En mathématiques, et plus particulièrement en algèbre, Z/nZ est un cas particulier d'anneau, correspondant au calcul modulaire sur les restes des entiers dans la division par n.
Tout anneau unitaire contient soit un sous-anneau isomorphe à Z/nZ soit à Z l'anneau des entiers.
Cet anneau joue un rôle particulier en arithmétique, il est en effet l'outil de base de l'arithmétique modulaire.
L'article Congruence sur les entiers traite le même sujet avec une approche plus didactique et moins exhaustive, tandis que l'article Arithmétique modulaire traite de l'histoire de ce concept, des outils utilisés ainsi que de ses applications.
La division euclidienne dans Z montre que cet ensemble est un anneau euclidien, en conséquence Z est un anneau principal. Cela signifie que pour tout idéal I de Z, il existe un entier n tel que I est égal à nZ. Comme les idéaux nZ et -nZ sont confondus, il est toujours possible de choisir n positif. Dans toute la suite de l'article n désigne un entier positif.
La construction de Z/nZ correspond à la construction générale des anneaux quotients. Ici la relation d'équivalence correspond à la classique congruence sur les entiers. Un élément de Z/nZ est la classe des éléments ayant tous le même reste par la division euclidienne par n.
Un élément est identifié par un membre de sa classe, souvent l'entier compris entre 0 et n - 1. Il est parfois noté ou , ainsi dans Z/6Z, désigne la classe contenant les éléments 2, 8, 14 etc... Quand il n'existe pas d'ambigüité, on utilise simplement la lettre a.
Le groupe des unités d'un anneau correspond au groupe multiplicatif formé des éléments inversibles. De tels éléments sont appelés unité.
Si m est premier avec n alors il est inversible, sinon soit d un diviseur commun différent de un, soit k l'entier tel que d.k = n, le fait que m.k soit un multiple de n montre que m est un diviseur de zéro et donc est non inversible.
Un élément du groupe additif Z/nZ est générateur si et seulement s'il est premier avec n, car son ordre est alors égal à n. Or le paragraphe Indicatrice d'Euler de l'article Groupe cyclique montre que le nombre d'éléments générateurs est égal à φ(n).
Dans le cas où n est premier c'est-à-dire si l'anneau est un corps, la structure est la suivante :
En effet, tout élément autre que celui nul est inversible, l'ordre du groupe multiplicatif est donc n - 1. Le groupe multiplicatif est naturellement fini, il admet un exposant e, l'exposant est le plus petit commun multiple des ordres des différents éléments du groupe multiplicatif. Considérons le polynôme de Z/nZ[X] suivant : Xe - 1. Il admet pour racines tous les éléments du groupe multiplicatif donc n - 1 racines différentes. Or tout polynôme à coefficients dans un corps possède un degré supérieur ou égal à son nombre de racines. On en déduit que e est supérieur ou égal à n - 1. Le théorème de Lagrange, qui a pour corollaire le fait que l'ordre d'un élément est un diviseur de l'ordre du groupe, montre que e est égal à n - 1.
Pour conclure il suffit de constater que tout groupe abélien fini possède un élément d'ordre l'exposant, cette propriété est démontrée dans l'article détaillé. Le groupe multiplicatif possède un élément d'ordre le cardinal du groupe et qui est donc primitif, ce qui montre que le groupe est cyclique et termine la démonstration.
Remarque : un raisonnement de cette nature montre que tout groupe multiplicatif fini d'un corps commutatif est aussi cyclique.
Dans le cas où n n'est pas premier, la structure est naturellement celle d'un groupe abélien fini elle correspond donc à un produit de groupes cycliques d'après le théorème de Kronecker. La structure est plus complexe que celle du cas précédent, plusieurs propositions sont nécessaires pour l'expliciter.
C'est une conséquence du théorème chinois.
Le théorème fondamental de l'arithmétique limite alors l'étude au cas ou n est égal à pr avec p un nombre premier et r un entier strictement positif. Deux configurations se présentent :
Tous les cas ne sont pas traités, il reste celui ou p est égal à deux et r est égal à un ou deux. Cependant ces cas sont triviaux, le groupe contient un ou deux éléments et par conséquent est cyclique.
Si m n'est pas premier avec n, ils ont un diviseur a commun différent de 1 et de n. Soit b l'entier tel que a.b soit égal à n, alors la classe de m.b est la classe nulle donc les classes de m et de b sont des diviseurs de zéro.
Réciproquement si m est premier avec n, alors l'identité de Bézout montre l'existence d'un entier a tel que la classe de a.m est celle de l'unité, en conséquence m est une unité.
C'est une conséquence directe de la proposition précédente, φ(n) désigne exactement le nombre d'entier inférieur à n et premier avec n.
Pour démontrer cette proposition vérifions d'abord l'égalité suivante par récurrence sur k :
Pour k égal à 1, l'égalité est vrai avec λ égal à 3. Supposons le résultat vrai pour k et montrons le pour k + 1
L'anneau quotient de cardinal 2r admet un idéal de cardinal 2r - 2 car le deuxième cardinal divise le premier. Le quotient de Z/2rZ par Z/2r-2Z est isomorphe à l'anneau Z/4Z. Soit ψ' le morphisme d'anneau de Z/2rZ dans Z/4Z, sa restriction ψ au groupe des unités est le morphisme recherché.
L'application ψ a pour ensemble de départ un groupe d'ordre 2r-1 et un ensemble d'arrivé un groupe d'ordre 2 car φ(2r) = 2r-1 si φ désigne l'indicatrice d'Euler. Ceci démontre que l'ordre du noyau de ψ est égal à 2r-2. Ce noyau contient 5, en effet ψ(5) = 5ψ(1) = 1 dans (Z/4Z)*. Toutes les puissances de 5 sont dans le noyaux de ψ car 5 l'est, or la première égalité démontrée dans cette preuve affirme que 5 est d'ordre 2r-2 car λ est impair. Donc le noyau de ψ est un groupe cyclique d'ordre 2r-2.
L'élément -1 possède comme image 3 par ψ, il n'est donc pas dans le noyau, le groupe {-1, 1} est d'intersection réduite à l'unité avec le noyau, ils sont donc en somme directe (cf produit direct). le produit des ordre du noyau et de celui du groupe {-1, 1} est égal à l'ordre du groupe des unités, la somme directe est donc égale au groupe des unités, ce qui termine la démonstration.
La démonstration est analogue à la précédente. Pour démontrer cette proposition vérifions d'abord l'égalité suivante par récurrence sur k :
La formule du binôme de Newton montre que, si k est égal à 1, il existe un entier m tel que :
Supposons la propriété vraie à l'ordre k et montrons là à l'ordre k + 1.
L'égalité précédente montre que p + 1 est d'ordre un diviseur de pr-1 et comme λ est premier avec p son ordre n'est pas un diviseur de pr-2 son ordre est donc bien pr-1.
Considérons alors ψ le morphisme surjectif du groupe des unités dans le groupe Z/pZ*. Son existence est démontrée par un raisonnement analogue au précédent. Le groupe d'arrivée est un groupe cyclique d'ordre p - 1 car p est premier (cf le cas où n est premier). Soit a un antécédent d'un élément générateur du groupe d'arrivée. Il génère un groupe cyclique d'ordre un multiple de p - 1. Ce groupe cyclique donc contient au moins un élément b d'ordre p - 1 et b engendre un groupe cyclique d'ordre p - 1.