Science de l'occlusion dentaire - Définition

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Occlusodontologie

Impératifs associés à l’occlusodontologie

Pratiquer l'occlusodontologie, c'est d'abord et avant tout ():

  1. le respect des lois universelles : gravité terrestre, physique, biologie, biochimie, physiologie, etc.,
  2. le respect des déterminants de l'occlusion dentaire : proprioception desmodontale ou Ruffini terminals unencapsulated,
  3. le respect des réflexes innés, à point de départ proprioceptif ou non,
  4. le respect du temps minimum de repos physiologique de la fibre musculaire manducatrice,
  5. suivant l'âge civil du patient ou selon sa denture, la prévention et l’interception de la fonction physiologique, ou la compensation de la dysfonction manducatrice (pathologie, syndrome algo-dysfonctionnel de l'appareil manducateur),
  6. la non ingérence iatrogène sur la perception proprioceptive de la dent, des organes voisins et du patient : récepteurs spécifiques (muqueuse, muscles, ATM), et notamment le déterminant de l’occlusion dento-dentaire : le mécanorécepteurs ou proprioception desmodontale ou, en franglais, le récepteur périodontal de F. HARTMANN,
  7. beaucoup d'humilité devant la complexité biologique de l'appareil manducateur du patient (mastication, déglutition, phonation, etc.).

Définitions

La relation myodéterminée asymptomatique (RMDA
La relation myodéterminée asymptomatique est le reflet de la fonction manducatrice physiologique. La RMDA dépend autant des facteurs statiques (gravité terrestre, arcades dentaires, langue, os, articulations temporo-mandibulaires ou ATM, etc.), que des facteurs dynamiques (propriocepteurs périodontaux, récepteurs muqueux ou articulaires, fuseaux neuromusculaires, muscles, système nerveux, positions du corps, stress, facteurs exogènes, etc.).
L'occlusion réflexe 
Le travail lingual et le mouvement de déglutition salivaire ont un rôle majeur dans l'installation ou non de l'occlusion réflexe des arcades dentaires. Ce sont des cofacteurs fonctionnels, essentiels de la croissance faciale chez l'enfant et l'adolescent :
  1. la déglutition salivaire infantile du nourrisson, perpétuée en déglutition atypique ou déglutition salivaire dysfonctionnelle (DSD) de l'enfant et de l'adolescent, entretient la "respiration buccale", tout son cortège symptomatologique (amygdales hypertrophiées, rhinites, allergies, pharyngites, bronchites, etc.) et la "récidive orthodontique" dans tout traitement d'orthopédie dento-faciale fixe ou amovible (ODF, orthodontie),
  2. la déglutition salivaire fonctionnelle (DSF) construit l'anatomie et la fonction physiologique du futur adulte "respirateur nasal",
  3. le passage du premier mode de déglutition salivaire au second ne dépendrait que de la hauteur optimale d'éruption des organes dentaires autour de la phase de permutation des dents, soit entre 6 et 14 ans d'âges civils ()
La déglutition salivaire dysfonctionnelle 
La déglutition salivaire dysfonctionnelle est un cofacteur pathogénique de la dysfonction manducatrice : augmentation du recrutement spatial et temporel des muscles posturaux de la mandibule et des muscles de la langue. Par interactions réciproques face à la gravité terrestre, les postures de la mâchoire inférieure, de la tête, du tronc et des membres se complètent mutuellement, et autant dans la fonction que dans la dysfonction de l'un ou l'autre des composants du corps humain. Ceci explique qu'une dysfonction mandibulaire peut avoir des répercussions au niveau d'un examen clinique de podologie.
D’où les questions légitimes 
« Quand mes dents du haut sont-elles en contacts avec celles du bas ? Lors de la mastication ? Lors de la déglutition ? Lors de la phonation ? »

Différents cas sont possibles :

