Saturnisme animal - Définition

Source: Wikipédia sous licence CC-BY-SA 3.0.
La liste des auteurs de cet article est disponible ici.

Facteurs de risque

Concernant la grenaille de plomb : Pour chaque espèce d'oiseau (et selon son âge), plusieurs co-facteurs influent sur le risque d'ingestion de grenaille de plomb, dont :

  • densité de grenaille dans et sir les sol et sédiments ; On admet généralement que pour un oiseau tué, 6 cartouches ont été tirées, soit environ 1400 billes de plomb ( ½ lb) dispersées dans l'environnent par oiseau tiré ;
  • densité de plombs de pêche perdus dans l'environnment (Rien qu'aux Etats-Unis, environ 480 millions de plombs (dont 98% sont fabriqués aux Etats-Unis) sont vendus chaque année ; environ 3.000 t/an de plomb sont ainsi dispersées et introduites dans l'environnement par la pêche sur les cours d'eau nord-américains (USA + canada).) ;
  • diamètre des grenailles ou plombs de pêche;
  • mode et profondeur d'alimentation de l'espèce concernée ;
  • fermeté des sédiments et du sol ;
  • pH (du sol, des sédiments, de l'eau...) ;
  • profondeur de l'eau ;
  • Présence de glace sur l'eau, sol gelé, pergélisol ;
  • saison ;
  • âge et taille de l'oiseau (une seule bille ingérée peut tuer un petit oiseau ou jeune oiseau. 4 lots de 25 tourterelles forcées respectivement d'ingérer 0, 1, 2 ou 4 billes de plomb (n°8) ont présenté une mortalité respectivement de 0, 24, 60 et 52% du lot (dans la nature le taux de mortalité peut être plus élevé). Sur 50 femelles en élevage, les 25 ayant ingéré un plomb n°8 ont pondu normalement (longueur, largeur et poids des oeufs), mais avec un moindre taux d'éclosion.
  • disponibilité de sources alternatives de grit ;
  • disponibilité de sources alternative de nourriture quand il s'agir de proies ou cadavres contaminés).
  • maladies, épidémies. Un animal malade sera plus sensible au saturnisme, et un animal atteint de saturnisme est supposé plus sensibles aux infections ou à des collisions susceptibles de le blesser et l'affaiblir.

Typologie des saturnismes aviaires

On peut distinguer plusieurs catégories de saturnisme aviaire, selon la source de plomb (directe ou indirecte, qui font parler d'intoxication primaire (consommation de billes de plomb, d'agrès de plomb ou d'aliments contaminés), ou secondaire (consommation d'un animal ou d'un aliment (algue, champignon, plante) ayant bioaccumulé du plomb). Ces différentes formes concernent, globalement des animaux différents, mais touchent finalement potentiellement toutes les espèces, à tous les niveaux du réseau trophique (pyramide alimentaire). Les petits mammifères sont des victimes collatérales.

