Capitulaire De Villis - Définition

Source: Wikipédia sous licence CC-BY-SA 3.0.
La liste des auteurs de cet article est disponible ici.

Introduction

Le capitulaire De Villis ou plus exactement le Capitulare de villis vel curtis imperii (ou imperialibus) est un acte législatif (capitulaire) datant de la fin du VIIIe siècle ou du début du IXe siècle. Charlemagne y édicte à l'intention des villici, les gouverneurs de ses domaines (villæ, villis) un certain nombre d'observances et de règles. Il ne s'agit pas (comme il est trop souvent dit) de simples recommandations mais de règles strictes sanctionnables (amendes, révocation, emprisonnement, bannissement…) car ce texte est une ordonnance royale dont l'application concrète sera contrôlée sur le terrain par les missi dominici (« les envoyés du seigneur »).

Ce texte est surtout connu par ses capitules (articles) 43, 62 et surtout 70 qui contient la liste d'une centaine de plantes, arbres, arbustes ou simples herbes dont la culture est ordonnée dans les jardins royaux. Par cette longue ordonnance de 120 articles (les fameux capitulæ), Charlemagne entendait, huit siècles avant Sully, réformer entièrement l'agriculture et l'administration de ses domaines, immenses puisqu'ils s'étendaient de l'Allemagne à l'Espagne. Domaines, dont, il faut bien dire que certains, notamment à l'Ouest, en Francie, étaient connus pour être fort mal gérés et entretenus.

À l'inverse, il serait par trop inexact et restrictif de réduire ce texte de 120 articles à ces seuls trois articles.

Alcuin, auteur du Capitulaire De Villis ?

L'auteur et la date de ce long texte, dont le seul exemplaire encore existant est conservé à la Bibliothèque de Wolfenbüttel en Allemagne, sont inconnus comme c'est souvent le cas pour les manuscrits carolingiens.

Il est évident que ce texte, véritable somme technique d'une quarantaine de pages, n'a pu être écrit in extenso par Charlemagne mais reflète sa volonté politique, économique et culturelle. Cependant, certains auteurs pensent qu'il aurait pu participer à certains articles comme la vénerie ou la fauconnerie.

Ce texte, qui s'intéresse et décrit minutieusement mille choses et activités : les métiers, les tissus, la chasse, la boucherie, la médecine, la botanique, l'agriculture, l'alimentation, mais aussi l'autorité dévolue à la reine, l'enseignement et la création d'écoles, etc. n'a pas pu de toute l'évidence être écrit par un seul homme, mais par une équipe complète. C'est une œuvre collective : l'une des premières du genre.

Pour tenter d'attribuer une paternité à ce fameux capitulaire, il ne reste que les érudits, les savants de l'époque au premier rang desquels arrivent les moines. Selon les spécialistes de la question, ce serait, pour sa plus grande partie, l'œuvre d'un de ses grands scribes. On penche aujourd'hui pour Alcuin.

Le capitulaire De Villis de nos jours

Aujourd'hui beaucoup de monastères possèdent un jardin (plus ou moins) conforme au capitulaire. Citons, outre Corbie :

  • Le jardin de l'abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire ;
  • Le jardin de l'abbaye de Saint-Gall en Suisse, datant du IXe siècle;
  • Le jardin carolingien de Melle, situé à Melle (dans les Deux-Sèvres, dans le site archéologique des anciennes mines d'argent des rois francs), est une reconstitution des jardins de l'époque carolingienne. Les cultures s'inspirent du capitulaire De Villis tandis que le tracé du jardin est à l'image du jardin du monastère de Saint-Gall.

L'article 70

Bien que l'identification des espèces précises ne soit pas toujours aisée, la longue énumération des 94 plantes (73 herbes, 16 arbres fruitiers, 5 plantes textiles et tinctoriales) que les domaines royaux se doivent de cultiver, contenue dans les chapitres 43, 62 et surtout 70, donne des indications précieuses sur les fruits et légumes cultivés à l'époque en France.

Les herbes

Chap. 70. Nous voulons que l'on cultive dans le jardin toutes les plantes, à savoir : lis, roses, fenugrec, costus [balsamite ?], sauge, rue, aurone, concombres, melons, gourde, dolique, cumin, romarin, carvi, pois chiche, scille (oignon marin), iris, estragon, anis, coloquinte, chicorée amère, ammi, chervis, laitue, nigelle, roquette, cresson (de terre ou nasitort), bardane, menthe pouliot, maceron, persil, ache, livèche, sabine, aneth, fenouil, chicorée, dictame, moutarde, sarriette, nasitort, menthe, menthe sauvage, tanaisie, cataire, grande camomille, pavot, bette, asaret, guimauve, mauve, carotte, panais, arroche, blette, chou-rave, chou, oignons, ciboulette, poireau, radis (ou raifort), échalote, cive, ail, garance, cardon, fève, pois, coriandre, cerfeuil, épurge, sclarée.

Et que le jardinier ait au-dessus de sa maison de la joubarbe.

Ainsi, pour la première fois, les différents jardins des moines sont clairement nommés et situés dans l'espace ; de même leurs attributions et leur contenu sont définis et, pour certains, détaillés. On obtient ainsi trois sortes de jardins différents :

  • L' herbularius ou jardin des simples : c'est en général, et à la fois, un jardin de plantes médicinales, aromatiques et condimentaires, pour la simple raison que la plupart des plantes alimentaires sont aussi des remèdes ;
  • L'hortus ou potager : (littéralement l'"enclos") ;
  • Le viridarium ou verger : ("vergier" en vieux français) planté de vigne, de charmille et de buis, il peut aussi évoluer en jardin d'agrément. Il doit contenir plusieurs exemplaires des 16 arbres fruitiers suivants : noyer, noisetier, pommier, poirier, prunier, sorbier, néflier, châtaignier, pêcher, cognassier, amandier, mûrier, laurier, pin, figuier, cerisier.

Mais les moines savaient aussi peut-être qu'ils pouvaient planter des rhubarbes au pied des noyers et faire courir la vigne dans les pommiers...

Page générée en 0.098 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise