Chevreuil - Définition

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Le chevreuil et l'homme

Régulation des populations par des causes naturelles et par l'homme

En l'absence de prédateurs naturels (lynx et loup) ou face à la grande rareté de ces derniers, et en raison des plans de chasse et de tir « rationnel », les populations de chevreuil ont très fortement augmenté au XXe siècle, en Allemagne et en France notamment. À l'heure actuelle, hormis dans les régions où le lynx est présent, seuls le renard roux ou des chiens errants exercent une pression sélective par la prédation, sur les très jeunes individus. Les études de l'ONCFS, basées sur l'analyse du contenu stomacal ou des crottes montrent que le chevreuil constitue une infime part de l'alimentation du renard (des films infrarouges faits de nuit montrent le devenir d'un cadavre de chevreuil (ou sanglier). On y voit que le renard a volontiers un comportement nécrophage, comme d'ailleurs certains mustélidés qui n'avaient pas cette réputation ; le fait qu'un renard mange un cadavre, ou qu'on trouve des traces de pattes de renard près d'un cadavre de chevreuil ne signifie nullement qu'il a attaqué l'animal). Des chiens errants peuvent tuer ou blesser des chevrettes pleines, et déranger l'animal en le « décantonnant » par leurs poursuites, imités en cela par des chiens courants égarés.

Le roadkill (animaux tués sur les routes) est à l'origine de la mort d'un nombre croissant de chevreuils, surtout dans les régions forestières très fragmentées par des autoroutes non clôturées. Il est arrivé, dans certains districts d'Allemagne fédérale, que le plan de tir soit annulé purement et simplement, les accidents de la route ayant effectué le prélèvement destiné aux chasseurs. Des écoducs sont construits depuis les années 1980, et diverses méthodes préventives aident à diminuer ce type de mortalité (clôtures électrifiées, engrillagements, répulsifs ou produits destinés à cantonner les chevreuils loin de ces routes.

À l'époque de la fenaison et des moissons, malgré l'adjonction de dispositifs destinés à effrayer le chevreuil pour le faire fuir, les faucheuses modernes tuent de jeunes animaux qui restent instinctivement tapis au sol pour se protéger.

La chasse

le sabot caractéristique du chevreuil est à l'origine de traces assez faciles à identifier

La situation du chevreuil en Europe semble meilleure qu'elle ne l'a jamais été, en termes de population et de démographie, mais peut-être pas en terme sanitaire et de diversité génétique.
Son attachement à un territoire restreint et le peu de dégâts qu'il commet le désignent comme un gibier populaire, et le plus susceptible de s'accommoder aux nouveaux biotopes créés par le monde moderne. Les chasseurs s'intéressent de plus en plus à sa prise, mais aussi à sa conservation. À titre d'exemple, il bénéficie en France, dans la plupart des départements, des dispositions du « plan de tir » quantitatif. Sa petite taille, sa discrétion, son adaptabilité, ainsi que sa rusticité lui permettent d'occuper de nombreux contextes. Bien que considéré comme grand gibier, le chevreuil est très souvent tiré à plombs au cours de chasses au petit gibier.

La battue en forêt est son principal mode de chasse en France. Elle est également considérée comme un moyen plus ou moins efficace et pratique d'en contrôler les populations. Mais on chasse aussi le chevreuil à l'affût, et comme il est également présent dans de nombreux territoires à boqueteaux dévolus au petit gibier, son passage sur la ligne en fait un gibier supplémentaire parfois improvisé et tiré à plombs, comme le lièvre. Cet animal autrefois typiquement forestier et des lisières passe une part croissante de son temps dans les découverts ou dans les champs. Lorsqu'il est tiré au petit plomb, il est souvent blessé et peut s'enfuir avec des grenailles de plomb incrustées, facteur éventuel de saturnisme pour lui, pour de futurs consommateurs et pour les prédateurs ou nécrophages qui le consommeront une fois mort.
Pour des raisons éthiques et environnementales (cf. toxicité des munitions), mais aussi pour des raisons d'efficacité, de nouvelles balles sans plomb (type Brenneke ou Sauvestre, ou à sabot) sont apparues dans les années 1990 à 2000 pour le grand gibier. Elles sont de plus en plus utilisées malgré un coût plus élevé. Leur efficacité et leur précision à longue portée sont en effet très améliorées par un dispositif favorisant une meilleure rotation, stabilisant la balle, et/ou par une conception en deux éléments (le second venant frapper le premier à l'impact, ce qui provoque un état de choc stoppant la course de l'animal et réputé abréger ses souffrances). Le chevreuil est également parfois chassé à l'arc.

