Couvent des Dames de Berlaymont - Définition

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Des bungalows à côté du château d’Argenteuil

Comme si l’histoire se répétait, la présence de cette vaste parcelle peu construite en plein centre d’un quartier en mutation engendre les mêmes effets un siècle plus tard. La convoitise des promoteurs immobiliers, à la recherche de terrains à affecter à la construction d’immeubles de bureaux, n’a pas dû chercher longtemps pour s’accaparer ce petit havre de paix.

Une société d'entrepreneurs de la place, les entreprises François et fils, dispose depuis 1959, par l'intermédiaire d'un organisme financier, la Caisse Privée Banque, d'une option d'achat sur le domaine. Elle pense pouvoir disposer assez rapidement d'une première tranche de terrain, à front de la rue Stévin, suffisante pour entamer la construction d'un complexe administratif.

Soumises à la pression de plus en plus insistante des promoteurs attirés par un quartier dont la vocation administrative s'affirme chaque jour davantage, les chanoinesses régulières de l'ordre de Saint-Augustin ont fini par céder. Depuis deux ans déjà, des personnes de tous horizons, plus ou moins intéressées, essayent de les convaincre de quitter la rue de la Loi où elles se sont installées en 1864.

Et c'est vrai qu'au-delà de l'attrait psychologique qu'exercent déjà à cette époque les grands espaces verts de la périphérie sur les citadins, des raisons objectives militent en faveur d'un déménagement. La pénurie de locaux, par ailleurs peu rationnels et très lourds à entretenir, se fait sentir de plus en plus sous l'effet de la poussée démographique. L'environnement de la rue de la Loi, où la circulation et le bruit ne font que s'accroître, se dégrade au préjudice de la population scolaire qui risque, à terme, de se détourner du Centre scolaire de Berlaymont. La perspective de la construction, dans le quartier, de la Cité administrative de l'Etat belge, dont on parle beaucoup à ce moment, ne fera qu'accentuer la tendance. Plutôt que d'attendre la limite de l'intolérable, pourquoi ne pas s'attacher dès maintenant à trouver, à la périphérie de la ville, un terrain suffisamment vaste pour poursuivre l'oeuvre éducative ?

C'est dans cet état d'esprit, largement partagé par la communauté monastique, que sont accueillies favorablement les offres de rachat des promoteurs privés. Mais, alors que l'option en faveur des entreprises François est toujours pendante, le gouvernement belge décide, le 8 décembre 1958, de se porter acquéreur du bien et fait une offre en ce sens au début de l'année suivante. Il veut y construire le centre administratif de l’Union européenne, le fameux Berlaymont.

Longues et laborieuses, les négociations sur les conditions d'achat mettent plus d'un an à aboutir. Pour l'a.s.b.l. Monastère de Berlaymont, le prix offert par le promoteur privé – 3,1 millions d’€ - constitue un seuil minimum. L'Etat belge, qui n'en propose d'abord que 2,23, envisage ensuite d'échanger la propriété contre un domaine de 26 hectares qui lui appartient à Argenteuil et une soulte de 2,38 millions d’€. Le monastère accepte mais des circonstances imprévues amènent l'Etat belge à retarder la conclusion de l'accord. Entre-temps, en effet, le roi Léopold III, invité à quitter le château de Laeken en raison du mariage de son fils, Baudouin Ier, jette son dévolu sur le domaine d'Argenteuil, ce qui rend la transaction impossible. Qu'à cela ne tienne, un voisin bien intentionné, le comte Ludovic de Meeûs d'Argenteuil, se dit prêt à céder au monastère, à des conditions avantageuses, 30 hectares à proximité. Il faudra toutefois veiller à ce que l'Etat belge, qui projette de faire passer à cet endroit la route de contournement de Waterloo, en garantisse l'accès par des ouvrages d'art appropriés.

La transaction, dont les termes sont déjà fixés à la fin de l'année précédente, est finalement signée le 25 mai 1960. L'Etat belge achète pour 2,79 millions d’€ la propriété du monastère et exproprie, moyennant une indemnité de 128.900 €, l'assiette nécessaire au contournement de Waterloo. Cette somme viendra en déduction du prix convenu – 471.000 € - pour l'achat du domaine du comte de Meeûs. L'Etat belge promet en outre de réaliser l'infrastructure routière, y compris la voie d'accès à la nouvelle propriété du Berlaymont, dans les trois ans. Pour sa part, le monastère mettra une partie du parc, du côté de la rue Stévin, à la disposition de l’Etat dès que ce dernier aura marqué son accord sur l'avant-projet des nouveaux bâtiments du Berlaymont. Le transfert de propriété s'opérera, lui, lorsque les travaux de voirie promis seront achevés et que l'établissement scolaire sera en mesure d'occuper ses nouvelles installations.

Menée rondement, la construction des bâtiments scolaires, sur base des plans des architectes du groupe Structures - Jacques Boseret, Raymond Stenier et Louis Van Hove associés au bureau d'architectes Stéphane et Paul Dhaeyer - sera pratiquement achevée, à l’exception toutefois de la chapelle et de la salle de sports, à la rentrée scolaire de 1962, retardée de quinze jours pour l'occasion. Le déménagement mettait ainsi fin à une période inconfortable d'un an et demi pendant laquelle l'école et le chantier du complexe administratif européen ont été contraints de se tolérer. Ce n'est toutefois qu'en novembre 1963, sans que l'infrastructure promise soit complètement achevée, que la propriété de la rue de la Loi a été totalement cédée à l'Etat belge.

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