Saturnisme animal - Définition

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Sources principales d’empoisonnements pour les oiseaux

Les plombs de chasse, ball-trap et moindrement de pêche sont une source fréquente de saturnisme animal (Une cartouche de 30 à 35 grammes contient 200 à 300 billes de plomb toxique). En France (plus de 20 ans après les états unis) depuis 2005, les cartouches au plomb ne sont plus autorisées pour les tirs dirigés en direction d'une zone humide
Le plomb est un métal particulièrement mou (même comme c'est le cas ici quand il est durci par ajout d'arsenic ou antimoine). Il s'érode et s'oxyde facilement, et en milieu acide il devient plus contaminant pour l'environnement. Ceci explique que dans le gésier et l'estomac des oiseaux, broyés entre les petits cailloux (dits gritt) ingérés par l'oiseau, les billes de plomb avalées avec la nourriture ou confondus avec le gritt sont rapidement érodées. Le plomb passe alors dans le sang et intoxique l'animal. 12 billes de plomb de cartouche de chasse ingérés suffisent à mortellement empoisonner un cygne adulte par saturnisme aviaire.

Les sources principales semblent être par ordre d'importance :

  1. Le plomb de chasse (qui reste une source d'intoxication, longtemps après son interdiction, là où il a été interdit); On estime généralement que pour chaque oiseau abattu, plusieurs cartouches ont été tirées (3 à 6 cartouches selon les sources, pour les oiseaux d'eau).
    Les grenailles de plomb ingérées par les oiseaux sont rapidement dégradées dans leur gésier et leur estomac (en milieu acide). À partir du bol alimentaire, ils passent dans le sang de l'animal sous forme moléculaire. Le plomb est alors très biodisponible. On a estimé à la fin du XXème siècle qu'en France 8000 à 9000t de plomb étaient annuellement dispersées dans la nature via environ 250 millions de cartouches tirées par an (tous tirs confondus) ; 3/4 pour la chasse (soit plus de 6.000 t/an ; +/~6500t/an) ; 1/4 pour le ball-trap (plus de 2000 t/an).
    L'apport annuel diminue (avec le nombre de chasseur, mais la non biodégradabilité du plomb conduit à une accumulation croissante dans le sol où il reste longtemps accessibles aux oiseaux.
  2. Le plomb des cartouches de ball-trap. Certains sites de ball-trap se sont avérés plus pollués qu'aux pieds d'installations industrielles ;
  3. Les plombs et agrès de pêche ;par exemple, au canada : au début des années 2000 le ministère de l'environnement estimait qu'environ 559 t de plombs de pêche (dites pesées, turluttes au Canada) étaient perdues par les pêcheurs chaque année dans le milieu naturel ; soit jusqu'à 14 % de tous les rejets de plomb dans la nature (la grenaille de plomb ayant été interdite pour la chasse au début des années 1990). On estime qu'un pêcheur nord américain moyen perd un plomb toutes les 6 h de pêche, et il y aenviron 5 millions de pêcheurs au canada, qui pratiquent ce loisir environ 50 millions de jours par an. Toutefois, les oiseaux sauvage n'avalent presque uniquement que les plombs de moins de 2 cm de longueur ou de diamètre et pesant moins de 50 gr.
    Des cas de saturnisme induits par des plombs de pêche étaient en 2003 (et depuis les années 70 pour les premières études) documentés chez 23 espèces d'oiseaux aquatiques sauvages (dont notamment : plongeons, grues, pélicans, hérons (grand héron, héron vert), canards (toutes les espèces), aigrette, cygnes (dont le cygne trompette en cours de réintroduction), cormorans, grand Harle, pygargue à tête blanche, bernache, Ibis blanc, mouette atricille, sterne royale). C'est même encore la 1ère cause de décès chez le plongeon huard (Gavia immer) adulte dans l'est du Canada (là où la pression de pêche est la plus intense), devant les captures par engins de pêche, les traumas, maladies, collision avec véhicules et toute autre cause de mortalité. La plombémie d'un huard n'ayant a priori pas avalé de billes ou d'agrès de pêche en plomb est de moins de 01 µ/ml, chez ceux qui ont avalé des lest de plomb de pêche, ce taux grimpe rapidement, et il est associé à l'inhibition de l'activité de l'acide aminolévulinique déhydratase. Dans le foie et les reins, le taux de plomb passe de moins de 5µg/g en poids sec à 142µg/g dans le foie et 726 µg/g dans les reins (poids sec), entrainant une mort rapide en cas d'intoxication aiguë (l'animal n'a dans ce cas pas même le temps d'être amaigri). Des rapaces et goélands sont également touchés, et même des tortues (chélydre serpentine, tortue peinte) ;
    Des alternatives au plomb existent (acier, étain, bismuth, tungstène, céramique, argile cuite, caoutchouc...) ; Leur utilisation n'augmenterait le budget annuel moyen du pêcheur canadien que de moins de 1%.
    La grande bretagne, pour notamment protéger les populations de cygnes de la tamise (légalement propriété de la reine) a interdit les plombs de pêche de moins de 28,35 g dès 1987.
  4. Le plomb dispersé dans l'environnement par les activités humaines (sels de plomb utilisés par l'industrie, dont par exemple les pigments composé d'oxydes de plomb, l'antirouille à base de minium de plomb, etc.);
  5. Des sols plombifères (naturellement riches en plomb);Ils sont, très localement, une source de plomb bioassimilable. Ceci est très rare, car le minerai de plomb est essentiellement souterrain et piégé dans la roche.
  • Contextes acides : Dans un sol naturellement acide (tourbières acides, certaines landes...) ou acidifié (cf. Pluies acides) la corrosion des billes de plomb peut être accélérée, augmentant la contamination des végétaux et champignons, de cultures proches et celle des animaux qui les mangent. Inversement, en milieu calcaire, le plomb est moins mobile et moins biodisponible (sauf secondairement, quand la bille de plomb est elle-même directement ingérée par l'oiseau, confondue avec le gritt ou des graines).
La grenaille ingérée par un oiseau est difficile à détecter (hormis aux rayons X), et dans un gésier elle est rapidement érodée. Dans la chair d'un oiseau tué à la chasse, elle est encore plus difficile à détecter, surtout sans détecteur de métaux. Elle est encore souvent encore présente dans la viande cuite et dans certains pâtés (gésier), voire ingérée avec la viande ; dégradée dans une viande hachée ou transformée en pâté, ou mise en contact avec un acide (citron, sauce tomate, vinaigre...), la grenaille de plomb peut libérer des quantités significatives de plomb et contaminer la viande et sa sauce (si elle est acide). Des intoxications chroniques et insoupçonnées pourraient ainsi concerner les consommateurs de certaines espèces à risque (gibiers d'eau atteints de saturnisme aviaire et/ou contaminés par de la grenaille de plomb), même si elles sont a priori rarement mortelles.
  • Saturnisme « secondaire » induit par une fracture, ou grossesse : une des réponses physiologiques à toute fracture ou grossesse est une libération (rapide, normale et importante) de calcium osseux dans le sang ; ce calcium est utilisé pour la réparation osseuse ou la constitution du squelette du fœtus. Ceci explique, que chez un animal ne présentant pas de plombémie anormale, mais ayant antérieurement stocké du plomb dans les os, une fracture puisse également libérer une quantité très significative de plomb dans le sang, susceptible le cas échéant d'induire un saturnisme. Ce type de saturnisme a très peu de chance d'être détecté si le médecin n'a pas été alerté sur ce risque par le patient (qui souvent n'en est pas conscient). Les symptômes sont mis sur le compte de l'effet de choc ou du traumatisme lié à l'accident.

