Rôle dans l'écosystème
L'abeille joue un rôle important dans la nature à travers la pollinisation. Un rôle particulièrement rappelé depuis les craintes de disparition de l'espèce exprimées au milieu des années 2000.
Consommatrice de pollen et de nectar les abeilles participent au transport du pollen des fleurs qu'elles visitent et assurent ainsi la pollinisation de nombreuses espèces de plantes à fleurs sauvages ou cultivées. Elles sont particulièrement utiles dans les vergers ou même parfois pour assurer la pollinisation dans des cultures sous serres. Étant des insectes, elles sont parfois sensibles aux traitements phytosanitaires utilisés pour lutter contre certains ravageurs. À ce titre, leur bonne ou mauvaise santé peut être considérée comme un bon témoin de la qualité des pratiques agricoles et de leurs conséquences sur le milieu naturel.
« Si l'abeille venait à disparaître, l'homme n'aurait plus que quatre années à vivre ». Cette citation attribuée à tort à Albert Einstein (elle a été inventée par un journaliste) illustre l'interdépendance des espèces. L'ensemble des pollinisateurs (essentiellement les insectes mais aussi certains mammifères et oiseaux) assurent la reproduction de 80% des espèces végétales, parmi lesquelles se trouvent près de 35% des ressources alimentaires mondiales.
Maladies et menaces des abeilles à miel
- Voir aussi l'article Syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles
En Europe et aux États-Unis d'importantes et brutales mortalités ou non retour d'abeilles à la ruche sont souvent constatées chez les abeilles domestiques, alors que les abeilles sauvages régressent aussi. Les causes de ce phénomène sont encore mal comprises. Parmi les causes, on évoque les pesticides, mais aussi les plantes GM (génétiquement modifiées), dont le maïs Bt. Le recul de la biodiversité florale et donc de la diversité qualitative des ressources alimentaires, de plus en plus pauvres et uniformes, serait également à prendre en compte, comme pour le cas de la disparition des papillons.
De nombreux prédateurs et maladies peuvent affecter les abeilles à miel.
Les maladies
- L'ascosphérose est une mycose encore appelée maladie du couvain plâtré ou couvain calcifié. Ascosphaera apis fait périr les larves qui se momifient et deviennent dures et cassantes tout en ayant conservé leur forme.
- La loque américaine est causée par un bacille (Paenibacillus larvae) qui infecte les larves. le couvain présente un aspect irrégulier, dit en mosaïque, et dégage une odeur caractéristique de colle forte. Elle est aussi appelée loque gluante ou pourriture du couvain.
- La loque européenne ou loque bénigne est également causée par une bactérie (Melissococcus plutonius).
- La nosémose, http://www.abeille-hainaut.be/ApiWiki/index.php?title=Nosema_apis_Zander (Archive, Wikiwix, que faire ?) est causée par un protozoaire (Nosema apis et Nosema ceranae[1]) qui parasite les abeilles adultes.
- L'acariose est provoquée par un acarien (Acarapis woodi) qui se nourrit de l'hémolymphe de l'abeille et se localise dans les trachées thoraciques empêchant l'abeille de voler.
- La varroase est provoquée par un autre acarien externe (Varroa destructor) qui parasite les larves et les adultes.
- En France, la loque américaine et la nosémose sont des maladies dites légalement contagieuses, soumises à des prescriptions légales sous le contrôle des services vétérinaires.
On ne connaît pas le nombre exact de virus chez l'abeille mais 20 ont été découverts. Certains mutent même en fonction de la zone géographique ou ils se trouvent.
- Le plus connu est celui du couvain sacciforme, appelé Sacbrood Bee Virus (SBV). Il se caractérise en infectant les larves d'abeilles qui sont ensuite enlevées par les abeilles provoquant ainsi ce couvain « à trous ». On retrouve ce virus également chez l'abeille adulte principalement en présence de varroas.
- Si on le retrouve également dans des colonies saines, le Virus du Cachemire (KBV) est particulièrement virulent chez A. cerana en présence de varroas provoquant même des épidémies importantes. Ce virus ressemble très fort au virus de la paralysie aiguë.
- Virus très connu également, le virus de la paralysie aiguë (ABPV) et présent chez l'abeille adulte de façon inapparente mais semble provoquer des mortalités importantes également en présence de varroas.
- Le Slow Paralysis Virus (SPV) a une même pathologie qu' ABPV
- Le virus dont ont parle le plus en ce moment est le virus des ailes déformées (DWV) qui est fortement liée à la présence de Varroa. Les symptômes typiques des abeilles naissantes avec des ailes déformées apparaissent lorsque les larves ont été touchées par le Varroa.
- Le Black Queen Cell Virus (BQCV) provoque la mort des larves de reines avec noircissement des cellules. Si des adultes sont parasitées par Nosema apis, le BQCV raccourcit leur durée de vie.
- En absence généralement de nourriture, Le virus de la paralysie chronique (CBPV) peut apparaître. Celui-ci n'est autre que l'agent de la « maladie noire ou mal de mai ». Caractérisé à l'entrée de la ruche par des abeilles noires, sans poils et tremblantes, incapables de voler et aux ailes écartées.