  1. Hormis lors de la DSF, les dents antagonistes ne sont jamais en contact dans toutes les fonctions buccales. A plus forte raison, le contact dento-dentaire est inexistant chez le patient respirateur buccal (DSD, plus de 75% de la population). Par les migrations dentaires qu’elle favorise, la DSD est un cofacteur essentiel de la dysfonction manducatrice.
  2. Quelle que soit l’intensité des contraintes musculaires, « serrer les dents en permanence » résulte d’une mauvaise habitude : un tic ou l’exutoire d’un stress. Avec le temps, la fatigue des muscles l’emporte : myalgies et crampes dans les territoires des muscles posturaux.
  3. Outre le serrage volontaire de la mâchoire inférieure sur les dents supérieures, le bruxisme, ou grincement des dents, trouve plus son origine dans une faille des déterminants de l’occlusion (perception proprioceptive) : infraclusion organique, espace libre trop important, absence du contact ou de la guidance canine, absence du calage postérieur, contact non-travaillant, etc.
Muscles manducateurs 
Par muscles manducateurs, il faut entendre non seulement les muscles posturaux de la mâchoire inférieure (m. masticateurs, m. hyoïdiens, m. de la langue, etc.), mais aussi tous les muscles qui influencent, de près ou de loin, la posture mandibulaire : tête, nuque, épaules, tronc et membres. Le repos physiologique des muscles manducateur est un état dynamique qui fait partie de la relation myodéterminée asymptomatique (RMDA).

Pour A. Jeanmonod, Professeur émérite, Paris (France) :

  1. « (…) Le terme « occlusodontie » s'applique, lui, à l'ensemble des thérapeutiques qui s'adressent à l'occlusion dysfonctionnelle ».
  2. «  (…) L'Ecole gnathologique est en train de rejoindre l'Ecole fonctionnaliste ».
  3. « (…) L'occlusodontologie peut être définie comme étant l'étude de l'occlusion dentaire, de son évolution au cours de la vie, de ses anomalies et de leurs répercussions pathologiques ».
  4. «  (…) L'occlusodontologie n'est pas une spécialité. Elle doit être le fil conducteur de la pratique odonto-stomatologique (…) ».

La salivation

En bouche « vide », le fluide salivaire facilite le glissement des organes buccaux les uns contre les autres. Une bouche sèche augmente les forces de frictions (respirateur buccal) et aggrave aussi la symptomatologie de la dysfonction manducatrice (DSD).

En plus de sont rôle lubrifiant, la salive contient des enzymes de prédigestion qui se conjuguent au bol alimentaire lors des repas.

La vue des aliments augmente le débit de la sécrétion salivaire : c’est le réflexe d’I. P. PAVLOV (Prix Nobel 1904).

La sécrétion annuelle correspond à un peu moins d’une demi-tonne de salive, soit 1,5 litres par jour.

Ce liquide a deux issues possibles :

  1. soit vers le milieu extérieur, au travers des lèvres : anesthésie, paralysie labiale, sus occlusion iatrogène, respirateur buccal (DSD), conférenciers (postillons, évaporation), etc.
  2. soit vers l’œsophage au travers de l’isthme du gosier : c'est la voie physiologique.

Cette dernière possibilité résulte du mouvement complexe de la déglutition salivaire : c’est le travail le plus gourmand en énergie (ATP) pour l’appareil manducateur. En moyenne, on observe une déglutition salivaire toutes les minutes, soit 1.500 à 2.000 déglutitions par jour.

En termes de temps (24 heures sur 24) et de consommation énergétique (ATP), la déglutition salivaire est le travail le plus important de l’appareil manducateur en regard des autres fonctions (mastication, phonation, respiration buccale, etc.)

Formes de déglutitions salivaires

Déglutition salivaire dysfonctionnelle (DSD)

