American Gods - Définition

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Prix littéraires

Amercian gods a obtenu :

  • le prix Hugo du meilleur roman en 2002 ;
  • le prix Nebula du meilleur roman en 2002 ;
  • le prix Locus du meilleur roman de fantasy en 2002 ;
  • le prix Bram Stoker du meilleur roman fantastique en 2002 ;
  • le prix Bob-Morane du meilleur roman étranger en 2003.

Commentaires

Colonisation de l'Amérique

Neil Gaiman exploite dans American Gods certains épisodes peu glorieux de l'histoire du peuplement des États-Unis. Au lieu d'évoquer la mythologie moderne qui entoure l'arrivée des premiers colons européens en quête d'un espace de liberté pour pratiquer leur culte religieux, l'auteur britannique évoque par exemple l'embarquement forcé des repris de justice britanniques au XVIIIe siècle ou l'arrivée des esclaves vendus aux négriers arabes.

Neil Gaiman retient les épisodes suivants dans l'histoire de la colonisation de l'Amérique :

  • 14 000 avant J.-C. : tribu primitive qui migre vers le continent américain à partir du Grand Nord ;
  • 813 : première arrivée des Vikings, massacrés par les indigènes ;
  • 1721 : arrivée de condamnés à mort fuyant les prisons britanniques et irlandaises ;
  • 1778 : arrivée d'une jeune africaine vendue par son oncle à des négriers ;
  • 2000 : un citoyen du Sultanat d'Oman, envoyé par sa famille pour vendre des bibelots de fabrication moyen-orientale.

À chaque fois, il s'agit pour l'auteur de montrer comment des populations d'origines géographiques et cultuelles très variées ont peu à peu abandonné leurs pratiques religieuses ancestrales une fois installées sur le continent nord-américain.

Une vision de l'Amérique

Du point de vue mythologique ou plus généralement spirituel, Neil Gaiman présente l'Amérique comme une « gare centrale » où ont transité biens et personnes depuis la préhistoire jusqu'à l'époque contemporaine. Mais s'il est historiquement multi-culturel, ce pays est présenté comme fondamentalement hostile aux dieux étrangers et définitivement marqué par une approche plutôt animiste, celle des Nord-Amérindiens : « La religion, c'était le pays, l'église, c'était le pays ». L'Amérique apparaît comme une contrée sauvage et indomptable, que Neil Gaiman représente souvent sous les traits de l'Homme-Bison dans les rêves de son héros, Ombre. Le lent effacement symbolique des dieux des origines stigmatise également une société américaine qui a depuis longtemps rompu avec ses racines multi-ethniques extérieures pour fonder une nouvelle société, unique en son genre et culturellement émancipée.

Du point de vue sociologique, l'auteur britannique fait voyager ses personnages des plus grandes villes américaines (Chicago, Las Vegas) aux petites villes les plus reculées (Lakeside). Il évoque la désertification des États les plus pauvres où ne restent plus que des Amérindiens paupérisés et les ravages économiques que causent dans les campagnes des politiques commerciales aussi agressives que celle de la chaîne américaine Wal-Mart.

Mythologie underground ?

Le monde mythologique que décrit Neil Gaiman dans son roman ne manque pas d'humour. Quelle que soit leur origine, les dieux hindous, égyptiens, slaves, germaniques, celtiques ou amérindiens vivent pour la plupart dans un monde glauque et dépravé, usant d'un langage courant pour le moins vulgaire et menant des vies souvent dissolues. Quelques-uns, dont Thor, se sont même suicidés, ne supportant plus la vie moderne.

Pour les faire survivre dans un monde moderne qui a oublié les dieux de ses origines, Neil Gaiman prête à chacun de ses dieux des activités particulières qui les classent la plupart du temps dans un registre passablement underground : Odin / Wotan est présenté comme un escroc et un manipulateur dépourvu de scrupules dont tout le monde se méfie, Loki est un être sournois et fourbe, la Reine de Saba est une prostituée qui cherche ses clients sur internet, Czernobog est retraité d'un abattoir, les dieux Thot et Anubis sont des croque-mort, tandis que Whiskey Jack est devenu un vieil ermite alcoolique. Du panthéon céleste de leurs origines ne reste plus qu'un monde sub-urbain aux allures de « cour des miracles ».

