Architecture lombarde - Définition

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L'architecture lombarde en Langobardia Maior

Pavie

Le centre plus important de la culture lombarde fut Pavie, capitale du royaume de 625 à 774 ; cependant la plus grande partie des édifices qui y ont été construits entre le VIIème et le VIIIème siècle ont disparu ou ont subi des modifications radicales. Il nous reste cependant, outre les fragments architecturaux conservés au Museo Civico, des reconstructions graphiques et quelques restes encore visibles.

Fondée en 677 et aujourd'hui détruite, l'église de Santa Maria in Pertica devait son nom à l'ancienne tradition lombarde, d'origine païenne, d'honorer avec des piquets fichés dans le sol (perticae) les guerriers tombés dans des batailles lointaines. Avec un plan circulaire, elle avait un déambulatoire qui formait un anneau, délimité par six colonnes. Le corps central, contrairement à autres basiliques de forme arrondie comme celles de Constantinople ou de Ravenne, était extrêmement élancé et il fut la source d'inspiration la plus immédiate pour des architectures qui suivirent, comme la Chapelle Palatine d'Aix-la-Chapelle ou l'église de Santa Sofia de Bénévent. Un exemple lombard du même type qui a survécu jusqu'à nos jours est le baptistère de San Giovanni in Fonte, dans la ville voisine de Lomello.

Le principal édifice religieux de Pavie à l'âge lombard était l'église Sant'Eusebio, déjà construite comme cathédrale arienne par Rothari (636-652) et par la suite point d'appui de la conversion des Lombards au catholicisme, commencée avec Théodelinde de Bavière et continuée, à Pavie justement, par le roi Aripert Ier (653-661) et l'évêque Anastase. Du VIIe siècle il reste aujourd'hui la crypte qui, bien que remaniée à l'époque romane, présente encore quelques chapiteaux, un témoignage rare de la sculpture lombarde qui montre un éloignement de l'art classique à travers des formes originales inspirées par l'orfèvrerie.

Peu nombreux sont les restes de l'époque lombarde dans la basilique de San Pietro in Ciel d'Oro, dont la tradition attribue la construction à Liutprand pour abriter la dépouille de saint Augustin : elle a été entièrement reconstruite à la fin du XIIème siècle tandis que le Palais Royal, le principal édifice civil de l'architecture lombarde de Pavie, a été détruit au XIème siècle. Entièrement perdues sont les architectures lombardes de la Basilique de San Giovanni Battista, construite à l'initiative de la reine Gundeperga vers 635, et le monastère de Saint-Sauveur, fondé par le roi Aripert Ier en 657.

Monza

La ville de Monza a souvent été utilisée comme capitale d'été du royaume, en particulier sous l'impulsion de Théodolinde, reine des Lombards de 589 à 626. La souveraine y fit construire un palais royal et y ajouta une chapelle palatine dédiée à saint Jean-Baptiste (595 environ). Bientôt la chapelle fut agrandie et transformée en basilique, toujours dédiée au personnage de l’évangile et, sans doute, était déjà consacrée dès 603, si bien que l'abbé Secundus de Trente put y baptiser le fils de Théodolinde et d'Agilulf, l'héritier du trône Adaloald. Le palais et la basilique furent entièrement démolis entre le XIIIe et XIVe siècle pour faire place à la construction de la cathédrale de Monza ; des bâtiments lombards il n'est resté que peu de choses, dont une tour incluse dans l'abside de la cathédrale actuelle. Des sources écrites attestent que la basilique avait trois nefs et était précédée d'un atrium quadriportique.

Castelseprio

Église de Santa Maria (Castelseprio)

Démoli aussi, entre 1490 et 1492, le complexe sacré de San Giovanni de Turin ; actuellement le principal témoignage architectural lombard de Neustria en dehors de Pavie est l'aire archéologique de Castelseprio (Varese), ancienne citadelle lombarde abandonnée. Après la destruction, opérée par les Visconti à la fin du XIIIe siècle, de la forteresse de la colline lombarde, exemple de rapport direct avec l'architecture militaire romaine du castrum, il ne reste que quelques traces archéologiques, qui toutefois permettent d'identifier un tissu d'habitations qui atteste de la réutilisation par les Lombards de la citadelle romaine préexistante et d'une imposante ceinture de murailles.

C'est au VIIIe siècle que remonte la fondation, près du mur d'enceinte, du monastère de Torba ; de la construction d'origine, l'église de Santa Maria, reconstruite durant le bas moyen-âge, garde encore des traces bien visibles d'un clocher à plan quadrangulaire, une crypte à ambulatoire et de petits restes de fresques. Encore intact cependant est le donjon qui était déjà le point culminant de l'enceinte murale ; construit avec des matériaux récupérés provenant du castrum romain, il remonte peut-être à l'époque du royaume ostrogoth et, vers la fin de l'époque lombarde, il fut annexé au monastère, qui en occupa le premier et le deuxième étages comme chambre funéraire et comme oratoire [3]. C'est à cette phase que remontent les fresques, en partie conservées, qui nous montrent l'abbesse Aliperga ainsi qu'un Jésus au milieu des saints et des apôtres, avec une iconographie qui fait penser par certains aspects à celle du Tempietto di Cividale.

