Denis Buican | |
[[Image: |220px|center|]] | |
| |
Naissance | 21 décembre 1934 Bucarest (Roumanie) |
---|---|
Nationalité | Français, Roumain |
Principaux intérêts | génétique, éthologie, histoire des sciences, philosophie, poésie |
Idées remarquables | théorie synergique de l'évolution ; biognoséologie ; probabilisme |
Œuvres principales | La révolution de l'évolution (1989), L'épopée du vivant (2003) |
modifier |
Denis Buican (Dumitru Peligrad selon son nom d'origine roumaine), né le 21 décembre 1934 à Bucarest, fils de Dumitru Peligrad, boyard et philanthrope, est un biologiste, philosophe et historien des sciences français.
Pionnier de la radiogénétique en Roumanie (ses premières études portent sur l'influence de l'électricité sur la vie des plantes), ingénieur agronome (1956), docteur en génétique (1961), puis professeur à l'Université de Bucarest, il combat les théories de Lyssenko, imposées dans les États communistes à partir de 1948 (ses laboratoires sont détruits à trois reprises et lui-même banni de l'université à la fin des années 1950). Dans son premier livre, publié en roumain en 1969, Biologie générale, génétique et amélioration, Denis Buican n'hésite pas à s'attaquer au lyssenkisme officiel.
Fuyant la dictature communiste, il s'installe à Paris en 1969, à l'occasion d'un congrès international. Naturalisé français en 1972, il entreprend une œuvre d'historien et de philosophe des sciences, matérialisée par sa thèse d'État (1983): Histoire de la génétique et de l'évolutionnisme en France. En 1989, son livre La révolution de l'évolution obtient un Grand Prix de l'Académie française. En 1997, il préside la section "Biologie et sciences médicales" du XXe Congrès international d'Histoire des Sciences (Liège, Belgique).
Professeur d'histoire des sciences à l'Université Paris X-Nanterre (1983-2003), il est l'auteur d'une nouvelle théorie de l'évolution, la théorie synergique de l'évolution. Il a également élaboré une nouvelle théorie de la connaissance, la biognoséologie.
Écrivain de langue roumaine et française, il a publié plusieurs recueils de poèmes, d'une sensibilité originale, proches des oeuvres de Lucian Blaga et de Tudor Arghezi. Hantés par le néant, ces courts poèmes, très denses, s'ouvrent sur un univers qui n'est pas sans rappeler celui du philosophe Cioran.
Après le coup d'état du 6 mars 1945 qui place les communistes (ultra-minoritaires) au pouvoir en Roumanie, Dumitru Peligrad est placé en résidence surveillée, car il appartient à une catégorie sociale jugée "malsaine" par le régime communiste. Malgré tout, le jeune chercheur mène de brillantes études à l'université de Bucarest, mais refuse de se soumettre aux contrôles de police réguliers et subit, en retour, diverses chicanes. En 1955, il fonde le premier laboratoire de radiobiologie de Roumanie et devient ingénieur agronome l'année suivante. Les théories lyssenkistes suscitent ses critiques, ce qui lui vaut la haine du régime dont les agents se livrent à diverses intimidations: son laboratoire sera vandalisé à trois reprises, en 1956, 1960 et 1962. Il poursuit néanmoins ses recherches sur la résistance au froid et l'hétérosis (ou vigueur hybride) chez les hybrides de Zea mays (le maïs). Ses travaux, qui font l'objet d'une première thèse de doctorat ès-sciences naturelles soutenue à Bucarest en 1961, seront complétés et exposés dès son arrivée en France dans une seconde thèse, soutenue cette fois devant la Faculté des Sciences de Paris en 1970, sous la direction de Roger Gautheret.
Théoricien de la biologie, Denis Buican a développé un nouveau modèle, la théorie synergique de l'évolution, qui entend actualiser et compléter la théorie synthétique : la sélection naturelle mise en évidence par Darwin ne s'appliquant qu'au phénotype et certains phénomènes (comme les mutations létales) n'étant pas suffisamment pris en compte, il introduit "une notion nouvelle dans le processus héréditaire et évolutif : la pré-sélection génotypique", qui peut être définie "comme l'opération naturelle qui élimine à priori, au niveau du génotype, toute combinaison génétique ou toute mutation impropre à la survie de celui-ci". S'inspirant de la théorie des systèmes de Ludwig von Bertalanffy, la théorie synergique envisage une sélection multipolaire, capable de jouer à tous les niveaux du vivant (de l'atome à la société en passant par le génome et l'organisme).