Linné distinguait le D. stramonium du D. tatula et donnait le premier d'origine américaine sans se prononcer sur l'origine du second. Les botanistes ont ensuite beaucoup hésité sur la terre d'origine du D. stramonium: pour les uns c'était le sud de l'Europe (Bertoloni), pour d'autre c'était l'Asie (Darlington), ou les bords de la mer Caspienne (Alphonse de Candolle); le D. tatula maintenant traité comme une variété de D. stramonium, était considéré comme originaire d'Amérique par de Candolle.
Cette origine eurasiatique est restée commune jusque dans les années 1990, bien que quelques auteurs se soient prononcés pour une origine américaine. Les études taxonomiques de Symon et Haegi (1991) en concluant sans ambiguïté pour une origine américaine de tous les daturas semblent avoir mis fin aux controverses entre botanistes. Pour eux, l'identification du Struchnon manicon du médecin grec Dioscoride (Ier siècle) avec un datura est erronée.
Aujourd'hui, on considère que le stramonium est probablement originaire du Mexique et qu'il a été introduit dans l'Ancien Monde par les Européens après la conquête de l'Amérique. Il s'est naturalisé un peu partout dans le monde.
Des historiens continuent malgré tout à s'opposer à cette hypothèse. Selon une note publiée récemment par une historienne, Suzanne Amigues, cette plante serait celle dénommée Strychnos manicos par Théophraste dans ses « recherches sur les plantes » (ou Historia plantarum, 320-300 avant J.-C.) : le dit Srychnos manicos est tout à fait similaire au D. stramonium tant par sa description que par ses effets sur l'organisme humain. Témoignage complété par Dioscoride dans sa « Matière médicale » bien que ce dernier auteur fasse un amalgame partiel avec certains traits de la belladone. Enfin deux auteurs du Ier siècle avant J.-C., Diodore de Sicile et Strabon, rapportent que les Celtes empoisonnaient leurs pointes de flèches avec du suc de datura, la description du fruit ne laissant aucun doute quant à l'identité de la plante. Rappelons que les botanistes Symon et Haegi sont tout à fait opposés à cette manière d'interpréter les textes.
Elle pousse dans les terres incultes : les champs, les friches, les décombres, les sables des cours d'eau, et aime les terres fraîchement retournées où elle est considérée comme une mauvaise herbe très envahissante.
Il arrive parfois que l'intoxication soit accidentelle : contamination de conserve de haricots verts par le stramonium, miel élaboré par des abeilles butinant cette plante, consommation de graines par de très jeunes enfants etc. La plante est très vigoureuse et peut être considérée comme de la mauvaise herbe par les jardiniers. Si ceux-ci l'arrachent et brûlent le tas de mauvaises herbes contenant majoritairement de la datura, l'inhalation accidentelle de la fumée peut largement suffire à provoquer des hallucinations pendant plusieurs heures.
La fréquence des intoxications volontaires n'est pas du tout négligeable. Par exemple, 14 cas ont été enregistrés dans les hôpitaux de Rennes et Brest entre 1974 et 1989, et à Poitiers entre 1990 et 1992, 10 cas ont été colligés.
Le datura est la plupart du temps absorbé sous forme d'infusion, plus rarement il est fumé sous forme de joint.
L'utilisation dans un cadre récréatif reste anecdotique et souvent limité à une expérimentation isolée et de brève durée du fait de la difficulté de gestion du produit, des effets secondaires désagréables (importante sécheresse des muqueuses, amnésie, confusion mentale et impression d'étrangeté persistante plusieurs jours après la prise), et des risques d'accidents. Ces risques d'accidents (intoxication) sont liés à la difficulté à déterminer la dose souhaitée car la limite entre la dose hallucinogène et une surdose est très étroite et liés à la période de latence entre l'absorption et l'apparition des effets qui peut amener les usagers à se surdoser.
On rapporte un cas d'intoxication collective survenu à Jamestown (États-Unis) en 1676, quand à l'occasion d'une rébellion, le capitaine John Smith donna à ses soldats une salade contenant des feuilles de datura.
Les premiers symptômes apparaissent très rapidement :
Les troubles du comportement, caractérisés par une désorientation spatio-temporelle, apparaissent ensuite et entraînent une hospitalisation.
L'individu est congestionné, sa face et son cou sont rouges, il a une parole incohérente ou peut être trouvé dans un coma profond. Il arrive que l'individu décède avant une prise en charge médicale.
L'individu a des hallucinations visuelles, auditives, il ne reconnaît plus ses proches et semble vouloir attraper des objets imaginaires. Les hallucinations sont décrites par les usagers comme cauchemardesques souvent accompagnées de crises d'angoisse et de la perte des repères spatio-temporels.
Le retour à la normale demande plusieurs jours. Il s'accompagne en général d'une amnésie totale ou partielle de l'épisode.
En cas d'empoisonnement au datura, une hospitalisation d'urgence est requise où sera pratiqué un traitement qui est avant tout symptomatique : lavage d'estomac, sédation par injection de benzodiazépines, réhydratation.
La sécheresse buccale est provoquée par 0,5 mg d'atropine, la mydriase par 1 mg, la tachycardie par 2 mg, et l'intoxication est nette pour des doses de 3 à 5 mg.
Les doses toxiques généralement admises pour l'adulte sont de 5 mg d'atropine et de 4 mg de scopolamine. Pour l'enfant elle n'est que de 0,1 mg/kg pour les deux alcaloïdes.
Chez l'adulte, la dose létale d'atropine serait de 10 mg, et celle de scopolamine serait supérieure à 2-4 mg.
La symptomatologie caractéristique apparaît après consommation de 1,5 ou 2 cigarettes de datura.