Château de Prague - Définition

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Le palais présidentiel

Péristyle de Jože Plečnik conduisant à la Salle Espagnole

Avec la création de la Première République tchécoslovaque, la nécessité d’adapter le Château à de nouvelles fonctions se fait jour. C’est l’œuvre de l’architecte d’origine slovène, Jože Plečnik, sous la présidence de Tomáš Masaryk. Il conçoit le nouveau pavage des cours intérieures, la résidence des présidents de la République et remodèle les jardins, à la manière de ce que, des années plus tard Ieoh Ming Pei a fait pour le Louvre : en une modernité sans compromission mais qui intègre parfaitement l’héritage du passé. Comme Pei, Plečnik est un étranger (il est professeur-invité à l’académie des Beaux-Arts de Prague), comme Pei au Louvre, il est sélectionné sur la base d’un concours, comme pour Pei encore, ses choix esthétiques sont sévèrement critiqués sur des bases idéologiques, contrairement à Pei cependant, Plečnik ne voit pas tous ses projets réalisés (celui de salle d’exposition dans les écuries du Château ne voit le jour qu’en 1949, après-guerre et sous la direction de son successeur, Pavel Janák).

À partir de la porte donnant sur la Première Cour, Plečnik crée un hall sur toute la hauteur du bâtiment qui rejoint la Salle Espagnole. C’est un sévère péristyle ionique au plafond à caissons décorés de plaques de cuivre. Le mur du fond qui donne accès à la Salle Espagnole est traité comme une entrée triomphale.

Dans l’aile sud, il aménage les appartements présidentiels distribués autour d’un grand impluvium. Citons le Salon des Dames, la bibliothèque du président Masaryk outre diverses pièces d’habitation.

Pour éviter aux dignitaires tchécoslovaques de passer sous la Porte Mathias, symbole de l’oppression austro-hongroise, Plečnik perce deux portes de chaque côté (l’une donne sur le Hall et la Salle Espagnole, l’autre sur les appartements présidentiels) et le pavage au sol en forme de « Y » (dont le pied part de la grille d’entrée et les branches se dirigent vers les portes latérales) souligne pour qui l’ignorerait, la symbolique spatiale de la cour.

Les jardins de Jože Plečnik

Le Jardin sur le Bastion, à l’emplacement d’un ancien bastion devenu obsolète dans l’angle nord-ouest du Château, est articulé pour relier la Salle Espagnole à la Première Cour. Plečnik compense le dénivelé en plaçant un escalier à deux volées, l’une concave, l’autre convexe.

Au sud, Plečnik refonde les Jardins sur les Remparts, une énorme vasque monolithique de granit accueille le visiteur au pied d’un monumental escalier. Plus loin, le long des remparts, Plečnik dispose gloriette, pergola, fontaine, obélisque, terrasse panoramique pour apprécier la vue sur Malá Strana et la Vieille-Ville, le tout de façon réfléchie pour multiplier les axes et les points de vue, agençant cadre et lignes de fuites. On lui doit également l’escalier qui relie la Troisième Cour et les Jardins sur les Remparts, percé dans l’aile thérésienne et placé dans l’axe qui rejoint la Porte d’Or de la cathédrale Saint-Guy, le clocher de Saint-Nicolas de Malá Strana et le Château de Vyšehrad sur la rive sud de la Vltava, axe qu’il souligne d’un obélisque sur les remparts.

Sous le communisme

Pendant cette période que les Tchèques appellent la « Totalité » en référence au caractère totalitaire du régime en place, le Château est une "Belle au bois dormant", les dignitaires de la nomenklatura communiste ont un rapport ambigu envers cette construction qui leur rappelle le féodalisme et la Première République « bourgeoise » mais qui n’en est pas moins le symbole de l’autorité de l’État et de la nation tchécoslovaque.

Aux appartements présidentiels aménagés pour Masaryk, les premiers secrétaires du Parti communiste préfèrent la villa plus « modeste » que le président Beneš s’est fait construire dans les Jardins Royaux.

Villa du président Beneš dans les Jardins Royaux.

Quelques modifications mineures sont entreprises : outre l’achèvement susmentionné des projets de Plečnik, un centre d’information pour touristes étrangers doté d’un bureau de change (on se souvient sans doute de la ségrégation opérée entre les habitants et les étrangers systématiquement soupçonnés par le régime communiste) conçu par l’architecte M. Firbas ; la maison du maire du palais (Staré Purkrabství), une construction Renaissance sise derrière la Basilique St-George, est aménagée, sous la direction de l’architecte Josef Hlavatý, pour recevoir un Musée du jouet et devenir la Maison des Enfants tchécoslovaques (Dům čs. dětí) dont le patio est orné d'une sculpture symbolisant La Jeunesse par Josef Vacek ; la Maison du Jeu de Paume dans les Jardins Royaux est restaurée et accueille un espace d’exposition temporaires sur les plans de Pavel Janák.

À cette époque encore, le Conseil idéologique du Château de Prague confie au département d’histoire de l’art de l’Académie des sciences tchécoslovaque le soin d’inventorier et d’analyser ce qui reste des anciennes collections royales et impériales entreposées dans les réserves. Quelques bonnes surprises en découlent. En dépit de la vente des collections de Rodolphe II et de la concentration à Vienne de la plupart des pièces de valeur des collections habsbourgeoises, on recense encore des toiles du Tintoret, de Rubens, du Titien, de Véronèse, etc... qui permettent de mettre sur pied une galerie de peinture.

Après la Révolution de velours

Suite à la chute du communisme et à son élection comme président de la république tchécoslovaque, Václav Havel nomme Bořek Šípek, professeur à l’Académie des arts appliqués de Prague, au titre d’architecte du Château. On notera le parallélisme avec son illustre prédécesseur, Masaryk, qui avait nommé Plečnik, professeur à la même académie. Ce dernier mène à terme la conception des espaces d’exposition de la Galerie de peintures du Château et conçoit l’ameublement des bureaux de la présidence.

Dans le jardin royal, la construction d'une nouvelle orangerie est confiée à l'architecte britannique d'origine tchèque, Eva Jiřičná.

Après la Révolution de velours, l'État tchécoslovaque puis tchèque entreprend la restitution des biens confisqués ou nationalisés par le régime communiste après le coup de Prague de 1948. Une longue bataille juridique s'engage, en 1992, entre la hiérarchie catholique et les instances de l'État sur la propriété (hautement symbolique) de la cathédrale Saint-Guy. La Cour d'appel juge, en juin 2006 qu'étant donné qu'en 1954, les autorités communistes avait placée la cathédrale sous la gestion de l'État, la propriété de la cathédrale n'avait jamais été formellement annulée par le pouvoir communiste. Il ne peut y avoir privatisation puisqu'il n'y a pas eu nationalisation. En février 2007, la Cour suprême annule le verdict précédent de la Cour d'appel et la cathédrale redevient propriété de l'État tchèque. Des négociations sont en cours entre les représentants de l'État et de la hiérarchie catholique pour trouver un compromis sur la gestion de la cathédrale.

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