L'océan glacial Arctique est identifié comme fertile en hydrocarbures (pétrole et gaz naturel) depuis des décennies ; certains gisements y sont déjà exploités, le plus connu étant l'Alaska. En 2007, seule une étroite bande côtière est exploitée, mais la fonte prochaine de la banquise d'été autorise de nouvelles ambitions. Alors que les opérations d'intimidation ont déjà commencé, il est utile de s'intéresser à l'estimation des volumes d'hydrocarbures récupérables dans cette zone, et d'identifier quels pays vont en bénéficier. La lecture de cet article est donc soumise aux restrictions d'usage concernant les estimations et la géopolitique.
Centré sur le pôle Nord, l'océan Arctique couvre une surface de 14 Mm² ; il est situé pour l'essentiel au nord du cercle arctique. La zone la plus proche de l'Europe est la mer de Barents : une superficie d'environ 1,4Mkm², grossièrement carrée, entre le nord de l'Europe (au sud), les îles Svalbard et François-Joseph (au nord), et la grande île de Nouvelle-Zemble à l'est, elle a déjà montré son potentiel, particulièrement en gaz (Snohvit, Shtokman). Une partie de cette zone fait l'objet d'un litige frontalier entre la Russie et la Norvège ; son règlement est en cours en 2007, mais a été interrompu par la démission du premier ministre russe.
Plus à l'est, on trouve la mer de Kara, qui à l'est de la Nouvelle-Zemble, offre aux Russes un potentiel considérable et déjà en exploitation.
Toujours vers l'est, la mer de Laptev et la mer de Sibérie orientale, au nord de la Sibérie, toujours sous contrôle russe.
Au nord du détroit de Béring, la mer des Tchouktches est partagée entre la Russie et les États-Unis.
La mer de Beaufort, au nord de l'Alaska, qui relève de la souveraineté étatsunienne, est la zone la plus anciennement exploitée ; les îles du Nunavut le sont également.
Les rivages du Groenland (sous souveraineté danoise) et la mer de Baffin font partie des inconnues. L'océan Arctique s'ouvre vers l'océan Atlantique par le détroit de Fram.
Signalons également quelques îlots tels que Jan Mayen et l’île aux Ours qui rendent la géopolitique de cette région (encore) un peu plus compliquée.
Ce tour de la région laisse un dernier territoire sans responsable identifié : la proximité du pôle, avec les bassins de Makarov, Amundsen et Nansen ; cette zone, caractérisée par sa position centrale et sa grande profondeur d'eau, fait déjà l'objet de revendications de la part de la Russie, du Canada et de la Norvège. La Russie appuie sa réclamation sur le droit de la mer et la présence de la Dorsale de Lomonossov ; elle a procédé à une opération médiatique avec les prises de vue d'un sous-marin Mir déposant un fanion à la verticale du pôle. La Norvège exerce la même réclamation pour des raisons analogues.
Cette région du monde présente un intérêt stratégique de longue date : passage du Nord-Ouest, passage du Nord-Est permettront d'économiser du temps, du carburant, et les péages des canaux de Panama et de Suez, tout en autorisant le dépassement des calibres Panamax et Suezmax ; elle servait de rempart naturel entre la Russie et les Etats-Unis, tout en autorisant de discrètes intrusions ; elle fournissait à la Russie un accès trop isolé aux océans. Avec la fonte annoncée de la banquise d'été, l'ensemble de ces éléments va se trouver transformé. L'Arctique va devenir un lieu de passage commercial considérable, perturbant les implantations militaires, qui elles-mêmes gênent les exploitations industrielles ; celles-ci risquent enfin de perturber les fragiles et indispensables écosystèmes, déjà endommagés par le réchauffement climatique. L'avenir de l'Arctique ne se résout pas à ses seuls hydrocarbures.