Il n’existe que très peu d’observation de publiées sur les parasites de l’anguille d’Amérique dans les eaux canadiennes par rapport aux eaux des États-Unis. Au cours d’une étude effectuée dans l’est des États-Unis, quatre espèces d’Acanthocephala ont été trouvées dans les intestins. Hoffman a énuméré plusieurs espèces de parasites de l’Anguille dans les eaux douces de l’Amérique du Nord comprenant les protozoaires, les trématodes, les cestodes, les nématodes et les crustacés. Des études plus récentes en Amérique du Nord ont montré que le nématode parasite de la vessie natatoire, l’Anguillicola crassus, très répandu en Europe, a d’abord été découvert dans une anguille isolée prise dans Caroline du Sud en 1995. Depuis lors, il a été repéré chez des anguilles du fleuve Hudson et de la baie de Chesapeake. En fait, les anguilles au Massachusetts, affichent un taux d’infestation dépassant les 90 %. Les infections graves peuvent donner lieu à des lésions hémorragiques, à la fibrose ou au collapsus de la vessie natatoire, à l’ulcération cutanée, à la baisse d’appétit et à la réduction de la performance natatoire. Van Ginneken et ses collègues ont souligné que les parasites causent le rétrécissement de la vessie natatoire, ce qui augmente l’investissement dans la nage et réduit la capacité migratoire.
Par contre, au cours des cinq dernières années, près de 1 200 anguilles ont été examinées dans le réseau du haut Saint-Laurent et du lac Ontario, et aucune d’elles n’était porteuse de parasites de la vessie natatoire. Depuis 2002, plusieurs centaines d’anguilles argentées en avalaison dans le bas Saint-Laurent ont été échantillonnées chaque année en vue de l’examen de leur vessie natatoire, et aucun parasite n’a été signalé. Le fait que l’Anguillicola crassus n’ait pas été détecté au Canada n’écarte pas la possibilité d’un progrès de ce parasite vers le nord, le long de la côte étatsunienne, et sa présence actuelle dans le Maine, près de la frontière canadienne porte à croire son arrivée au Canada.
Le cycle vital de l’anguille d’Amérique englobe une vaste gamme d’habitats couvrant tous les degrés de salinité: milieux océaniques, côtiers, estuariens et d’eau douce. Une fois que l’anguille rostrata a atteint la taille de la maturité sexuelle, elle va quitter les rivières et les lacs pour rejoindre l’océan à la fin de l’automne. Elle fraie au milieu de l’hiver dans la mer des Sargasses et ses œufs éclosent au bout d’une semaine environ. En fonction de la taille, les femelles pondent de 3 à 22 millions d’œufs à une profondeur moyenne de 400 mètres. Sa forme larvaire, appelée leptocéphale, est comprimée latéralement, transparente et d’une forme rappelant la feuille de saule. Les leptocéphales sont dispersés de façon passive pendant une période de sept à douze mois par les courants de surface du Système du Gulf Stream sur les côtes occidentales de l’océan Atlantique. Durant cette répartition stochastique les larves vont atteindre de 55 à 65 millimètres de longueur, elles se métamorphosent en civelles transparentes, un stade postlarvaire caractérisé par un manque de pigmentation.
Au cours de la remonte des civelles, leur degré de pigmentation s’accroît progressivement pour devenir des civelles pigmentées. À mesure qu’elles entrent dans les eaux côtières, elles se transforment d’un organisme pélagique océanique en un organisme benthique continental. Pendant ce stade, qui dure de 3 à 12 mois, les jeunes peuvent remonter des cours d’eau ou rester dans des eaux saumâtres ou salées et finissent par se transformer en anguille jaune. Elles ne sont pas encore sexuellement différenciées. Le stade d’anguille jaune constitue la phase de croissance de l’espèce caractérisée par la différenciation sexuelle et l’épaississement du tégument. La couleur du ventre varie du jaunâtre au verdâtre et au brun olive, mais le dos reste noir. La peau est épaisse et coriace et elle peut sécréter de vastes quantités de mucus constituant une couche protectrice. Les écailles sont rudimentaires et profondément incluses dans la peau. La croissance va dépendre de la température de l’eau et de l’abondance de nourriture. La différenciation sexuelle qui survient pendant cette période semble être fortement influencée par les conditions de l’environnement. L’anguille est essentiellement omnivore, nocturne et benthique.
Au fil du processus de maturation (de 8 ans à 23 ans), l’anguille jaune se métamorphose en anguille argentée. À ce stade, il y aura lieu des modifications sur le plan physique et physiologique dans les anguilles pour les préparer à franchir des milliers de kilomètres pour revenir à leur lieu de naissance en eau salée. Parmi ces modifications figurent une dégénération du système digestif, un agrandissement des nageoires pectorales, une augmentation du diamètre des yeux, une adaptation des pigments visuels des rétines à l’environnement océanique, une augmentation des lipides somatiques, de l’indice gonadosomatique, du diamètre des ovocytes, de la production de la gonadotrophine, ainsi qu’un changement de la physiologie osmorégulatrice. L’anguille acquiert, alors, une livrée grisâtre et une coloration blanchâtre, ou crème sur le ventre. Elle est enfin prête pour son grand voyage vers la mer des Sargasses où elle se reproduira et disparaitra.