Le principal complexe religieux de Castelseprio était la basilique Saint-Jean-l'Évangéliste avec le baptistère octogonal qui y avait été annexé ; restaurés par les Lombards au septième siècle ils sont aujourd'hui en ruines ; encore intacte en revanche est l'église de Santa Maria foris portas, remontant à l'extrême fin de l'âge lombard (mais il est possible que la construction soit de peu postérieure et date des premières années de la domination carolingienne) ; elle abrite un des cycles picturaux les plus élaborés du Haut Moyen Âge.

Bergame

Église Saint-Étienne-le-Premier-Martyr (Rogno)

Près de Bergame, capitale d'un des duchés lombards les plus importants d'Austria, se sont conservés quelques vestiges d'anciens bâtiments religieux lombards, largement remaniés au cours des époques suivantes.

A Fara Gera d'Adda, la basilique Autarena, fondée par Autari (584-590), avait à l'origine une structure basilicale à trois nefs avec des murs construits en briques ; du bâtiment d'origine il ne reste plus que l'abside centrale, polygonale, marquée à l'extérieur par des bandes lombardes plates reliées par des arcs en plein cintre. Parmi les bandes lombardes centrales de l'abside centrale, étaient insérés de délicats monophores.

A Rogno, dans le Val Camonica, l'église Saint-Étienne-le-Premier-Martyr a conservé sa façade lombarde datant du VIIe siècle et incorporée dans les remaniements qui ont suivi. Les traces qui en ont survécu permettent de distinguer un portail en plein cintre, ouvert en brique dans la façade en pierre, surmonté de trois fenêtres (dont l'une a été murée par la suite), elles aussi avec un arc en plein cintre et en brique, disposées flanc à flanc et de mêmes dimensions.

Brescia

Église du Saint-Sauveur (Brescia)

Parmi les monuments lombards de Brescia, on remarque pour sa valeur architecturale exceptionnelle le couvent de Santa Giulia, qui englobe l'église du Saint-Sauveur. Le monastère fut fondé en 753 par le roi Didier (encore duc de Brescia à l'époque) et par sa femme Ansa, qui plaça à la tête du complexe monastique sa fille Anselperga comme première abbesse ; au cours des siècles suivants il fut profondément remanié et enrichi, en sorte qu'au style lombard caractéristique se sont ajoutés de nombreux autres types d'architecture, sans parler des fresques de Paolo da Caylina. Du noyau original on a conservé la structure à trois nefs scandées de colonnes et de chapiteaux datant en partie de l'âge classique et réutilisés dans le nouvel édifice, en partie de facture byzantine, en partie création originale et locale. L'église, avec un transept avec trois absides, a été entièrement décorée de stuc et de fresques, en sorte qu'elle constitue avec le petit Tempietto de Cividale un des appareils ornementaux les plus riches et les mieux conservés du haut moyen âge. En grande partie perdue la décoration de la crypte, à trois absides elle aussi, a conservé partiellement son équipement liturgique en marbre.

Un autre monument architectural lombard de Brescia est l'abbaye de Leno (Badia Leonense), un monastère bénédictin ancien fondé en 758 par Didier près de Leno afin de diffuser la règle bénédictine dans la région de la Plaine du . Aujourd'hui, de cette antique abbaye, il ne reste que divers objets monastiques retrouvés au cours des fouilles.

Cividale

Tempietto longobardo de Cividale

Le monument plus célèbre et le mieux conservé de l'architecture lombarde se trouve à Cividale, la capitale de l'important duché du Frioul, c'est le Tempietto longobardo. Témoignage de cette Renaissance qu'a connue l'époque de Liutprand, il a été construit au milieu du VIIIe siècle, probablement à l'initiative d'Astolf (duc de Frioul de 744 à 749 et roi des Lombards de 749 à 756) pour servir de chapelle palatine, à l'endroit où siégeait autrefois le gastald. Lorsque le lieu fut transformé en monastère le Tempietto fut rebaptisé « Oratorio di Santa Maria in Valle ». Il se compose d'une vaste salle à base carrée, avec un presbytère sous un portique de trois travées voûtées. Le côté occidental était l'ancien mur à l'entrée et il reste d'importants vestiges d'une extraordinaire décoration avec stucs et fresques ; dans la frise au niveau supérieur, librement superposées aux éléments architecturaux de l'édifice comme les fenêtres, on remarque huit figures de saints en relief, en stuc et exceptionnellement bien conservés. L'abside était autrefois ornée de mosaïques, mais aujourd'hui il ne reste plus trace de cette décoration [3]. Le Tempietto est particulièrement important car il marque la coexistence de motifs purement lombards (dans les frises, par exemple) avec une reprise des modèles classiques, ce qui crée une sorte de continuum aulique ininterrompu entre l'art classique, l'art lombard et l'art carolingien (dans les chantiers où travaillèrent souvent des ouvriers lombards, comme à Brescia) et l'art ottonien.

Presque entièrement perdu, toujours à Cividale, est le complexe épiscopal remontant au patriarche Callixte, qui en 737 avait transféré le siège épiscopal d'Aquilée à Cividale ; il se composait d'un ensemble de bâtiments qui comprenaient la basilique, le baptistère Saint-Jean-Baptiste et le palais du patriarche. Les fouilles archéologiques n'ont fourni que quelques traces des œuvres architecturales, mais elles ont permis de récupérer quelques-uns des plus beaux objets de la sculpture lombarde, comme les fonts baptismaux du patriarche Callixte et l'autel du duc Ratchis.

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