  1. Terminologie : ‘déglutition salivaire infantile’, ‘d.s. atypique’ et ‘d.s. dysfonctionnelle’ sont synonymes. Seul l’âge civil du patient change entre ces différents qualificatifs professionnels.
  2. Si elles sont légion entre les crêtes alvéolaires chez le nourrisson, les ingérences linguales entre les deux arcades dentaires, ou « interpositions linguales », sont pathogéniques au cours de l’adolescence et de la vie adulte. Elles empêchent tout contact entre les arcades dentaires et induisent des migrations dentaires. Ces dernières modifient tout schéma occlusal physiologique et réduisent le temps optimal de repos des muscles manducateurs.
  3. Le respirateur buccal est une conséquence de la persistance pathogénique de la déglutition salivaire infantile : arrêts prématurés aléatoires de l’éruption des dents permanentes lors de la phase de permutation dentaire, empreintes dentaires sur les bords latéraux de la langue, palais étroit et haut, manque de croissance des cavités aériennes du maxillaire (fosses nasales, sinus), « double menton » induit par l’enfoncement du massif lingual dans une arcade mandibulaire en forme de fer à cheval (« langue en position basse »), disparition du vermillon des lèvres, hyperactivité compensatrice par les muscles de la mimique faciale (nerf VII), pincement des commissures labiales, perlèches, hypertrophie des amygdales, rhinites, pharyngites, bronchites, etc.
  4. Deux études cliniques de JEANMONOD à l’université de Paris VII « La Garancière » constatent qu’il existe 75% de DSD dans une population d’étudiants universitaires (1987 et 1988. Jamais publiées).
  5. Dès 2003, la vidéo numérisée des fonctions phonétique + déglutition salivaire, présentées par le patient adulte montre plus de 95% de DSD. Les enregistrements vidéo sont du type VGA 15 et 30 im./sec., ou QVGA à 60 im./sec.
  6. Quel que soit l’âge du patient, toute DSD empêche tout contact réflexe inter arcades. Mieux cité : dans toutes les fonctions buccales naturelles, il n’y a jamais contact dans un couple dento-dentaire maxillo-mandibulaire en présence du moindre symptôme, ou signe, de DSD.
  7. Sur la même arcade, la DSD induit toujours des déplacements dentaires, lents et insidieux : migrations, versions, rotations et/ou égressions. Les surfaces triturantes accompagnent bien entendu les migrations dentaires. Ces déplacements anatomiques contrarient progressivement les références occlusales, ou déterminants de l’occlusion. La posture mandibulaire s’écarte ainsi de tout critère physiologique.
  8. Réciproquement, les perturbations occlusales entretiennent, voire aggravent la DSD : cercles vicieux. Ceci modifie continuellement le schéma occlusal et la fonction manducatrice : en réponse à l’évolution, insidieuse mais constante, des rapports occlusaux inter arcades, l’adaptation neuromusculaire cherche à minimiser toute demande supplétive d’énergie. Elle y parvient par une délocalisation tridimensionnelle optimale de la position de la mandibule par rapport à sa posture physiologique originelle.
  9. La dysfonction manducatrice entraîne une hyperactivité et une surconsommation énergétique au niveau des muscles de la posture : mandibule, tête, cou, épaules, tronc, bras, jambes, etc. Il s’ensuit une diminution du temps de repos physiologique des muscles. Toute activité musculaire, supérieure à 30% de la contraction volontaire maximale, collapse les veines des muscles. Il s’ensuit l’arrêt de la circulation sanguine intramusculaire, un effondrement brutal de la pression partielle en oxygène (dette O2) et une formation intense de lactates, source de crampes (myalgies) dans les territoires appauvris en oxygène (cycle de Krebs, 1953).
  10. Comportements professionnels face à la DSD :
    1. Obligation de moyens. « Commet une faute le dentiste qui ne rééquilibre pas l'articulé dentaire de son client » (Jurisprudence belge, 1992) :
      1. En denture naturelle, cette obligation existe au cours de la phase de croissance chez l’enfant et chez l’adolescent : prévention et interception. Et notamment, durant la phase de permutation dentaire entre 6 et 14 ans (âges civils).
      2. En denture naturelle et/ou prothétique, l’obligation existe aussi chez le patient adulte dont les relations sociales sont perturbées par la dysfonction occlusale.
      3. Cette jurisprudence est toujours valable et pas uniquement en ce qui concerne la pose d’une prothèse dentaire, fixe ou amovible : le praticien doit toujours recourir à toutes les obligations de moyens.
    2. DSD enfants et adolescents, ou déglutition infantile. La croissance permet le recours à la PREVENTION et à l‘INTERCEPTION des dysfonctions, linguales et occlusales : REIOR, GAL, slices, décompression de l’espace d’éruption (extractions prématurées non compensées par un mainteneur d’espace), etc.
    3. DSD adultes :
      1. Toutes les DSD adultes ne signent pas nécessairement la maladie occlusale vraie : l’adaptation neuromusculaire permet toutes sortes de compensations permettant au patient adulte de (sur)vivre « normalement » dans ses relations sociales habituelles, familiales et professionnelles.
      2. Lorsqu’un patient présente une dysfonction occlusale objective, mais qu’il ne se plaint de rien, le praticien n’interviendra pas, sauf dans le respect de l’obligation d’information. La raison est simple : le traitement d’une dysfonction manducatrice ne concerne jamais qu’une seule dent, mais bien toute une arcade de quatorze dents.
      3. Lorsque les relations sociales du patient sont perturbées, on a recours à la COMPENSATION ; le plus souvent « prothétique » (métal inoxydable, porcelaine), puisque les résines et composites (matériaux tendres et ductile) s’usent rapidement face aux frictions de l’émail des dents antagonistes (matériau dur et cassant).
      4. Pour le praticien non averti, cette compensation risque aussi d’aboutir à des surocclusions localisées à un couple dento-dentaire maxillo-mandibulaire, à une sus occlusion généralisées à plusieurs couples ou à des contacts non-travaillants (« contacts NT »).
      5. Les contacts NT sont pathogéniques à souhait : ils suspendent brutalement toute fonction canine protectrice. Ne pas les éliminer immédiatement est une faute professionnelle : explosion brutale et intense de la dysfonction, impossibilité de déglutir la salive (le patient « bave »), douleurs permanentes, intenses et exquises dans tous les territoires posturaux, dépression et/ou suicide.
      6. La surocclusion, la sus occlusion et les contacts NT annihilent tout bénéfice acquis par le traitement occlusal en cours. Les symptômes iatrogènes étant plus importants que les signes originels ayant conduit au traitement interceptif, le patient perd toute confiance dans le praticien qu’il vient de rémunérer pour ledit traitement.

