Syndrome d'Eisenmenger - Définition

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Introduction

Classification internationale
des maladies
CIM-10: Q21.8

Le syndrome d'Eisenmenger désigne l'ensemble des symptômes traduisant l'existence d'une hypertension artérielle pulmonaire « fixée » venant compliquer l'évolution spontanée des cardiopathies congénitales comportant un shunt gauche-droit responsable d'une augmentation importante et prolongée du débit sanguin dans la circulation pulmonaire.

Cette hypertension artérielle pulmonaire est la conséquence d'une maladie vasculaire touchant l'ensemble de l'arbre artériel pulmonaire et parfois désignée sous le terme d'artériolithe ("artères de pierre") pulmonaire.

Chez l'enfant, c'est la cause principale d'hypertension artérielle pulmonaire dite « secondaire », par opposition à l'hypertension artérielle pulmonaire « primitive », beaucoup plus rare à cet âge.

Dans les pays développés, l'apparition d'un syndrome d'Eisenmenger tend à devenir exceptionnelle grâce à la prise en charge chirurgicale précoce (palliative ou curative) des cardiopathies s'accompagnant d'un shunt gauche-droit. Ce syndrome reste un fléau sévissant dans les pays sous-développés en raison d'un retard au diagnostic ou à la prise en charge.

Une fois constitué, le syndrome d'Eisenmenger est irréversible et les traitements actuels ne visent qu'à ralentir son évolution ou combattre ses conséquences, la plus visible étant l'apparition d'une cyanose liée à l'inversion du sens du shunt causal, qui devient alors droit-gauche.

Mécanisme

Notion de shunt gauche-droit

Circulation du sang en présence d'une CIV.

On parle de shunt (i.e court-circuit) quand une partie du sang emprunte un « chemin » plus court que celui qu'il aurait dû parcourir normalement. L'expression "gauche-droit" caractérise le sens du shunt, qui se produit d'une cavité gauche (oreillette ou ventricule) ou de l'aorte vers une des structures du ventricule droit (oreillette - ventricule - circulation pulmonaire).

En raison des différences de pression régnant normalement dans les cavités cardiaques et les gros vaisseaux issus du cœur, toute communication isolée entre le cœur gauche et le cœur droit est responsable d'un shunt gauche-droit plus ou moins important. Les plus fréquentes sont :

  • Les communications inter-ventriculaires entre les deux ventricules ;
  • Les communications inter-auriculaires entre les deux oreillettes ;
  • La persistance du canal artériel entre l'aorte et l'artère pulmonaire.

D'autres malformations cardiaques, plus rares, sont également responsables d'un shunt gauche-droit :

  • canal atrio-ventriculaire (dans une forme partielle ou complète) ;
  • fistule ou fenêtre aorto-pulmonaire ;
  • communication ventricule gauche-oreillette droite ;
  • fistules coronaro-cardiaques ou coronaro-pulmonaires ;
  • certaines formes de Tronc artériel commun...

Conséquences pulmonaires d'un shunt gauche-droit

Surcharge de la vascularisation pulmonaire et du cœur gauche

En présence d'une communication, le sang présent dans le cœur gauche peut emprunter le parcours normal, vers l'aorte et l'ensemble du corps (« grande » circulation ou circulation « systémique »), ou passer à travers la communication dans le cœur droit pour retourner directement vers les poumons d'où il provient (« petite » circulation ou circulation « pulmonaire »).

La quantité de sang qui passe par la communication et emprunte le court-circuit est d'autant plus importante que la communication est large et que la différence de pression entre les cœurs gauche et droit est importante. Quand la communication est large, elle n'oppose pratiquement aucune restriction au passage du sang (« shunt non restrictif ») et la quantité qui passera sera uniquement fonction de la différence de pression de part et d'autre de la communication.

Les conséquences d'un shunt gauche-droit sont liées à l'augmentation de la quantité de sang qui revient aux poumons puis, de là, dans les cavités gauches. Il faut savoir qu'en présence d'une communication large, il peut passer 2, 3 voire 4 fois plus de sang par le court-circuit que par le trajet normal vers l'aorte. Cela veut dire que les poumons reçoivent 3,4 ou 5 fois plus de sang que la normale (1 quantité normale + la quantité passant par le shunt). De même, à la sortie des poumons, l'oreillette puis le ventricule gauche doivent faire circuler jusqu'à 5 fois plus de sang que normalement : un nourrisson porteur d'un large shunt se trouve donc en permanence dans un état proche d'un effort maximal. Cet excès de sang au niveau des poumons peut provoquer un œdème pulmonaire et une insuffisance ventriculaire gauche.

Altérations tissulaires de la vascularisation artérielle pulmonaire

Normalement, les artères pulmonaires ont une structure tissulaire adaptée à un fonctionnement sous un faible régime de pression. En présence d'un shunt gauche-droit, elles doivent s'adapter à l'augmentation de débit. Elles le font d'abord par une vasodilatation puis, si cela ne suffit pas, par une augmentation de pression. Dans les premiers mois de vie, cette adaptation est réversible. La fermeture de la communication anormale s'accompagne d'un retour à la normale des artères pulmonaires (diamètre et pression). Si cette situation perdure, il se produit des modifications de la structure de ces vaisseaux qui les transforment de façon irréversible en artères faites pour fonctionner sous fortes pressions. L'hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) «dynamique» et réversible du début s'est transformée en une hypertension artérielle pulmonaire «fixée» et définitive. On parle alors de syndrome d'Eisenmenger.

Il n'existe pas de différence importantes entre les anomalies tissulaires retrouvées lors d'un syndrome d'Eisenmenger ou lors d'une hypertension artérielle pulmonaire de cause autre.

Délai de constitution d'un syndrome d'Eisenmenger

Ce délai est variable. Fonction du siège de la communication entre le cœur gauche et le cœur droit, il est également influencé par le terrain :

  • La constitution d'une hypertension artérielle pulmonaire fixée est d'autant plus précoce que le siège de la communication anormale est proche des poumons. Ainsi, le risque est-il important et précoce (quelques mois) en présence d'un canal artériel, plus tardif (classiquement pas avant un an) en cas de communication inter-ventriculaire et inconstant et très tardif (à l'âge adulte) en présence d'une communication inter-auriculaire. Ceci fait soupçonner un rôle toxique surajouté de l'oxygène contenue dans le sang abordant la circulation pulmonaire (où le sang est habituellement pauvre en O2).
  • En fonction du terrain, cette évolution peut survenir plus tôt, en particulier chez les enfants porteurs d'une trisomie 21 (mongolisme). Exceptionnellement, elle peut s'installer dès la naissance par «persistance de résistances pulmonaires de type fœtal».
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