En raison des dégâts qu'il peut faire sur les jeunes plants et parfois dans les champs, dans le monde agricole, et notamment en Grande-Bretagne, le chevreuil a longtemps été considéré comme animal nuisible et tiré en toutes saisons au fusil lisse, avec les lapins. En France, quand il n'était pas braconné, après le droit de chasse pour tous attribué par la Révolution française en réaction aux anciens privilèges de la noblesse, le chevreuil avait fortement régressé du 18e au XIXe siècle. Il est ensuite devenu un gibier prisé et d'intérêt commercial. Sa rentabilité économique a alors compensé ses dégâts par ailleurs modestes tant qu'il ne constitue pas de populations importantes.
L'intérêt, voire la passion pour les trophées, s'est traduite dans certains pays par des tentatives de sélection qualitatives (on ne tire que les animaux dont les bois ne correspondent pas au standard recherché lorsqu’ils sont en pleine force reproductive, et on les tire quand ils sont vieux pour alimenter les collections de trophées). Cette chasse se pratique généralement à la carabine et à l'approche. Des trophées réputés sont ainsi maintenant tirés dans des pays où le chevreuil était autrefois peu considéré, par exemple dans le Sussex ou en Écosse.

La tradition cynégétique germanique accorde une place particulière à la chasse au chevreuil. Elle a encouragé spécialement en Allemagne la constitution de cheptels importants qui font aujourd'hui partie du paysage rural. Une distinction éthologique est même maintenant faite entre le chevreuil forestier, vivant dans les vastes massifs boisés homogènes, et un « chevreuil des champs », qui s'est habitué aux plaines cultivées parsemées de boqueteaux et s'y reproduit. Le tir sélectif est fait, environ six mois par an, à l'approche, à l'affût ou à l'appeau au moment du rut (Le chevreuil se laisse leurrer assez facilement, ce qui est mis à profit par les chasseurs d'Europe centrale, qui du 15 juillet au 15 août, appellent le brocard, qui n'est théoriquement tiré que lorsqu'il fait partie de la gamme des animaux à « sélectionner »). Les chasseurs patientent généralement jusqu'à la fin de la période du rut pour tirer les chevreuils porteurs de grands trophées qui ont été accordés par le plan de chasse : ils auront eu ainsi la possibilité de reproduire et de transmettre les qualités génétiques que les chasseurs estiment liés à la qualité des bois (bien que cette qualité semble aussi dépendante de l'abondance en oligoéléments et minéraux de la nourriture disponible, et parfois offerte aux chevreuils).

Le chasseur se met en campagne de mai à juin, quand la mue est terminée, alors que le chevreuil est dit « rouge ».

Recensement des cheptels

C'est un travail idéalement annuel, délicat, fait en fin d'hiver et conclu au début du printemps (après les mortalités hivernales naturelles et avant les mises-bas). Il vise à préparer un plan de chasse qui puisse équilibrer les populations par un nombre de brocards idéalement égal à celui des chevrettes, pour optimiser la reproduction. Il peut aussi apporter des éléments sur l'état de santé, un déséquilibre du sexe-ratio. Il permet de déterminer ou anticiper une éventuelle « surpopulation » (état relatif, fonction de la capacité d'accueil du « district », qui peut brutalement et fortement varier, à la suite par exemple de coupes rases, travaux forestiers, poses de clôtures, cultures cynégétiques, agrainage, etc.). Les seuils d'équilibre cynégétique ou sylvo-cynégétiques font souvent l'objet de discussions entre forestiers et chasseurs, les premiers souhaitant souvent un nombre de chevreuils et grands herbivores moindre que ce que souhaitent les chasseurs. Des obligations de plans de tir sont de plus en plus souvent inscrites dans les contrats de location du droit de chasse en forêt publique, avec en théorie obligation de résultats.
Le chasseur dispose par ailleurs de barèmes lui permettant d'estimer la valeur cynégétique de son terrain, selon divers éléments écopaysagers tels que le pourcentage de boisements, prairies et lisières cultivées, la nature et la structure de la végétation forestière, la qualité des sols et les caractéristiques géologiques locales. Du point de vue des équilibres sylvo-cynégétiques, la densité acceptable est réputée varier de trois à quinze chevreuils par 100 hectares. Ces densités sont parfois largement dépassées.
Sur ces bases, et après recensement, sur un territoire où vivent par exemple cent chevreuils adultes, les chasseurs jugent qu'ils vont pouvoir tirer dans la saison une quarantaine de « pièces », ce chiffre étant celui des naissances de manière à maintenir un accroissement annuel stable, lequel pourra toutefois "dévier" de l'objectif de gestion selon la douceur ou la rigueur de l'hiver, des épidémies ou d'autres facteurs, ce que le comptage suivant établira. Le tableau de chasse anticipé est généralement également divisé entre les deux sexes, avec un prélèvement fait comme suit, à travers les classes d'âge de ses animaux : 20 sujets mâles seront tirés, dont 7 brocards de quatre ans et plus, 3 brocards de deux et trois ans, 7 brocards de un an, 3 faons de l'année. En outre, 20 chevrettes sont « à éliminer » (10 sujets adultes, 2 d'un an, et 8 faons de l'année).
Sur un territoire idéalement géré pour la chasse, ces opérations sont jugées rentables à partir d'un cheptel minimum d'une soixantaine de chevreuils adultes, ce qui nécessite environ 600 ha pour établir un plan de tir rationnel. Hormis dans les forêts publiques et dans quelques grandes forêts privées, il est rare qu'une seule personne possède une telle surface, les chasseurs cherchent donc à mutualiser leurs efforts et leurs bénéfices, via un plan de chasse global redistribué selon l'importance des apports des associés.

