Zone morte - Définition

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Situation en 2004

Les zones mortes sont « la grande menace du XXIe siècle pour les stocks de poissons » titrait un communiqué de l’ONU émis à Nairobi le 29 mars 2004 lors de la huitième session extraordinaire du Conseil d’administration du PNUE et du Forum ministériel mondial sur l’environnement.

Les écologistes et les gestionnaires de ressources halieutiques sont particulièrement préoccupés par la mer Baltique et le golfe du Mexique où, malgré quelques améliorations locales, la situation globale ne cesse de se dégrader depuis les années 1980.

Selon Gary Schaffer (Université du Danemark), l'étendue de ces zones mortes (eaux océaniques en hypoxie constante) s'étendaient déjà sur 1 millions de km². Selon lui, elles pourraient s'étendre sur une surface 7 fois plus grande avec quelques degrés de plus (pour comparaison la France mesure (675 000 km²)

Réversibilité

Si le phénomène est temporaire, et qu'il ne se reproduit pas tous les ans, une certaine résilience écologique semble a priori possible. Elle sera facilitée par la présence d'un continuum biologique et la proximité de zones riches en biodiversité (noyaux de recolonisation, qui peuvent par exemple être des réserves naturelles sous-marines). Néanmoins, le « retour à la normale » demandera du temps ; un temps variable selon la richesse antérieure et la sensibilité du milieu, selon son degré d'insularité écologique et selon l'ampleur et la durée du phénomène de zone morte, car une fois que la source de nutriments est maîtrisée, il faut aussi le temps que les excès d'azote et de phosphore soient recyclés ou dilués par l'écosystème, ce qui est plus long pour le phosphore que pour l'azote.

D'autre part, dans les cas les plus graves, le patrimoine génétique et écologique perdu, qui constitue un élément essentiel de la biodiversité l'est définitivement. D'autres individus et d'autres colonies, éventuellement appartenant à d'autres espèces viendront remplacer ceux qui ont disparu, en commençant par les espèces pionnières et celles qui se déplacent facilement. Si la zone morte était autrefois un lieu de biodiversité abritant, par exemple, les derniers échantillons de certaines espèces endémiques, ces dernières ne réapparaîtront pas.

Enfin, la réversibilité n'est possible que quand on peut intervenir sur la source du problème, ce qui n'est pas le cas lorsque comme en Orégon, les causes semblent liées à des changements de grande ampleur, de type climatique.

Impact économique

L'impacts économique n'a pas été évalué, mais semble considérable pour la pêche. L'hypoxie est, par exemple, jugée responsable de l'effondrement des populations de crevettes dans le golfe du Mexique, des homards dans le Kattegat (Norvège) et d’une réduction générale de la ressource halieutique en mer du nord, et plus encore dans les mers fermées (mers Noire et Baltique).

À titre d'exemple encore, en aval de l’estuaire du Mississippi, les pêcheurs de Louisiane se plaignent en 2006-2007 de l’extension de la « zone morte du golfe du Mexique » (sa surface a doublé en 22 ans de 1985 à 2007). Les chercheurs qui l’étudient estiment qu’il y a un lien entre les records d’anoxie de juillet 2007 et les records de surface plantées en maïs (En 2007, la plus vaste surface de maïs (généralement OGM) jamais plantée aux États-Unis l’a été « grâce » aux détaxations et subventions aux agrocarburants et en particulier à l’éthanol. Cette politique vise à rendre le pays moins dépendant des importations de pétrole, et à diminuer ses émissions de gaz à effet de serre. Le maïs OGM est cultivé avec des engrais azoté, traité avec des quantités croissantes d'Atrazine (désherbant), et il émet la toxine Bt dans sa rhizosphère (le Bt est susceptible d’être lessivé par les pluies sur les sols sensibles à l’érosion).

Comble d’ironie, cette zone morte dont la taille en 2007 atteint la surface de l’État du New Jersey, émet d’importantes quantité de gaz à effet de serre (méthane, dioxyde de carbone que les agrocarburants étaient justement censés réduire)

En juillet 2007, les chercheurs craignaient de voir cette zone morte atteindre plus de 22 000 km2. La plupart des poissons y meurent ou la fuient, et les crevettes, autrefois abondantes, y meurent asphyxiées. En juillet 2007, Nancy Rabalais, pilote de l’équipe de chercheurs du Louisiana Universities Marine Consortium qui étudie cette zone, estimait que les engrais azotés utilisés pour ce maïs sont en grande partie responsables de cette extension, et elle note que « si ceci se produisait au milieu du pays, les gens seraient outrés ».

La filière pêche est la plus directement affectée : elle est en Louisiane la seconde en importance pour les États-Unis (derrière l'Alaska). Elle produisait les premiers tonnages de crevettes, d'huîtres et d'écrevisses (selon les statistiques officielles), mais le nombre de pêcheurs de crevettes a, dans cet État, chuté de 40 % de 2001 à 2007.

Depuis 1990, après un pic de 46,9 millions de kg, les débarquements de crevette brune en Louisiane et au Texas ont régulièrement décliné, au fur et à mesure que la zone d'hypoxie augmentait.

De plus, là où les crevettes survivent, elles sont de taille plus petite. Le poids moyen des crevettes a diminué de 23 pour cent en 10 ans (de la fin des années 1980 aux années 1990) dans cette région.

Un task force associant l'Agence de protection de l'environnement des États-Unis (EPA) et des scientifiques, des agences d'État et des agences fédérales s’est fixé en 2001 un objectif de réduction de la taille de cette zone à 2 000 miles2, mais les recommandations de ce groupe sont peu suivies, dans un contexte qui incite les agriculteurs à planter sans précautions (ce maïs n'est pas alimentaire, et les primes aux raffineurs, aux distributeurs et aux détaillants de carburant sont très incitatives). La promotion de l’éthanol par le gouvernement des États-Unis et tous les États (subvention de l’Alabama, par exemple) n’a jamais été aussi intense qu’en 2007.

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