  • Le saturnisme des oiseaux d'eau ; Il semble le plus fréquent, en raison du fait que des milliards de billes de plomb ont été dispersées sur leurs zones d'alimentation, généralement par la chasse, et moindrement par la pêche ou le ball-trap, mais localement (bassins versants pentus) des billes de plomb peuvent aussi être transportées par les pluies d'orage et s'accumuler dans les bas de bassins versant, généralement dans de petits cours d'eau périodiquement torrentueux. Les écosystèmes montagnards ne sont pas épargnés. Par exemple en zones de chasse intensive à la Perdrix rouge (Alectoris rufa), on a trouvé en moyenne 7,4 billes de plomb/m2. Et, le taux de Perdrix rouge présentant des billes de plomb dans le gésier varie entre 1,4% en Grande-Bretagne à 3,9% en Espagne. La perdrix grise (Perdix perdix) est également touchée (1,4% des oiseaux trouvés morts avaient au moins une bille de plomb dans le gésier, mais la plupart des perdrix intoxiquées se cachent pour mourir et ne sont pas retrouvées). Le faisans commun (Phasianus colchicus) ou le Pigeon ramier (Columba palumbus) sont également touchés < ref name=Irec_ConferencePlomb>. Cette forme de saturnisme (primaire) semble toujours essentiellement lié au comportement de recherche et ingestion de grit (diminutif de (gastroliths pour les anglophones ou gastrolithes) ; Le grit est l'ensemble des graviers ou petits cailloux arrondis recherchés et avalés par les oiseaux pour digérer leurs aliments durs (végétaux fibreux, graines, escargots...). Ce « grit » est stocké dans le gésier qui est une poche musculaire où peuvent ainsi être broyés les aliments, ensuite transportés vers l'estomac puis l'intestin.
    Des oiseaux marins peuvent aussi parfois avaler des plombs de pêche, sur des lignes perdues, mais ils meurent alors également des blessures infligées par l'hameçon qu'ils ont également avalé.
  • Le saturnisme des oiseaux terrestre. Il concerne les prédateurs et nécrophages, mais aussi les oiseaux mangeant au sol, ou recherchant du grit sur des zones de chasse où sont (ou bien où ont été) utilisées des cartouches à grenaille de plomb ; Ce plomb a surtout été éparpillé sur les zones d'alimentation des oiseaux se nourrissant au sol, parfois durant des décennies. En toute logique, les zones d'alimentation des oiseaux coïncident souvent à celles où l'on chasse le plus. Plus le temps passe, plus les oiseaux risquent alors d'ingérer de la grenaille de plomb.
    Au Canada où le plomb est interdit dans les zones humides depuis plus de 20 ans(, il a continué à s'accumuler sur le sol ailleurs ; Depuis les années 2000, les oiseaux terrestres (et les mammifères blessés par balle... que les oiseaux de proie ou nécrophages ont plus de chance de repérer et consommer) présentent maintenant à peu près autant de risque d'être victime de saturnisme (ou chargé de plomb) que les oiseaux d'eau (dans ce pays) ; La majorité de 184 cadavres de 16 espèces de rapaces trouvés morts à travers le Canada contenaient quelques plombs (à des doses mortelles pour 3% d'entre eux), l'os d'un Urubu à tête rouge contenait 58 µg/g de plomb (poids sec).
    On a d'abord évoqué les oiseaux très chassés tels que faisans, pigeons, perdrix, mais plusieurs études ont montré que les passereaux étaient également touchés, par exemple pour de petits oiseaux se nourrissant au sol, notamment près de stand de tir ou de sites de ball-trap sont également empoisonnés par le plomb. La disponibilité de billes de plomb (sous forme métallique ou moléculaire) pour les oiseaux a été mesurée respectivement par comptages de tirs, et analyse du sol et des vers de terre. L'exposition réelle au plomb a été identifié par la mesure des taux de protoporphyrine érythrocytaire libre dans le sang ainsi que par des analyses de plomb dans les tissus de trois espèces de passereaux. Les chercheurs ont retrouvé la plupart des grenailles de plomb dans les 3 premiers cm du sol. Les mesures du plomb dans le sol variaient de 110 à 27.000 ppm (en poids sec) dans le sol et étaient de 660 à 840 ppm dans les vers de terre. Des passereaux ont été maintenus dans une volière sur le site, et d'autres, en liberté ont été capturés au filet pour analyser leur taux de protoporphyrine. Celui ci était significativement plus élevés que chez les passeraux-témoin étudié dans un site non-contaminé. Les cadavres de moineaux et de vachers (passereaux nord américains de la famille des Icteridae) venant de la volière présentaient des teneurs en plomb respectivement de 37 et 39 ppm (poids sec), et le foie d'un Junco (passereau nord-américain de la famille des Emberizidae) contenait 9,3 ppm de plomb, ce qui montre que les passereaux, s'intoxiquent également en ingérant, directement et indirectement du plomb provenant des cartouches.
