Château de Nicolas d'Avesnes - Définition

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Introduction

Le château de Nicolas d'Avesnes est un château situé dans la commune de Condé-sur-l'Escaut dans le nord de la France.

Les châteaux de Condé-sur-l'Escaut

Condé-sur-l'Escaut (Nord) compte trois châteaux méritant le détour :

  • celui d'Emmanuel de Croÿ, (XVIIIe siècle) blotti au cœur de la forêt domaniale de Bonsecours (le plus connu) ;
  • celui de Bailleul, dont l'existence est attestée dès le XIVe siècle (l'ancienne bibliothèque) ;
  • celui que Nicolas, seigneur d'Avesnes et de Condé, fit élever au milieu du XIIe siècle à l'emplacement de Notre-Dame de Condé sur le confluent Haine-Escaut, où les Normands s'étaient retranchés à la fin du IXe siècle.

Paradoxalement, ce dernier édifice demeure le plus mal connu. La mémoire locale limite sa fonction au rôle d'arsenal du Roi Soleil. Au regard du temps et de l'Histoire, ce n'est pas juste. En janvier 2005, des sondages archéologiques menés par l'Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) ont mis au jour les substructions du château roman, de la chapelle castrale et du puits Sainte-Renelde, réservant de nombreuses surprises et démontrant que le site de Condé-sur-l'Escaut constitue un archétype majeur de la politique castrale menée en Hainaut, dès le XIIe siècle.

Après avoir replacé le sujet dans son contexte historique, allons de surprise en surprise et voyons comment le site castral est passé du roman au gothique.

Naissance du château fortifié de Condé-sur-l'Escaut

En 1140, le comté de Hainaut comprend Valenciennes, Mons et Beaumont. Entre ces points de concentration humaine s'étend la terre de Leuze dont Condé-sur-l'Escaut constitue « le bout » (Condé a parfois été appelé "le bout de la terre de Leuze").

Politique castrale en Hainaut

Mais cette seigneurie n'appartient pas au comte Baudouin IV qui a succédé à son père en 1120, à l'âge de onze ans. Un de ses tumultueux vassaux, Nicolas d'Avesnes, y fait construire, entre 1143 et 1150, sur le confluent de la Haine et de l'Escaut, un puissant château fortifié. La politique castrale hainuyère s'intensifie. Cet édifice, précédant celui de Baudouin V, a pu être construit en bois, comme c'est l'habitude en Normandie et en Angleterre. Aucune source ne permet cependant de le démontrer et il faut se contenter, pour tenter d'étayer l'hypothèse, de rappeler que l'endroit fut renforcé par les Normands (D'après la chronique rimée (1274) du poète tournaisien Philippe Mouskès : Les Normands de Gand vinrent selonc l'Escaut. Courtrai arsent et puis Tournai, et Saint-Amand et puis Douwai. Puis s'en alèrent à Condet, le castiel ont pris et minet), venus se retrancher sur le confluent Haine-Escaut à l'hiver 885-886.

Une motte a pu être élevée à l'endroit dès le Xe siècle. Seules des fouilles archéologiques en profondeur permettraient de confirmer cette sérieuse théorie.

Les seigneurs d'Avesnes complètent leur dispositif tactique. Ils élèvent la tour d'Avesnes, fortifient Trélon et Landrecies. Le comte, pour imposer son autorité, lance à son tour une grande campagne d'édifications castrales. Il doit se protéger sur tous les fronts, face à la Flandre, le Cambrésis et l'Avesnois. Il fortifie Binche en 1127 et relève l'enceinte de Mons en 1140. En 1142, il fait entourer Raismes et Braine-le-Comte d'une chemise, et construit un château fort au Quesnoy vers 1150. En 1155, il fait d'Ath une bourgade et y monte la tour du Burbant, en 1166. En 1158, il fortifie Beaumont, fonde Bouchain et fait construire à Valenciennes la Salle-le-comte. Ailleurs, il bâtit des tours ostentatoires, comme à Beaufort et Monceau-Saint-Waast. Il ne peut accepter que Nicolas, puis son fils Jacques d'Avesnes, le défie au sommet de leur donjon !

Jacques d'Avesnes commet une grave erreur

Le 4 octobre 1174, Jacques d'Avesnes fait assassiner Robert, évêque de Cambrai, sur le pont de Condé. Celui-ci revenait d'Ath, avec un sauf-conduit du comte et la protection de Louis de Frasnes. Baudouin V le Courageux utilise ce prétexte pour punir l'impétueux vassal. Il prend le castel, renverse ses tours et ses murailles et fait brûler le bourg. Si l'on en croit Gislebert de Mons, le castel préroman disparaît. Encore que la narration du chancelier de Baudouin V puisse être simplement symbolique : une interprétation pragmatique permet d'émettre l'hypothèse selon laquelle le castel de Nicolas n'est pas détruit de fond en comble. Le donjon, élément essentiel de la défense dans la conception romane du château, a pu être préservé. En 1184, le château est reconstruit et entre définitivement dans la mouvance des comtes de Hainaut qui le rétrocèdent, à titre de fief, aux d'Avesnes (Ces derniers devront attendre 1280 pour voir un des leurs, Jean II d'Avesnes, à la tête du comté). Ce sont les substructions de cet édifice du XIIe siècle qui ont été mises au jour au début de l'année 2005.

De la tour César à l'Arsenal

La seigneurie condéenne du château (un deuxième fief partage le territoire de Condé-sur-l'Escaut, la seigneurie de Bailleul) passe, en 1225, aux Châtillon, et, en 1335, aux Bourbon. En 1529, Charles Quint la reçoit à titre de gage. La maison d'Espagne la rétrocède aux Bourbon au traité du Cateau-Cambrésis (1559). Marie de Montmorency, veuve de Charles de Lalaing (1499-1558), la rachète en 1560. Sa petite-fille, Jeanne de Lalaing, la transmet par mariage aux Croÿ. En 1678, le traité de Nimègue donne Condé à la France. Quatre ans plus tard, Philippe-Emmanuel-Ferdinand de Croÿ cède le château à Louis XIV qui en fait un arsenal. Le donjon, dernier vestige du château roman, est arasé en 1727.

Quelque 278 ans plus tard, ses fondations revoient le jour. Le siège de la seigneurie du château ne présente plus, à partir de 1727, aucun élément roman de son architecture, suite à la destruction du donjon, appelé « tour César », et à l'établissement d'un arsenal dans le périmètre intérieur des courtines de type philippien. La présente recension des substructions mises au jour par les archéologues de l'INRAP se limitera au castrum roman, aux deux états de la chapelle castrale intégrant trois puits dits de Sainte-Renelde, et à un point de l'enceinte gothique.

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