Vulnérabilité spécifique des oiseaux, et de certaines espèces au sein des oiseaux
Détail d'une radiographie du tractus digestif d'un cygne trouvé mort dans le nord de la France (Marais audomarois)
Détail d'une radiographie du tractus digestif d'un cygne trouvé mort dans le nord de la France (Marais audomarois)
Les oiseaux sont a priori (et de manière démontrée) plus vulnérables au plomb que les autres espèces animales, en raison du fait qu'ils n'ont pas de dents, et qu'ils recherchent de petits gravier grossiers (grit) qu'ils avalent afin de broyer leurs aliments dans le gésier. Presque toutes les espèces d'oiseaux (hormis grands oiseaux marins tels que les albatros) sont plus ou moins prédisposés et sensibles au saturnisme, car :
les oiseaux recherchent un gritt d'un diamètre proche de celui des grenailles de plomb ou de pêche. Il est - de plus - possible qu'existe une appétence particulière de certains oiseaux pour le plomb oxydé (qui a un goûtsucré). Elle est difficile à évaluer et n'est pas à ce jour vérifiée, mais on connait bien chez l'Homme le phénomène de « pica »; comportement consistant chez l'enfant à persister à porter à la bouche des écailles de peintures au plomb, comportement souvent associé au saturnisme de l'enfant, et plus rare chez l'adulte (on parle alors de « pica-like »). Des animaux (vaches en étable par exemple) peuvent aussi s'intoxiquer gravement, voire mortellement en léchant des peinture à la céruse de plomb, probablement en raison de son goût sucré. Ceci pourrait expliquer le fait qu'on ait pu trouver jusqu'à plusieurs centaines de billes de plomb dans le gésier de certains cygnes morts de saturnisme. Lors d'une expérience visant à produire des granulés de pesticides non-appétents pour les oiseaux, on a remarqué que le moineau domestique et le colin de Virginie peuvent avoir des préférences individuelles en terme de forme, taille, mais aussi de couleur. De manière générale, pour ces deux espèces, les petits cailloux jaunes, verts ou blancs étaient préférés. Or, en s'oxydant, la grenaille de plomb blanchit. D'autres espèces les absorbent dans la vase, sans les voir. C'est a priori le goût ou leur absence d'arêtes, ou une texture de surface qui pourrait alors avoir de l'importance.
Aux époques où on les chasse, les oiseaux se nourrissent le plus sur les zones qui sont également celles où l'on cherche le plus à les chasser, et qui donc - hors parcs nationaux et réserves naturelles très anciennes et non chassées - sont aussi les lieux où les plus grands tonnages de plomb ont été dispersés par les tirs (millions de billes par ha en Camargue par ex).
la teneur en plomb (dont plomb de chasse) de leur environnement (eau, air, sol, sur tout leur trajet de migration dans le cas des oiseaux migrateurs) ;
leur mode et lieu d'alimentation (dans le sol, les sédiments, et selon le profondeur (les avocette et de nombreux échassiers peuvent trouver des plombs en profondeur et les ingérer) ;
la nature de leurs aliments et du grit ingérés (les aliments durs contribuent à plus rapidement éroder les plombs, et certains aliments riches en fer, zinc et calcium, ou fixant naturellement le plomb, ou le chélatant pourraient peut être diminuer la gravité, la durée ou les conséquences d'une intoxication). Inversement, une éventuelle carence en certains nutriments et oligo-éléments (calciumn fer et zinc...) aggraverait l'absorption de plomb par l'organisme et ses symptômes. À titre d'exemple:
Une bille de plomb (calibre "7,5" / standard américain, soit une bille de 2.41mm de diamètre, couramment utilisé pour la chasse de gibier terrestres), neuve pour certaines, déjà oxydée pour d'autres) a été introduite dans l'alimentation de passereaux de l'espèce(Molothrus ater). Nourris avec des aliments du commerce et une bille de plomb, aucun n'est mort, ni n'a montré de signes d'intoxication saturnine aiguë. Mais nourris avec une nourriture plus naturelle, 30 % sont morts en 24 h. Les plombs ne sont pas restés longtemps dans le gésier ; parmi les survivants, tous sauf un ont excrété le grain de plomb dans les 24 h suivant l'administration. Les plombs excrêtés ou récupérés à l'autopsie étaient significativement (P <0,05) plus érodés quand ils étaient déjà altérés au moment de l'ingestion. L'érosion la plus forte a été observées sur les plombs récupérés dans les oiseaux morts (2,2 à 9,7%). La plombémie de plomb des oiseaux ayant ingéré un plomb neuf ne différait pas significativement (P = 0,14) de celles des oiseaux ayant ingéré un plomb déjà dégradé. Le taux de plomb du foie des oiseaux morts variait du simple au double (de 71 à 137 ppm), poids sec. Cette expérimentation a montré que bien que les plombs n'aient été retenus que quelques heures, ils peuvent menacer la survie de petits oiseaux chanteurs.
l'âge et la durée d'exposition(une bécasse (qui vit jusqu'à 20 ans) bioaccumulera plus de plomb qu'un petit passereau vivant 2 ans).