Il existe de nombreux types de tourbières, selon leur latitude, altitude, région biogéographique, géologie, écologie, etc. Comme les autres zones humides, ces écosystèmes abritent une biodiversité élevée et très souvent des espèces rares, devenues rares, ou dont les conditions de vie sont fragiles. La végétation et la faune y présentent souvent des adaptations ou caractéristiques singulières, parfois uniques : les plantes carnivores comme les Rossolis ou les Utriculaires, les plantes boréales, le Lézard vivipare, de nombreux invertébrés rares, etc. sont caractéristiques des tourbières et parfois leurs sont inféodés.
La classification des tourbières est encore en discussion dans la communauté scientifique. Il est parfois difficile de faire la distinction entre deux types, ou de « classer une tourbière » dans une catégorie, d'autant qu'il existe des complexes tourbeux composés de deux ou plusieurs types de tourbières.
Le classement peut s'effectuer selon plusieurs critères :
En fonction de l'épaisseur de la tourbe, et de sa teneur en matière organique, on distingue également les zones paratourbeuses (où l'épaisseur de tourbe est encore peu importante, dans les zones récentes comme les carrières ou gravières abandonnées), et les zones semi-tourbeuses (à teneur en matière organique plus faible).
Les tourbières, notamment les tourbières acides abritent de nombreuses espèces rares, protégées et/ou menacées. Elles abritent aussi une grande quantité de microorganismes ; dont des bactéries et cyanobactéries 1.000.000.000 d'individus environ par litre d'eau, des algues unicellulaires (1.000.000.000 par litre) qui sont consommés par des protozoaires (100.000/L), des rotifères (100.000/L). On y trouve aussi des nématodes 10.000/L et certaines larves d'invertébrés ainsi que des amphibiens...
Elles font partie des habitats qui peuvent être protégés dans le réseau Natura 2000 ou mises en réserves naturelles, nationales ou régionales (Réserve naturelle de la Tourbière de Vred par exemple).
La majorité des tourbières sont situées dans les zones de moyenne et haute montagne, près des sources des grands fleuves et rivières. On dit qu'elles sont en « tête de bassin versant ». Comme les autres types de zones humides, elles ont un rôle important dans le cycle de l'eau :
Comme on l'a vu, la tourbe se forme dans un milieu constamment gorgé d'eau, et donc très pauvre en oxygène (on parle d'un milieu très peu oxydant). Cela permet à la matière organique de rester dans un bon état de conservation, même après des milliers d'années. Ainsi, le pollen des arbres, arbustes et plantes qui se dépose au gré de vent dans une tourbière reste conservé dans la tourbe, et s'accumule au fil des ans, des siècles, des millénaires. La tourbe constitue un enregistrement de l'état de la végétation passée.
L'étude des grains de pollens, la palynologie, a fait grand usage de cette propriété des tourbières. Comme pour la glaciologie où l'on peut réaliser des carottes de glace et y lire l'histoire du climat, les palynologues réalisent des carottes de tourbe pour y lire l'histoire de la végétation. Après préparation des échantillons, les différents types de grains de pollen sont identifiés et comptés, puis les différentes strates des carottes sont datées. On obtient ainsi un diagramme pollinique, qui retrace l'histoire de l'évolution de la végétation depuis que la tourbe l'a enregistrée.
En recoupant ces informations avec des études sur l'histoire des activités humaines, on peut avoir une idée plus précise des relations entre l'homme et le milieu naturel : défrichements, développement de la céréaliculture, plantations de résineux, pâturages, etc.
Ainsi quand une tourbière disparaît, c'est une partie de l'histoire des paysages anciens qui disparaît, mais également une partie de l'histoire du développement des populations humaines passées.
D'une manière générale, les vestiges organiques de toute sorte sont préservés : on a ainsi pu retrouver de nombreux corps humains momifiés à travers l'Europe du Nord, les hommes des tourbières. Ces cadavres nous renseignent notamment sur la culture et le mode de vie des hommes de l'âge du fer.
La forte teneur en matière organique de la tourbe en fait un très bon combustible (une fois séchée), traditionnellement exploitée dans les régions où les tourbières sont abondantes. On nomme cette activité le tourbage. L'extraction de la tourbe procède tout d'abord du creusement d'une fosse de tourbage, ou le dégagement d'un front de taille. À l'aide d'outils développés à cet effet, la tourbe est découpée en morceaux de la taille d'une brique, et empilée sur la tourbière. Gorgées d'eau, ce n'est qu'après avoir séché convenablement que les briques de tourbe pourront être utilisées pour le chauffage.
Une autre exploitation de la tourbe est l'horticulture, comme terreau, toujours du fait de sa grande teneur en matières organiques.
L'extraction massive de la tourbe et la récolte de la sphaigne pour l'horticulture, ainsi que l'assèchement des zones humides, menacent celles qui existent encore sur le sol. Non seulement les tourbières contribuent au contrôle du niveau d'eau dans les environs mais elles jouent aussi un rôle de collecte et de stockage du carbone de l'atmosphère.
La réglementation de protection des tourbières, qu'elle soit de niveau national, ou européen, ou même mondial, a notamment pour objectif de réduire l'impact négatif de cette activité sur les écosystèmes tourbeux, notamment de leur exploitation industrielle. De nombreux sites ont ainsi pu être réhabilités, et les projets d'exploitation industrielle de tourbières sont désormais moins nombreux, bien qu'encore présents, parfois au mépris de la fragilité du site.
![]() Front de taille d'une fosse de tourbage | ![]() Front de taille en paliers |