Château de Nicolas d'Avesnes - Définition

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Condé, un archétype de la politique castrale en Hainaut

Condé vient de se faire rattraper par son destin. Le site castral, présentant des états roman et gothique, fait de la petite cité hainuyère l'archétype de la politique castrale en Hainaut. Cet article montre que l'Histoire réserve vraisemblablement encore davantage d'étonnements à Condé. Il reste alors aux chercheurs et aux amoureux de l'histoire et de l'architecture médiévales à espérer la programmation de vraies fouilles archéologiques. Car la vérité historique réside souvent bien près de nous, à deux ou trois mètres sous terre... Mars 2005.

Et maintenant ?

De nouvelle fouilles sont en cours d'exécution sous la gouverne de Lionnel Droin pour mettre à découvert les fondations des deux chapelles pour ensuite expliquer la manière dont elles ont été construites. Les fouilles devraient durer minimum 3 ans. Une première période de 15 jours a été effectuée durant les vacances d'avril 2008 ; et les fouilles devraient reprendre au mois d'août.

Une évolution architecturale compréhensible

Le passage d'un point de vue architectural du roman au gothique est, à Condé-sur-l'Escaut, désormais explicable. Au XIIe siècle, un château typiquement roman voit le jour. La chronique de Gislebert de Mons, chancelier du comte de Hainaut, Baudouin V le Courageux, le confirme. Le donjon, bâtiment principal du site castral, constitue l'ultime refuge de la défense. Son architecture se consacre entièrement à la protection. Le rez-de-chaussée est constitué d'un étroit et unique passage parementé en pierre. Les murs, au niveau du premier étage, présente une largeur d'environ deux mètres. Le passage, du donjon à l'intérieur du périmètre constitué par la chemise, se fait par un étroit couloir d'un mètre de largeur, situé à l'arrière du bâtiment (sud). Il est aisé d'imaginer, comme à la tour du Burbant, à Ath (Belgique), un bâtiment s'étageant au moins sur deux ou trois niveaux et comportant l'aula, la grande salle du conseil, et, au dernier degré, la camera, appartement privé des locataires du site.

L'organisation architecturale du donjon et de sa chemise étaye davantage encore la priorité défensive du donjon. La chemise n'a pas pour vocation de le protéger. Elle fonctionne avec lui et en complément de son action, pour servir d'ultime refuge aux défenseurs du confluent formé à cet endroit par l'Escaut et son affluent, la Haine. Une simple observation permet en outre de constater que la chemise est acculée contre l'angle formé par le confluent. La fortification condéenne s'organise en trois temps : un solide bâtiment principal renforcé par une chemise à renfort aux ruptures d'angle, le tout appuyé par la défense naturelle constituée par l'Escaut et la Haine. La fortification naturelle complète avantageusement la fortification humaine.

On pénètre à l'intérieur du périmètre castral (diamètre d'environ 30 à 40 mètres) par le donjon. La largeur du pas de la porte du donjon roman (1,85 m) le démontre, ainsi que les traces d'usure sur les pierres de seuil. La « salle voûtée » décelée sous le donjon n'est vraisemblablement, à l'origine, qu'une sorte d'entrée principale complétée par une salle des gardes où, après avoir franchi un pont de bois, le visiteur vient se présenter.

De nouvelles interrogations possibles

À ce titre, mais il faudra ici une confirmation scientifique, il est permis de penser que le petit canal intérieur (visible sur toutes les vues médiévales connues et sur l'essai de reconstitution au XVIIe siècle), se prolongeait au XIIe siècle jusque la Haine. Le sens de l'écoulement des eaux de l'Escaut et de son affluent tend de toute évidence à confirmer cette hypothèse. Alors, le château roman aurait bénéficié du redoublement d'une ceinture d'eau. Notons ici que c'est d'ailleurs l'aménagement qu'ont choisi les ingénieurs de Jean d'Oetingen (seigneur de Condé-Bailleul), à la fin du XVe siècle, pour entourer le château gothique d'une ceinture d'eau : le seuwoir (canal) créé prenant le nom de Haynette (petite Haine). La théorie n'est donc pas dénuée d'intérêt et son exploration permettrait de comprendre encore mieux le fonctionnement du château roman. Une fouille archéologique approfondie devrait infirmer ou confirmer l'assertion. Au XIIIe siècle, l'évolution du château roman en château gothique, de type philippien, commence.

Dès le XIIIe siècle, sous l'impulsion de Philippe II Auguste, époux d'Isabelle de Hainaut, un nouveau type de château voit le jour en France et en Europe. Un plan géométrique, flanqué de tours rondes, muni d'un châtelet d'entrée, enveloppe le site castral primitif. Des archères percées dans les tours permettent de battre le pied exposé des courtines. Des hourds sont disposés au sommet des tours tandis que les bâtiments fonctionnels s'adossent aux courtines intérieures. L'archétype philippien est un quadrilatère rythmé de tours circulaires aux angles des courtines, le plus souvent rectilignes. Au centre vient prendre place la tour principale, le donjon. Parfois, la tour plus puissante prend place à un des angles.

Datation du passage du roman au gothique

Or, voici exactement la configuration que prend le château fort de Condé en Hainaut. La date exacte de son adoption du style philippien est difficilement évaluable, d'autant que l'évolution architecturale s'étale de toute évidence sur plusieurs décennies, sinon davantage. Cependant, il est permis de penser que l'achèvement de la refonte du château peut dater de la fin du XVe -début du XVIe siècle, quand Jean d'Oetingen, seigneur de Bailleul (l'autre seigneurie condéenne) réorganise, à l'instigation du comte régent de Hainaut, Aubert de Bavière, la Batellerie et le saut de la Haine dans l'Escaut. Condé et sa corporation de bateliers causaient en effet bien des difficultés à la liberté du trafic fluvial entre Mons et Gand. Le contrôle de ce point névralgique qui nécessitait le querquage-déquerquage (débarquement-rembarquement, de querque, signifiant barque, en Rouchi) des marchandises fut réorganisé au pied du château, entre la tour du Dragon et la tour Nicolas.

En toutes hypothèses, lorsque paraît la vue de Condé conservée par les archives de l'État à Mons (au XVIe siècle), la métamorphose commencée au XIIIe siècle, est achevée. L'ancien donjon roman est maintenant isolé au milieu de la vaste enceinte gothique. Sa chemise a disparu. Le canal intérieur, sans autre intérêt qu'esthétique, a été remanié et relie le donjon à l'Escaut, franchissant la courtine sous un arc de décharge. Le modèle philippien s'empare du site. Le plan du château adopte la forme générale d'un rectangle (environ 125 m. sur 90). Face à l'entrée principale de la tour César, une porte-châtelet est édifiée. Cinq tours d'angle de plan circulaire et trois tours semi-circulaires sont en place, séparées d'une courtine de 40 mètres de longueur en moyenne. La tour Nicolas, stratégiquement placée dans l'angle du confluent, est plus forte que les autres. C'est désormais elle qui doit assumer le rôle d'ultime réduit, renvoyant l'ancien donjon à la fonction plus modeste de résidence. La métamorphose est achevée.

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