Comme le secret de leur existence réside dans le sacrifice et l'adoration, les anciens dieux tentent de survivre en substituant à l'adoration volontaire de tout un peuple le phénomène plus contemporain de la prédation sociale (escroquerie, viol, meurtre). Odin / Wotan déflore de jeunes vierges au cours de ses voyages, la reine de Saba cannibalise ses clients dans un fantasme d'adoration, Czernobog sacrifie symboliquement des bœufs en les tuant à coups de masse dans un abattoir, Anubis et Thot, dieux des morts, s'occupent des corps de défunts, enfin, Hinzelmann, le kobold, sacrifie chaque année une jeune vierge, prenant ainsi le statut tout à fait moderne de tueur en série.

Changement de paradigme

Dans son roman, Neil Gaiman évoque à deux reprises le « changement de paradigme » qui s'est opéré à l'ère moderne dans les sociétés occidentales et tout particulièrement aux États-Unis. Un changement de paradigme est une modification de la vision du monde d'une société donnée et ce changement de paradigme touche en tout premier lieu le rapport des Américains aux anciennes divinités.

Dans l'Amérique post-moderne que décrit l'auteur britannique, les sacrifices humains ou les dépôts de nourriture votive dédiés aux anciens dieux ont été depuis longtemps remplacés par des sacrifices symboliques et immatériels : sacrifice du temps devant son téléviseur ou sacrifice d'argent dans les casinos. L'électronique et l'informatique modernes ont damé le pion à la magie ancestrale qui faisait communiquer le monde humain avec le monde des forces invisibles. Les lieux sacrés ont été abandonnés aux profits de parcs d'attraction (comme la « Maison sur le rocher » évoquée dans le roman et qui existe réellement : The House on The Rock) dénués de toute dimension sacrée et dont la magie repose simplement sur une idée habilement exploitée commercialement.

Le monde contemporain n'est plus en mesure de payer le prix exorbitant des sacrifices humains que réclamaient les anciens dieux. Le monde contemporain n'adore plus que la technologie et les biens matériels.

Culture audiovisuelle moderne

Dans American Gods, les personnages du roman évoluent dans une société où l'image cinématographique ou télévisuelle sert de principal système de référence culturelle, balayant tout le paysage audiovisuel américain : du dessin animé des studios Looney Tunes ou Walt Disney aux films d'horreur en passant par des séries télévisées cultes. Ainsi, les différentes situations du roman évoquent chez les protagonistes des souvenirs de scènes tirées de Tortues ninja, Xéna, la guerrière, Lassie, South Park, M*A*S*H, Dick Van Dyke Show, I love Lucy, Dallas, Dynastie, Hercule, Tonight Show, X-Files, Des agents très spéciaux, Max la Menace, Choupette la Coccinelle, Le Magicien d'Oz, Le Fugitif, Cheers, Carrie, Titi et Grosminet.

Le livre comme support culturel, en revanche, apparaît de manière plus ambiguë. Si Ombre lit tout au long du roman les Histoires d'Hérodote, seuls deux autres personnages très secondaires sont décrits avec un livre à la main : un veilleur de nuit dans un hôtel qui lit un roman de John Grisham et l'organisateur d'une vente de charité qui lit Le Meurtre de Roger Ackroyd d'Agatha Christie. Sinon, les livres sont des objets bradés (vente aux enchères), abandonnés dans des voitures (En terre étrangère de Robert A. Heinlein) ou simplement empilés dans des cartons en attente d'une improbable lecture (comme la collection de romans de Robert Ludlum du shérif Chad Mulligan).

Références musicales

Dans American Gods, Neil Gaiman accumule les références musicales en tous genres. Si quelques auteurs de musique classique sont simplement évoqués (Camille Saint-Saëns, Maurice Ravel, et Johann Strauss), c'est surtout à la musique américaine du XXe que l'auteur fait la plus large part dans son roman.

Neil Gaiman cite des œuvres tirées de l'histoire musicale américaine qui servent de références culturelles aux personnages du roman et de commentaires à différentes scènes du roman. Parmi les différents titres cités, le lecteur découvre des chansons folkloriques traditionnelles, la musique de variétés des années 1960, la musique country, le rock, le folk, le folk rock, avec par exemple : Patsy Cline, Walking after Midnight, Why can't he be you ?, The Dixie Cups, Iko, Iko, Velvet Underground, Who Loves the Sun ?, Bob Dylan, A Hard Rain's a-Gonna Fall, (en) Tom Waits, Scott McKenzie, San Francisco (Be Sure to Wear Flowers in Your Hair), Stephen Sondheim, Old friends, Greg Brown, In the Dark with you, Frank Sinatra, The Way You Look Tonight, The Animals, Don't Let Me Be Misunderstood, The Indigo Girls.

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