    Des tourterelle triste (Zenaida macroura) ont été intoxiquées (par des billes de plomb) et nourries avec une alimentation dure ou mixée, et maintenues à 5 °C ou à 22 °C, selon les sujets : Le froid n'a pas semblé influer sur le niveau d'intoxication (peut-être en raison des conditions de captivité) mais la dureté des aliments a eu une influence (encore mal comprise). Lors de cette expérience, des restes de billes de plomb (en partie érodées) ont été trouvées dans les selles de 39 oiseaux sur 44. Les colombes nourries avec des granulés les ont retenu plus longtemps et les ont plus fortement érodé. Mais les organes et surtout les reins des colombes nourries avec un mélange de graines contenaient plus de plomb que celles nourries aux granulés.
  • Une forme plus locale liée à la contamination des sols et du réseau trophique par des mines ou par l'industrie métallurgique de fonte ou transformation du plomb (Beyer et al. 2000).
  • Certaines décharges industrielles ou des usines de recyclage de batterie, ou des séquelles de guerre (bombardement ou incendies d'usines utilisant du plomb, c'est le cas par exemple des usines qui produisaient la céruse de plomb, dont 80 % étaient installées dans le nord de la France avant la guerre 14-18) peuvent aussi être en cause. Les sols entourant des stations essence ou certains aérodromes peuvent aussi être pollués par le plomb.
  • Le saturnisme des oiseaux de proie est un saturnisme secondairequi a été scientifiquement décrit chez de nombreux rapaces, dont 17 espèces différentes en Europe, dont certains considérés comme espèces vulnérables tels que le Pygargue à queue blanche (Haliaeetus albicilla), ou des espèces en danger comme l'aigle impérial espagnol (Aquila adalberti). Les rapaces diurnes sont les plus souvent touchés. Des études visaient à évaluer l'exposition des rapaces, via des analyse de tissus ou le comptage de grenaille de plomb dans les pelottes de régurgitation. Chez l'aigle impérial espagnol, ce sont 11% des pelottes qui contenaient un ou plusieurs plombs de chasse). En outre, 26 à 40% des busards des roseaux (Circus aeruginosus) avaient une plombémie très élevée (dépassant 30 mg/dL). Et 91% des Vautours fauves (Gyps fulvus) présentaient une plombémie dépassant 20 mg/dL, bien que bénéficiant de viande apportée par l'Homme. Chez les pygargues à queue blanche retrouvée morts ou moribonds, 28 % avait un taux de plomb trop élevé dans le foie ; plus de 5 µg/g (en poids humide). On a d'abord cru que le fait de régurgiter les parties dures du bol alimentaire protégeait ces espèces, mais il se trouve aussi que les rapaces risquent plus de capturer et manger d'autres oiseaux ou animaux blessés par des billes de plomb, ou en ayant mangé, ces derniers se laissant plus facilement capturés, car moins aptes à la fuite. De grands rapaces comme les aigles migrant peuvent mourir à distance du lieu où ils ont ingéré le plus de plomb, et devenir une nouvelle source de contamination.
  • Le saturnisme des oiseaux nécrophages est un autre saturnisme secondaire ; Les nécrophages consomment les cadavres d'autres animaux, dont ceux blessés à la chasse (c'est à dire portant de billes de plomb incrustées dans leur chair) puis morts des suites de leurs blessures. Les nécrophages mangent aussi des animaux morts intoxiqués par le plomb, ou morts de collision avec des véhicules ou infrastructures (lignes à haute tension par ex), or les animaux victimes de collision sont souvent malades ou porteurs de plombs (ce qui diminue leur immunité, leur vigilence et les rends plus vulnérables aux accidents ou à la prédation ou aux maladies). Le cas le plus démonstratif et aujourdh'ui scientifiquement très bien documenté est celui du Condor de Californie (voir illustration).
  • Une Intoxication endogène est parfois possible : Une des réponses physiologiques à une fracture osseuse est la libération (rapide, normale et importante) de calcium dans le sang. Ce calcium est essentiellement prélevé là où il est disponible, c'est à dire dans le système osseux. Or ce sont les os qui stockent le plus, et le plus longtemps le plomb absorbé par l'organisme (pour la part qui n'est pas éliminée via les excréments ou les oeufs). Les os des oiseaux sont creux, plus "mousseux" et moins denses que ceux des autres animaux à sang chaud. Il est possible que le plomb en soit libéré plus rapidement. Remarque : Les symptômes risquent alors d'être attribués a à l'état de choc ou du traumatisme lié à la fracture.
Page générée en 0.146 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise