Fondée sous le règne de Louis XV, l’École militaire devait être un lieu d’apprentissage des sciences de la guerre pour les jeunes officiers. Louis XV, le souverain pacificateur, estime alors qu’il faut savoir user de la force avec discernement pour installer une paix durable. Cette philosophie s’illustre directement sur le fronton du pavillon central de l’École, au-dessus des trophées qui encadrent l’écusson de Louis XV : on peut apercevoir à gauche, la Victoire, représentée sous les traits de Louis XV vêtu à l’antique, et la France symbolisée par une femme drapée à l’antique. A droite, on peut observer la Paix, avec un coq de vigilance à ses pieds, se tenant aux côtés de la Force, incarnée par Hercule.
« Le Château » est la partie centrale de l’École militaire. Elle se distingue par son dôme quadrangulaire inspiré de l’architecture du Louvre. Il comprend un escalier d’honneur, une salle des gardes qui contient des bustes de Lemoyne et cinq portraits de grands officiers, un salon dit «des maréchaux», une chapelle, une bibliothèque.
Théâtre de l’Histoire, l’École garde dans ses murs des traces discrètes des évènements historiques, notamment dans « Le Château ». Les dégradations subies sous la Révolution sont encore visibles sur les marches de l’escalier d’honneur, déjà peint en gris en son temps car la rampe en plaqué or était jugée trop luxueuse. Quant au superbe salon dit « des Maréchaux », il devint le bureau de Bonaparte, qui installa son quartier général dans l’école en 1795, après y avoir été élève dix ans plus tôt. On peut y voir des tableaux de Jean-Baptiste Le Paon, peints sur le terrain, de Casanova, un lustre en cristal de bohème, des bronzes d’ornement de Philippe Caffieri…mais aussi la trace d’une balle, dans le miroir, tirée par les troupes du général de Douay, lorsqu’ils reprirent l’école aux fédérés pendant la Commune.
En 1895, la cour d’honneur est le lieu de la dégradation militaire du capitaine Dreyfus, alors accusé de trahison, mais aussi celui de sa réhabilitation quelques années plus tard.
À l’extérieur, dans la cour d’honneur, on peut admirer une horloge réalisée par Lepaute, encadrée par une jeune femme aux seins nus qui montre l’heure, que la tradition rapproche de Mme de Pompadour, et une vieille aux pieds nus tenant un livre, qui symboliserait l’Etude. Aujourd’hui encore, l’entretien est assuré par l’entreprise Lepaute, 235 ans après l’installation de l’horloge.
La chapelle de l’École militaire fut bâtie, cachée dans le château, d’après les plans de Jacques-Ange Gabriel en l’honneur de Saint Louis, saint patron des armées. Passablement saccagée pendant la Révolution et très longtemps inutilisée, si ce n’est comme magasin militaire d’habillement et, pour l’anecdote, comme salle de bal pour le deuxième anniversaire du sacre de Napoléon, la chapelle est rendue au culte en 1952. On peut y admirer un plafond en voûte surbaissé et de grandes colonnes corinthiennes fondues dans le mur. De plus, l’ensemble bénéficie d’une belle luminosité qui accentue la nature simple et élégante de la chapelle. Bien que plusieurs éléments aient disparu, on peut toujours s’arrêter devant la porte du tabernacle de bronze, qui représente Jésus instituant le sacrement de l’Eucharistie ; lever les yeux vers la voûte, ornée de haut-reliefs, et découvrir les anges au-dessus de l’autel et de l’orgue ; observer le bas-relief sur lequel est représenté Saint Louis, sur une chape cachant une crosse d’évêque, à gauche de l’autel. La chapelle est décorée de neuf tableaux (onze à l’origine) illustrant la vie de Saint Louis, plutôt que le chemin de croix traditionnel. L’œil attentif peut y repérer un romain, un oriental, un musulman. Enfin, la chapelle héberge un étonnant trésor dans son sous-sol : une crypte contenant les restes de Pâris Duverney, le fondateur de l’École militaire et secrétaire des Finances de Louis XV.
Chapelle initiale de l’École militaire, prévue pour être la chapelle des élèves, la rotonde Gabriel, du nom de son architecte, abrite aujourd’hui l’un des deux points de restauration de l’École militaire. C’est un bâtiment de forme octogonale coiffé d’une coupole aplatie et éclairée par quatre « œil de bœuf » ou oculi. Elle est précédée sur chaque façade d’un avant corps d’un étage avec fronton rectangulaire et balcons à balustres. Après la fermeture de l’institution royale à la Révolution, la chapelle tombe dans l’oubli, puis devient une sellerie. C’est n’est qu’en 1945 qu’elle est remise en état et transformée en mess des officiers. (source École militaire, tradition et enseignement, Editions DEMSAT)
La bibliothèque du CESAT (Collège de l'Enseignement Supérieur de l'Armée de Terre,[1], située dans « le Château », est l’œuvre de l’architecte Jacques Ange Gabriel. Les locaux, classés par les Monuments historiques, sont constitués par une enfilade d’anciens salons de réception. On peut remarquer, dans la salle de lecture, les boiseries sculptées et des plafonds longtemps attribués au flamand Jacob Verbeeckt, des tableaux de Pierre-François Cozette, des cheminées en marbre style Louis XVI, dont une où sont représentés deux cadets entourant les armoiries de l’École royale militaire. On peut noter sur une des glaces d’époque, deux impacts de balles datant des combats du 25 août 1944.
L’École militaire est située sur l’une des plus belles perspectives de la ville de Paris, l’axe Trocadéro- Breteuil, qui part du Palais de Chaillot, traverse le pont d’Iéna et le Champ de Mars pour terminer sur la place de Breteuil. Encadrée par la Tour Eiffel et le siège de l’UNESCO, l’École, chef d’œuvre de l’architecture classique du XVIIIe siècle, s’impose au cœur de la capitale et de son histoire comme le symbole du lien Armée- Nation.