Château de Nicolas d'Avesnes - Définition

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Description du castrum roman

Sur l'emplacement estimé de la tour César, un gros bâtiment (appelons-le donjon), ceint d'une chemise (la muraille qui entoure le donjon) à contreforts d'angle, est mis au jour. Cette disposition présentait peut-être des échauguettes au sommet des contreforts d'angle, comme on en retrouve sur les châteaux comtaux de Valenciennes (Hainaut français) et de Ath (Hainaut belge).

Au sol, les fondations du donjon présentent des murs de 2 mètres d'épaisseur. Il est orienté nord-sud. L'entrée (nord) se franchit par une ouverture de 1,85 m. de large. Elle présente des enduits d'origine et l'on voit bien que le bâtiment a fait l'objet de reprises au cours des siècles. La base de l'entrée, à 2,50 m. sous la surface du sol actuel, montre des déformations des pierres de seuil qui font penser à des traces d'usure de passage. La régularité de l'assise et la qualité de la taille des pierres sont remarquables. Les remaniements sont visibles par les différences d'appareils (les pierres) et de techniques de maçonnerie.

La souffrance du bâtiment, fendu dans son sens ouest-est, semble évidente quand on observe sa technique particulière de construction. La partie sud est implantée dans le tertre (la haute cour) tandis que la partie nord repose dans le fossé ceinturant la chemise. Peut-on l'imaginer posé sur des pieux, et justifier son enfoncement ? Les deux contreforts massifs semblent d'ailleurs avoir été placés à l'arrière (côté sud) pour stabiliser l'édifice. La jonction entre le bâtiment et la chemise paraît dans un état du XIIe siècle.

L'appareil de la chemise romane est essentiellement composé de « pierres plates », comme plus loin, sur la courtine jouxtant la tour gothique mise à jour. Cette technique se retrouve peu dans les constructions du XIVe siècle qui utilisent des parpaings de pierre bleue. En reportant sur un plan les éléments du mur mis au jour, de part et d'autre du donjon, on obtient un hexagone d'un diamètre d'environ 35 mètres. À chaque rupture d'angle, des renforts maçonnés soutiennent la chemise de part et d'autre de mur. Sous le donjon, une salle voûtée (corps de garde ?) accueillait les visiteurs franchissant l'entrée de ce que l'on considérera comme la haute cour.

Une ou deux chapelles castrales ?

Un peu plus loin, dans le périmètre de la grande enceinte, apparaît la chapelle castrale dont un plan du Génie de 1728 montre les tracés. Tout est conforme. A priori, les bases du lieu de culte semblent posées sur un mur ressemblant à première vue à l'appareillage de la chemise d'enceinte observé ci-dessus. La chapelle mesure environ 7 m. de long pour 5 m. dans sa plus grande largeur. Disposée nord-sud, elle n'est pas orientée, ce qui laisse supposer une contrainte qu'il reste à découvrir (les édifices de culte catholique présente leur chœur à l'est et leur entrée à l'ouest. On dit qu'ils sont orientés). À l'intérieur, côté ouest, apparaît un puits (visible ci-dessous).

Les surprises apparaissent

La première est constituée par un deuxième puits accolé à l'extérieur de l'édifice, au sud, sûrement le plus ancien, qui peut être le puits médiéval. À l'angle sud-ouest de la petite chapelle est mis au jour un curieux contrefort en pierre bleue (dite de Tournai, exploitée au Moyen Âge, comme en témoigne la cathédrale romane de Tournai, en Belgique). Que fait-il là, seul ? Le mur que ce contrefort soutient est mis au jour. En le suivant, on découvre un deuxième contrefort, puis un autre...

Le mystère atteint son comble, lorsque, stupéfaction, les substructions d'une plus grande chapelle castrale, ne figurant sur aucun plan connu, apparaissent ! Cette fois-ci, l'édifice est orienté (c'est-à-dire que son Chœur est à l'Est). Au sol, on aperçoit de petites céramiques carrées, en terre cuite glaçurées vertes ou jaunes (le pavement du sol). Des gravats, à l'extérieur, montrent qu'un encadrement de style gothique flamboyant, en pierre blanche, décorait des fenêtres. Force est de constater qu'un grand soin a été apporté à l'appareil et au décor par les ouvriers et artisans médiévaux. Quelle merveilleuse découverte !

Un, deux ou trois puits Sainte-Renelde ?

Les surprises continuent : un troisième puits apparaît (vraisemblablement le plus récent et le plus connu de tous).

Ces puits, au nombre de trois, sont situés : - le plus ancien, près de la chapelle castrale, mais à l'extérieur, au sud ; - le deuxième, à l'intérieur de la petite chapelle, contre le mur ouest ; - le troisième, à l'intérieur de la grande chapelle Tous trois portent le nom de sainte Renelde. Leur nombre constitue une nouvelle surprise des sondages archéologiques et semblent confirmer l'existence d'un culte ancien.

L'eau miraculeuse de Condé

L'eau de Condé-sur-l'Escaut était encore célèbre au XIXe siècle pour ses propriétés miraculeuses et curatives. Elle soignait particulièrement les yeux, rendant la vue aux plus malvoyants. Au début du siècle dernier, des pèlerins venaient encore demander aux locataires de la gendarmerie (construite sur les fondations du lieu de culte) de leur donner quelques centilitres du précieux liquide. Lassés, les gendarmes rebouchèrent le puits et le culte disparu après la Seconde Guerre mondiale, mais ne fut pas oublié pour autant.

Dès mon arrivée sur le site des sondages, plusieurs personnes me demandèrent en effet de leur prélever quelques gouttes du miraculeux liquide. En Hainaut, les légendes populaires sont tenaces.

Cependant sainte Renelde n'est pour rien dans cette affaire. Une lecture erronée a transformé « Condacum » (Kontich) en « Condatum » (Condé). Il n'en fallait pas davantage à la dévotion locale pour adopter la sainte et la faire venir de Flandre, d'où elle serait originaire (Kontich se trouve à 32 km au nord de Bruxelles), en Hainaut. Cette confusion maladroite ne retire cependant rien à la qualité des eaux de Condé-sur-l'Escaut, issue de la même nappe phréatique que celles de Saint-Amand.

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