Dominique Rivière [1] est une géographe française, spécialiste de l’Italie, de l’Europe et de l’aménagement du territoire. Agrégée de Géographie, Dominique Rivière est actuellement professeure à l’Université Paris 7, et appartient au laboratoire de recherche Géographie-Cités (UMR 8504). Ses recherches actuelles portent sur les interactions entre le territoire et l’articulation d’échelle des acteurs institutionnels du local à l’Europe. Elle inscrit ses recherches dans une dimension comparative et s’inspire d’autres cas d’études français comme la région Bretagne ou encore l'Île-de-France.
Italie, Rome, Naples, Europe, Construction européenne, Aménagement du territoire, Politiques urbaines, Politique régionale européenne, Union européenne, Industries, politiques de rééquilibrage régional.
La ville devient une ville ouverte entre le XIXe et le XXe siècle : plus de remparts, plus d'octroi, une dilution croissante de la limite entre ville et campagne...
Pour autant les bornes n'ont pas disparu, bien au contraire, elles font toujours problème. Au mouvement d'absorption des communes suburbaines des XIXe et début XXe siècles font écho aujourd'hui les débats sur l'intercommunalité en France ou sur les aires métropolitaines en Italie. Les bornes sont politiques, administratives, elles sont aussi socio-économiques et culturelles. En effet, les trajectoires dans la ville, les mobilités tissent de multiples réseaux.
A travers elles, ce sont aussi des logiques d'évitement, parfois combattues, parfois orchestrées par les politiques urbaines, qui structurent la métropole. En outre, les bornes sont tout autant internes qu'externes : la question classique des rapports centre banlieue se double aujourd'hui de processus plus globaux de fragmentations métropolitaines. La ville sans bornes, c'est enfin, dès la révolution industrielle, et davantage aujourd'hui, le constat que les dynamiques locale, régionale et mondiale s'imbriquent dans le marché du travail et du logement.
Le monde a envahi la ville. En confrontant, autour des géographes et des historiens, les regards de différentes sciences sociales, cet ouvrage, issu d'un colloque qui s'est tenu en mars 2005 à l'université Paris 13, interroge les interactions entre les moteurs de l'expansion urbaine (marché du travail, trajectoires des populations et des entreprises dans la ville) et les " bornes ", qu'il s'agisse des maillages institutionnels ou des logiques sociales.
En mettant en perspective la situation de l'Île-de-France avec celle d'autres régions métropolitaines, nationales ou internationales, il s'agit, au-delà des singularités inhérentes aux divers contextes nationaux, de dégager, sinon des " modèles ", tout au moins des processus communs de fabrication de la ville. On ne peut que constater la difficulté, voire l'incapacité des politiques publiques à résoudre les problèmes engendrés par les transformations de l'objet urbain.
A l’heure de l’élargissement de l’Europe vers l’Est, les pays de l’Europe du Sud se préparent à de difficiles arbitrages, alors même que la question régionale se pose avec acuité en Italie. La dernière décennie a vu resurgir sous des formes nouvelles le vieux clivage Nord-Sud comme point névralgique pour la nation. Dans le même temps, les régions se voient décerner de nouvelles compétences et, au sud comme au nord du pays, le pouvoir local monte au créneau. Les liens de l’appartenance territoriale sont mis en scène par de nouveaux acteurs politiques.
L’objet de ce livre est donc d’interroger, dans une perspective comparative avec d’autres pays, le jeu des grands clivages socioéconomiques et celui des maillages et des « zonages » de l’action publique.
L’Italie est-elle en crise ? Les formes de son développement régional, sont-elles exportables ou luis sont-elles spécifiques ? Si le « modèle italien » s’avère ancré dans une géohistoire nationale, en matière de gouvernement du territoire, l’Italie est en revanche un laboratoire d’une restructuration plus globale des Etats en Europe. A mi-chemin entre « modèle français » et « modèle espagnol », elle s’inscrit dans un mouvement de décompression de l’action publique de l’Etat vers le niveau local-régional d’une part, vers l’Europe d’autre part.
L’Italie depuis une décennie connaît des bouleversements : après la réussite économique et la reconnaissance internationale des années 1980, la crise de l’Etat réveille aujourd’hui la vieille « question méridionale ». Pour l’Europe aussi, cette décennie a été celle des changements : affirmation de l’Europe du Grand Marché, renouvellement de la politique régionale européenne avec la réforme des fonds structurels, puis crise de l’après-Maastricht.
Comment des deux mutations affectent-elles la politique régionale italienne ? Depuis les années 1950, celle-ci donnait la priorité au Mezzogiorno. Or depuis que la Caisse du Midi a été supprimée, et surtout depuis que l’Europe est devenu à la fois partenaire et contrôleur des Etats dans la mise en œuvre des politiques de rééquilibrage régional, la politique en faveur du Mezzogiorno a été l’objet de remises en causes profondes. Elle a finalement été remplacée en 1993 par une nouvelle politique en faveur des « aires déprimées de tout le pays ». A travers le cas de la région romaine, située à la lisière du Mezzogiorno aidée et de l’Italie du Centre-Nord, l’objectif de cet ouvrage est de comprendre comment évoluent les politiques visant à résoudre les problèmes des « aires déprimées » dans l’Europe d’aujourd’hui. La ville du traité de Rome se trouve en effet à la croisée des anciennes et nouvelles définitions officielles du retard, de la dépression économique. Elle offre de ce fait un point de vue privilégié sur la façon dont les Etats et l’Europe construisent les représentations du territoire qui sont au soubassement des politiques régionales. L’analyse est ciblée plus particulièrement sur les aides aux entreprises, qui ont été ces dernières années au cœur des débats entre les Etats, les Régions et l’Europe.