La chasse sélective

C'est un principe important de la gestion dite rationnelle du gibier. En l'absence des prédateurs naturels, la sélection naturelle ne se fait plus normalement. Le plan de chasse applique une sélection artificielle du brocard, qui implique évidemment une capacité des chasseurs à apprécier son âge et son état de santé, mais qui dans les faits interfère beaucoup avec un jugement sur le trophée de l'animal. Facilement reconnaissables, les chevrillards de l'année sont surtout sélectionnés d'après leur aspect général, tout sujet chétif, blessé, amaigri ou taré devant être éliminé. Les meilleurs sujets qui portent leurs premiers bois dès l'automne, sous forme de petits boutons sont conservés au moins jusqu'à l'année suivante..
Le brocard d'un an au cou mince, au museau pointu et à la figure roussâtre doit être éliminé s'il ne porte pas deux dagues de la longueur des oreilles, les meilleurs sujets ayant déjà des bois fourchus.
Le brocard de deux ans, au cou moins mince, portant une tache blanche au-dessus du noir des naseaux, doit arborer des bois fourchus, ou mieux encore, déjà garnis de six pointes. Les porteurs de dagues, à cet âge, doivent être éliminés.
Le brocard de trois ans au cou épaissi, au front gris foncé et dont la masse du corps se porte sur l'avant-main, doit porter six pointes. Les bois ne sont ni épais, ni encore bien perlés.
Le brocard de quatre ans, dont la tache blanche nasale a disparu, consolide la masse de son trophée et ne doit pas être tiré, sauf anomalie des bois ou mauvais état du corps. À partir de cinq ans, le trophée du brocard est arrivé à son apogée, et il ne reste plus qu'à déjouer ses ruses et à le foudroyer d'une bonne balle.

Un plan de chasse classique ne prévoit le tir que d'un faible pourcentage des brocards de deux et de trois ans, car le chasseur est supposé avoir déjà éliminé, parmi les chevrillards et les sujets d'un an, presque tous les animaux indésirables. Les bienfaits de la « sélection » antérieure sont censés se faire déjà sentir.

Le tir sélectif des chevrettes vise à éliminer les sujets dont la progéniture est faible, malingre, ou qui mettent bas trop tard, après la mi-juin.(Les chevrillards sont théoriquement tués avant la mère). Les chasseurs cherchent aussi à tuer celles qui ont engendré trois petits. Cette sélection exige des compétences et une bonne expérience ; choisir les femelles à conserver ou à éliminer est encore plus difficile que pour le brocard. Pour les faons de l'année et les chevrettes d'un an, le chasseur estime le sexe de l'animal à sa taille et à son embonpoint, que l'on compare - si possible - avec ceux des animaux du même âge. Les comparaisons de taille entre chevrettes d'un même territoire guident le chasseur dans son choix, mais sélectionner les animaux les plus grands n'est pas nécessairement rationnel sur les territoires difficiles.
La sélection des femelles se faisant à partir de septembre, le temps manque souvent pour terminer un plan de chasse, à l'affut ou à l'approche. De petits traques (sans chiens et à bas bruit sont alors pratiquées, en informant les autres usagers de la forêt en raison des risques de balle perdue). On cherche ainsi à faire sortir les chevreuils aussi lentement que possible, pour laisser aux chasseurs le temps de juger si les animaux doivent être tirés ou non. Ceci se fait si possible avant novembre, pour que les jeunes brocards ayant déjà posé (perdu) leurs bois ne soient pas tirés par erreur.

Le braconnage

Dans certaines régions, le chevreuil semble être un des animaux les plus braconnés. Cette activité est facilitée par le poids moyen de l'animal, la possibilité de le cacher facilement, une venaison réputée, qui se débite facilement et se vend à très bon prix. La pose de collets dans les passages, l'affut sur les lisières ou pistes forestières, le tir de nuit à bord de véhicules sont ainsi pratiqués. De même la vente illégale d'animaux tués ou blessés par la circulation, trouvés sur les bords de routes semble encore pouvoir exister, avec des risques et responsabilités supplémentaires en raison du fait que des animaux malades et parasités, ou empoisonnés (par exemple par des pesticides) risquent le plus d'être victimes de collision avec des véhicules routiers

Mythologie

Dans le mythe gallois Cad Goddeu, Arawn vole un chevreuil blanc appartenant à Annwn, symbole du voyage de l'âme vers la mort.

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