Pour le Pr. F. HARTMANN, Marseille (France), 2009:

« Dans la dysfonction linguale, la langue ne cesse d'envoyer des informations parasites aux dents.

Les récepteurs dentaires de tact (type 1) sont ainsi sans cesse sollicités par la langue.

Sur le plan neurophysiologique, cette dysfonction s'apparente ainsi à la crispation des mâchoires dents serrées de A. Jeanmonod ».

Déglutition salivaire fonctionnelle (DSF), dite « en dents serrées »

  1. Par absence de toute symptomatologie, la DSF naturelle est exceptionnelle dans les consultations dentaires.
    Mais alors : où se cache cette déglutition idéale du patient physiologiquement parfait, cet être étalon qui pourrait également servir de référence objective pour toutes les recherches médicales scientifiques ? Nul ne le sait : les recherches utiles n'ont pas encore été réalisées en ce sens.
  2. La DSF est la déglutition salivaire physiologique par excellence. Par opposition à la DSD concomitante d’une ingérence linguale entre les deux arcades dentaires, ou DSD avec « interposition linguale », la DSF est dite « en dents serrées ».
  3. Tout contact dento-dentaire induit une stimulation des mécanorécepteurs desmodontaux, ou récepteurs périodontaux de type-1 (F. HARTMANN).
  4. Le contact dento-dentaire maxillo-mandibulaire met en branle le réflexe d’ouverture de la mâchoire inférieure (C.S. SHERRINGTON, 1917).
  5. Tout au plus, il ne peut y avoir contact inter-arcades que s’il y a DSF, soit chez moins de 5% de la population. Dans les conditions physiologiques, une déglutition salivaire s’opère toutes les minutes et la durée du contact dento-dentaire est inférieure à une demi seconde (A. JEANMONOD, J. ROMEROWSKI). Ces durées mises bout à bout, les « dents serrées » des 1.500 à 2.000 DSF quotidiennes totalisent moins de vingt minutes par jour.
  6. Comme il y a une DSF toutes les minutes, on peut en déduire que les muscles manducateurs sont au repos physiologique durant quasi 59,5 sec./min.
  7. Donc, la fonction occlusale asymptomatique se quantifie aussi par la durée optimale du repos physiologique des muscles manducateurs (état dynamique), mais jamais par les contacts dento-dentaires lors d’une occlusion d’injonction iatrogène (état statique).
  8. En vidéographie numérique de la déglutition salivaire (2003), l’acte de DSF totalise moins de 20 images ou moins de 20 x 1/16ème de seconde, soit moins de 1,25 seconde.
  9. Même en présence d’une DSF, il n’y a jamais contact entre les dents antagonistes durant la mastication, la déglutition de solides/liquides, ni lors de la phonation : le réflexe d'ouverture mandibulaire protège les organes dentaires (C.S. SHERRINGTON, 1917).
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