Le cas particulier des balles de plomb (« chemisées » ou non)

Ancien modèle de balle expansive (gravure de 1870) ; avant le tir (1,2) et retirés de cadavres d'animaux tirés à la chasse. Les balles expansives de cuivre, ne laissent pas ou peu de fragments dans la chair
  • Depuis plus d'un siècle, presque toutes les balles (et grenailles) étaient composées de plomb.
    Le plomb pur étant trop mou, pour que les billes ne se déforment pas trop et pénètrent mieux, il est durci par ajout de 5 à 10 % d'arsenic ou d'antimoine (deux métaux qui sont également des toxiques).
    Lorsqu'une balle pénètre à très grande vitesse dans un organisme, notamment s’il y a contact avec un os, des molécules et fragments (parfois plusieurs centaines) de plomb peuvent être arrachés à la balle de plomb, et - pour les plus petits d'entre eux - dispersé dans l’organisme via le sang et la lymphe (Exceptionnellement, il arrive d'ailleurs chez l'homme que le plomb d’une balle conservée dans l'organisme puisse être à l’origine d’un saturnisme mortel pour l'hôte de cette balle. Le problème serait plus grave pour des balles (ou grenailles) piégées dans des articulations où elles risquent de se décomposer plus rapidement en libérant du plomb moléculaire très bioassimilable.
  • À chaque saison de chasse (et dans les semaines qui suivent), de nombreux animaux blessés par balles ne sont pas retrouvés par les chasseurs. Ils fuient ou se cachent pour mourir et sont alors disponibles pour les oiseaux charognards (ainsi que pour les mammifères charognards, dont le sanglier). Le risque qu'ils ont de s'intoxiquer dépend de l'incidence, de l'abondance et la distribution des fragments de plomb dans la chair de leurs proies.
    La radiographie d'échantillons de carcasses de 38 cervidés (tués à la chasse, et fournis par des chasseurs nord-américains en 2002-2004) a mis en évidence que des fragments métalliques sont féquemment largement distribué le long du canal de pénétration de la balle, à partir de la plaie de surface. Lors de cette étude, 94% des échantillons provenant de cervidés tués par balles de plomb contenaient des fragments, et 90% de 20 abats radiographiés présentaient des fragments : 5 échantillons contenaient de 0 à 9 fragments, 5 en contenaient de 10 à 100, 5 en contenaient de 100 à 199 fragemnts, et 5 présentaient plus de 200 petits fragments de plomb. Alors que paradoxalement on ne comptait que 6 fragments métalliques dans l'ensemble des carcasses de 4 cerfs tués par des balles expansives en cuivre.
  • L'animal tué par balle de plomb à la chasse et utilisé ou vendu pour la consommation humaine pourrait donc aussi être un facteur de saturnisme chronique chez des consommateurs de venaison (Les bonnes pratiques de boucherie veulent que la chair située autour de la zone pénétrée par une balle soit excisée et jetée, mais certains fragments ont le temps d'être dispersés par les vaisseaux sanguins ou le réseau lymphatique avant que l'animal ne meure).
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