Soit C un convexe et c un point de C. On dit que c est un point exposé de C lorsqu'il existe un hyperplan d'appui H de C vérifiant :
L'énoncé suivant est quasi-évident, mais sa réciproque est fausse, dès la dimension 2 :
Proposition — Tout point exposé est extrémal.
En effet si c est exposé de C, on peut écrire
On dispose toutefois, à défaut de réciproque, de l'information suivante (c'est un théorème dû à S. Straszewicz et remontant à 1935) :
Théorème — Dans un convexe fermé en dimension finie, tout point extrémal est limite de points exposés.
Les trois notions dont cet article a fait une présentation parallèle coïncident dans le cas particulier important des polyèdres convexes (qu'on définira comme dans l'article Polytope comme étant les intersections d'un nombre fini de demi-espaces dans un espace affine de dimension finie).
Pour ce cas particulier :
Proposition — Dans un polyèdre convexe,
En particulier il y a identité de l'ensemble des sommets et de celui des points extrémaux. Pour un polyèdre convexe compact, le théorème de Minkowski peut donc aussi être énoncé comme assurant qu'il est enveloppe convexe de l'ensemble de ses sommets.
Quelques autres informations relatives à la division en faces d'un polyèdre convexe, qu'on démontre concurremment à la proposition précédente, méritent d'être signalées dans ce rapide survol. Rappelons qu'on appelle facettes d'un convexe de dimension d ses faces de dimension d − 1 :
Proposition — Dans un polyèdre convexe C,
Une conséquence est qu'on obtient toutes les faces propres en considérant les facettes, puis les facettes des facettes, etc... Les faces sont donc en nombre fini, et en particulier les sommets : tout polyèdre convexe compact est donc l'enveloppe convexe d'un nombre fini de points.
On prendra garde de ce que le mot « face » n'a pas ici la signification qu'il a dans l'étude des polyèdres traditionnels dans l'espace de dimension 3, celui des éléments plans les bordant. Ici les « faces » vont pouvoir avoir toutes les dimensions, y compris 0 ou 1. Tant les sommets, les arêtes que les « faces » habituelles d'un cube ou d'un tétraèdre seront des faces au sens des définitions qui suivent.
On va ici commencer par l'extension du concept de « sommets exposés » bien que ce ne soit pas la plus utile, mais parce qu'elle est la plus facile à définir et visualiser : on appelle face exposée d'un convexe C tout ensemble de la forme
La remarque suivante est alors tautologique :
Remarque — Un point c d'un convexe C est exposé si et seulement si {c} est une face exposée de C.
Les faces exposées de C couvrent toute sa frontière puisqu'il passe un hyperplan d'appui au moins en chaque point de celle-ci.
De même que les points exposés sont les faces exposées de dimension zéro, les points extrémaux sont les faces de dimension zéro où « faces » est défini comme suit :
Une partie F d'un convexe C est dite une face de C lorsque F est un convexe non vide ayant la propriété suivante : si un segment ouvert ]x,y[ tracé dans C rencontre F, alors tout le segment fermé [x,y] est inclus dans F.
Les deux énoncés qui suivent sont de vérification quasi-immédiate, le second se vérifiant de la même façon qu'on a vérifié que les points exposés étaient extrémaux :
Proposition — Un point c d'un convexe C est extrémal si et seulement si {c} est une face de C.
Proposition — Les faces exposées sont des faces.
Vu ce deuxième énoncé, les faces de C (autres que C tout entier qui est l'unique face de dimension maximale) couvrent donc toute la frontière de C.
La réciproque n'en est pas vraie (puisqu'il existe des points extrémaux qui ne sont pas exposés, ils donnent aussitôt un exemple de faces qui ne sont pas des faces exposées), avec toutefois une exception pour les faces de codimension 1, qu'on appelle parfois des facettes :
Proposition — Soit C convexe de dimension finie d. Toute face de C de dimension d − 1 est exposée.
Contrairement aux faces exposées, les faces s'organisent d'une manière hiérarchique particulièrement agréable, comme l'expriment les deux énoncés qui suivent :
Proposition — Si F est une face de C et F1 une face de F, alors F1 est une face de C.
Proposition — Si C est un convexe de dimension finie, les intérieurs relatifs des faces de C forment une partition de celui-ci.
Pour la première proposition, soit c extrémal. Considérons un segment ]x,y[ dans C contenant c. Comme
Pour la deuxième proposition, soit F une face exposée et H un hyperplan d'appui avec
Pour le troisième énoncé, soit F une face de dimension d − 1, H l'hyperplan affine enveloppe affine de F et c un point de l'intérieur relatif de F (c'est-à-dire de son intérieur dans H). Notons
Passons à la quatrième proposition. Soit ]x,y[ un segment ouvert dans C rencontrant F1. A fortiori ce segment rencontre F, qui est une face de C, donc ses extrémités sont dans F. Puisque les faces sont convexes par définition, tout le segment [x,y] est dans F. On a alors un segment dans F dont un point de l'intérieur rencontre F1 ; puisque F1 est une face de F ses deux extrémités sont dans F1.
Reste l'énoncé relatif à la partition par les intérieurs relatifs des faces. On va le montrer par récurrence sur la dimension du convexe, l'initialisation étant évidente (cas d'un point). Supposons donc le vrai pour les convexes de dimension strictement inférieure à k et soit C un convexe de dimension k.
En dimension finie, on vient de voir qu'à chaque point de la frontière pouvait être associée une sorte de « dimension », celle de l'unique intérieur relatif de face à laquelle il appartient.
Il y a une deuxième façon de procéder pour associer à chaque point de la frontière d'un convexe de dimension d un entier compris entre 0 et d − 1, apparentée à la définition des « sommets ».
Pour C convexe de dimension finie et c point de la frontière de C. On appelle ordre de c la dimension de l'intersection des hyperplans d'appui à C en c.
Ainsi les sommets sont les points d'ordre nul.
L'exemple très simple d'un disque du plan montre bien que cette notion ne recoupe pas la précédente : sur le cercle qui le borde, tous les points sont extrémaux, donc chaque singleton est à lui seul une face : par la division en faces, on associerait à chaque point l'entier 0. En revanche, il y a une droite d'appui unique en chaque point, et l'ordre est donc partout égal à 1.