Moins connu comme virus, on trouve aussi :
- Virus de l'abeille de l'Arkansas (ArkBV), Responsable de la mort d'abeilles âgées de 15 à 25 jours.
- Virus X de l'abeille (BVX), localisé dans le tube digestif qui provoque des mortalités hivernales.
- Virus Y de l'abeille (BVY), est associé au printemps à la nosémose.
- Cloudy Wing Virus (CWV) ou Virus des ailes opaques, se développe dans les trachées et les muscles thoraciques provoquant ainsi l'opacité des membranes alaires. Il est un des virus les plus communs des pays nordiques.
- Egypt Bee Virus (EBV) ou Virus égyptien (au Japon on parle de JEBV), provoque la mortalité du couvain juste avant la nymphose.
- Virus filamenteux de l'abeille (FBV), peut donner un aspect laiteux à l’hémolymphe lorsqu’il y a mortalité hivernale due à Nosema apis.
Les prédateurs
- en hiver, des rongeurs comme les lérots pénètrent dans les ruches et détruisent les rayons.
- les lézards, les oiseaux insectivores (hirondelles, guépiers, bondrées apivores)
- Les cétoines, à partir de mai, s'introduisent dans les ruches et dévorent la cire et le miel en creusant des rigoles sinueuses dans les rayons.
- Le sphinx tête de mort (Acherontia atropos), un gros papillon nocturne, en plein été, pénètre dans les ruches et se nourrit de miel.
- Les chenilles des fausses teignes rongent la cire, se nourrissent du couvain et même du bois de la ruche.
- les larves de Meloe proscarabaeus (triongulin)
- les araignées, ainsi que certains insectes comme les guêpes ou les frelons capturent les butineuses, l'actualité parle du frelon asiatique apparu en France en 2005-2006.
Une étude a montré que les abeilles chypriotes utilisent un comportement collectif pour se défendre contre les frelons : elles forment une boule de 150 à 250 abeilles autour du prédateur provoquant sa mort par asphixie. Un comportement similaire avait déjà été montré chez les abeilles asiatiques, formant une telle boule pour augmenter la température à un niveau mortel pour le frelon.
Les insecticides
Les insecticides peuvent causer :
- des intoxications aiguës, provoquant des mortalités massives, en particulier si l'insecticide est employé en présence de pollinisateurs. En France, les restrictions d'emploi des produits phytosanitaires dans ce domaine sont précisées par l'arrêté du 28 novembre 2003 relatif aux conditions d'utilisation des insecticides et acaricides à usage agricole en vue de protéger les abeilles et autres insectes pollinisateurs.
- des effets sublétaux.
Au sujet de l'impact des insecticides, un lien est soupçonné en France entre l'emploi d'imidaclopride et de fipronil, qui sont les substances actives respectivement du Gaucho et du Régent, employés comme insecticides systémiques en traitement de semences, et des mortalités et désorientations de butineuses observées ces dernières années. La démonstration de ce lien fait débat entre les associations d'apiculteurs, les semenciers, les firmes phytosanitaires, les services de l'État et la justice.
Concernant les produits à base de fipronil, il a été décidé en France :
- par un avis publié au Journal officiel du 27 février 2004 :
- le retrait des autorisations provisoires de vente pour tous leurs usages des produits Régent TS et Régent 5 GR,
- la suspension des autorisations de mise sur le marché des produits Schuss, Jumper, Métis, Texas, Zoom pour tous leurs usages, jusqu’à ce que la décision communautaire relative à l’inscription de la substance active fipronil intervienne,
- pour les semences traitées avec les produits Régent TS, Jumper, Métis, Texas, Zoom : la distribution et l'utilisation sont interdites depuis le 1er avril 2004,
- par un arrêté du 19 avril 2005, publié au Journal officiel du 24 avril 2005 :
- l'interdiction de l'utilisation des produits phytopharmaceutiques contenant du fipronil ayant des usages en traitement du sol dans le cadre de la lutte contre les taupins et les charançons,
- l'interdiction des semences traitées avec des produits contenant du fipronil.
Concernant les produits à base d'imidaclopride, il a été décidé en France :
- pour le Gaucho : l'utilisation des semences de maïs traitées est interdite depuis le 1er juillet 2004 (avis au Journal officiel du 2 juin 2004). De plus, l'autorisation d'emploi du Gaucho pour le traitement de semences de tournesol est suspendue depuis 1999.
- pour le Confidor : la vente et l'utilisation sont interdites depuis le 1er juillet 2004 pour les usages sur pommier, poirier et melon (avis au Journal officiel du 4 mai 2004).
... et le thiaméthoxam
Depuis janvier 2008, le Ministère de l'Agriculture a autorisé l'utilisation du Cruiser comme insecticide d'enrobage du maïs. Le Cruiser contient une substance active différente du Gaucho et du Regent, appelée thiaméthoxam, signalée "dangereuse pour les abeilles" par le Ministère.