Saint Louis (paquebot) - Définition

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passagers bloqués au port de la Havane

Le Saint Louis était un paquebot allemand à bord duquel 963 juifs allemands quittèrent l'Allemagne nazie durant l'été 1939.

Le paquebot

Le Saint-Louis était en général affecté à la ligne Hambourg-Amérique (Hapag). Il disposait de huit ponts et pouvait accueillir 400 passagers en 1re classe (800 Reichsmarks) et 500 passagers dans la classe touriste (600 Reichsmarks). Les passagers avaient en outre été obligés de payer 230 Reichsmarks de plus au cas où le bateau serait obligé de faire demi-tour. À l'été 1939, le bateau était commandé par le capitaine Gustav Schröder et comprenait 231 membres d'équipage.

La traversée de l'été 1939

embarquement à Hambourg

Contexte

En 1939, les juifs allemands étaient très largement persécutés. Quelques mois auparavant, en novembre 1938 s'était déroulé un pogrom dans toute l'Allemagne, la nuit de cristal. De nombreux juifs étaient en camp de concentration. Dans le même temps, les lois sur l'immigration avaient accentué la difficulté que les juifs allemands éprouvaient pour quitter l'Allemagne.

Dans ce contexte, le Saint Louis constituait pour beaucoup le dernier espoir pour quitter l'Allemagne. La plupart de ceux qui embarquèrent étaient fortunés car il avait fallu payer pour obtenir les visas et être autorisé à quitter l'Allemagne. Ils laissaient, contraints par les nazis, tous leurs biens derrière eux. Un certain nombre de passagers avait réussi à sortir des camps de concentration, tels que Dachau, dans lesquels ils étaient internés à la condition expresse qu'ils quittent l'Allemagne afin d'émigrer avec le Saint Louis.

Beaucoup de passagers laissaient derrière eux certains membres de leur famille car le coût du billet était prohibitif pour des juifs qui avaient souvent perdus leur travail et tous leurs biens. Un certain nombre d'entre eux avaient aussi de la famille qui avait émigré auparavant.

Pour les nazis, ce voyage servait essentiellement à des fins de propagande. Leur objectif était de montrer que les juifs allemands étaient libres d'émigrer s'ils le désiraient. Cependant, le bateau avait aussi à son bord 6 espions allemands travaillant pour le compte de l'Abwehr. Ils étaient chargés de récupérer à Cuba des informations concernant l'armée américaine.

Le voyage vers Cuba

le Saint Louis sous escorte dans le port de la Havane

Les passagers embarquèrent le 13 mai 1939 et le bateau appareilla de Hambourg à huit heures du soir, sous la direction du capitaine Gustav Schröder. Le voyage était à destination de Cuba, où les juifs étaient censés attendre que les quotas américains leur permettent de rentrer aux États-Unis. Une demi-heure après avoir quitté le port, le Saint Louis reçut un message qui ordonnait, sans explication, au bateau d'aller à pleine vitesse car deux autres navires, le Flandre et l’Orduna, faisaient aussi route vers Cuba avec des réfugiés juifs à leur bord. Le voyage se déroula dans de bonnes conditions. Le capitaine avait insisté auprès de l'équipage afin qu'il traite les passagers comme c'était le cas lors des croisières habituelles. Le 23 mai, le capitaine reçut un télégramme l'informant d'un possible problème pouvant empêcher les passagers de débarquer à Cuba. Il organisa un petit comité composé de juristes afin d'étudier la question et les options possibles au cas où les passagers ne seraient pas autorisés à débarquer à Cuba.

L'asile refusé

Au début de l'année 1939, la gouvernement cubain établit un décret (le décret 55) différenciant les conditions d'accès sur son sol selon que les arrivants étaient touristes ou réfugiés. Au contraire des touristes, les réfugiés avaient besoin d'un visa pour entrer à Cuba. Ils devaient en plus payer 500 dollars afin de prouver qu'ils pourraient subvenir à leurs besoins une fois arrivés sur l'île. Cependant, le décret avait une faille : il ne définissait pas clairement la différence entre un touriste et un réfugié. Le directeur de l'immigration, Manuel Benitez en profita et vendit des permis autorisant ceux qui les possédaient à débarquer à Cuba en tant que touristes. La société Hapag proposa des packages contenant une traversée et un visa. Le 5 mai, le président cubain, Frederico Laredo Bru, et son cabinet firent passer un décret (le décret 937) afin de mettre fin à ce trafic. Les raisons sont multiples : Benitez n'aurait pas partagé ses gains et la situation économique de Cuba se serait dégradée, les immigrants devenant des bouc-émissaires.

Les passagers se virent refuser l'entrée à Cuba, malgré les visas que leur avait accordé l'ambassade de Cuba en Allemagne. Le bateau tenta ensuite de débarquer ces passagers aux États-Unis.

Retour en Europe

négociations en Belgique

Le périple du bateau entraîna une très grosse controverse aux États-Unis. À l'origine, le président des États-Unis Franklin Delano Roosevelt montra une volonté modeste d'accueillir une partie des réfugiés, mais l'opposition véhémente du Secrétaire d'État, Cordell Hull et des démocrates du sud (certains allant jusqu'à le menacer de ne pas le soutenir à l'élection présidentielle de 1940), le firent renoncer.

Le 4 juin 1939, Roosevelt ordonna d'interdire l'entrée au bateau qui attendait dans la mer des Caraïbes entre la Floride et Cuba. Il essaya d'entrer au Canada, mais une nouvelle fois fut refoulé. Le bateau repartit en direction de l'Allemagne. Durant la traversée du retour, Morris Troper directeur pour l'Europe de l'American Jewish Joint Distribution Committee entrepris des démarches pour trouver une issue.

Le samedi 10 juin, la Belgique acceptait d'accueillir environ 250 passagers, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, et la France firent des offres similaires. Le bateau accosta à Anvers, ville à partir de laquelle les passagers furent redirigés vers leur destination finale. Les passagers à destination de la France et du Royaume-Uni prirent un autre bateau envoyé par la compagnie qui avait affrété le Saint Louis. Environ 200 passagers furent accueillis par la France à leur arrivée à Boulogne et 282 par le Royaume-Uni à Southampton. La Belgique et les Pays-Bas accueillirent environ 200 passagers chacun.

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