, contre l’asthme, la diarrhée et même comme somnifère pour enfants. À cette époque, on n’avait pas pris conscience du danger de certains stupéfiants, la plupart des substances connues (opiacés, cocaïne, etc.) étaient alors en vente libre en pharmacie dans la plupart des pays.
L’héroïne devient vite un problème de santé publique et dès 1918, la Société des Nations s’engage dans une campagne contre l’héroïne avançant qu’un produit aussi dangereux doit être supprimé par une action internationale. En 1920, c’est le corps médical américain lui-même qui en demande la prohibition. En 1923, un premier texte international réglemente l’usage d’héroïne même si dès 1925 un sociologue américain Lawrence Kolb souligne que l’héroïne n’est pas criminogène en elle-même mais est consommée majoritairement par des populations appartenant à ces milieux.
L’Europe attendra 1931 pour reconnaître à son tour que le peu d’intérêt thérapeutique du produit ne compense pas son coût social.
En 1956, son usage médical est totalement interdit aux États-Unis ce qui ouvrira la voie à la Convention unique sur les stupéfiants de 1961.
La Convention unique sur les stupéfiants de 1961 porte principalement sur la coca, l’opium, le cannabis et leurs dérivés. L’héroïne sera progressivement interdite dans la plupart des pays à mesure qu’ils adaptent leur législation propre et classée comme stupéfiant. Elle reste très exceptionnellement utilisée dans certains traitements de substitution, sous surveillance médicale stricte.