Cocaïne | ||
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Général | ||
Nom IUPAC | ||
No CAS | ||
Code ATC | N01 , R02 , S01 , S02 | |
DrugBank | ||
PubChem | ||
SMILES | ||
InChI | ||
Apparence | poudre blanche floconneuse | |
Propriétés chimiques | ||
Formule brute | C17H21NO4 | |
Masse molaire | 303,3529 ± 0,0165 g·mol-1 | |
Propriétés physiques | ||
T° fusion | 195 °C | |
Solubilité | 1,800 g·l-1 (eau) | |
Précautions | ||
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Phrases R : 23/24/25, 43, | ||
Phrases S : 22, 36/37/39, 45, | ||
Écotoxicologie | ||
DL | 13 mg·kg-1 (chien, intraveineuse) 31 mg·kg-1 (cochon d'inde, sous-cutanée) 59 mg·kg-1 (souris, intrapéritonéal) 16 mg·kg-1 (souris, oral) | |
Classe thérapeutique | ||
Anesthésique local | ||
Données pharmacocinétiques | ||
Métabolisme | hépatique | |
Demi-vie d’élim. | 1 heure | |
Excrétion | urine | |
Caractère psychotrope | ||
Catégorie | Stimulant | |
Mode de consommation | injectée, inhalée, ou prisé (sniffé) (à l'aide d'une paille sur surface lisse). | |
Autres dénominations | Poudre, Drepou Coke, Coco, CC, C Patante Blanche Charlie Chems Beida, Baida, Jbi Chnouffe Ghabra Beida Chamma Yayo Dragon Bleu neige | |
Risque de dépendance | élevé (psychique) | |
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La cocaïne est un alcaloïde extrait de la coca. Puissant stimulant du système nerveux central, elle est aussi un vasoconstricteur périphérique. En Occident, elle est classée comme stupéfiant.
La feuille de coca est utilisée, de manière empirique, de très longue date par les Indiens des Andes qui mâchent les feuilles de coca ou les consomment en infusion pour les aider à résister à la fatigue et à l'altitude.
Un spécimen a été rapporté en Europe par Jussieu en 1750.
En 1855, le chimiste allemand Friedrich Gaedcke obtient des cristaux en réduisant des feuilles de coca, il nomme cette substance erythroxyline.
En 1859, le voyageur Carl Scherzer rapporte à Vienne des feuilles de coca, à la demande du chimiste allemand Friedrich Wöhler qui en confie l’étude à un de ses élèves autrichiens, Albert Niemann. Dès l’année suivante, Niemann isole le principe actif des feuilles de coca et il en décrit l’action anesthésique. Il meurt peu après et c’est un de ses collègues, Wilhelm Lossen, qui, en 1865, détermine la formule brute de la substance, prouvant qu'il s'agit bien d'un alcaloïde. Mais il faut attendre 1879 pour que le physiologiste Wassili von Anrep en établisse, sur un modèle animal, les propriétés psychotropes.
Entre la découverte de Niemann et la mise au point des premiers dérivés de synthèse, la Stovaïne de Fourneau (1904) et la Novocaïne d’Einhorn (1906), la cocaïne, largement employée en ophtalmologie, est pratiquement le seul anesthésique local dont disposent les chirurgiens.
Il faut noter par ailleurs que la cocaïne aura été utilisée tout au long du XIXe siècle dans le traitement des maladies respiratoires.
Sigmund Freud fait quelques expériences sur ses effets et en conseille l'utilisation notamment comme aphrodisiaque, comme traitement des troubles gastriques, du mal de mer, de la neurasthénie ou comme traitement des addictions à l'opium, à la morphine et à l'alcool dans deux articles en juillet 1884 et mars 1885, avant de la proscrire en 1887 dans l'article « Cocaïnomanie et cocaïnophobie ». Il l'a notamment prescrite pour essayer de soigner l'un de ses amis médecins, Ernst von Fleischl, de sa morphinomanie. Non seulement Fleischl continuera à prendre de la morphine, mais il développera une telle dépendance à la cocaïne qu'il sera contacté par le laboratoire Merck qui « avait remarqué son importante consommation de cocaïne et voulait apprendre ce qu'il savait au sujet de la valeur thérapeutique de ce remède ». Fleischl devait mourir six ans plus tard morphinomane et cocaïnomane.
C'est l'ophtalmologue Carl Koller, qui a essayé la cocaïne sur le conseil de Freud, et le physiologiste Leopold Königstein qui appliquent les observations déjà faites sur le produit et pratiquent avec succès une anesthésie locale en chirurgie humaine. Ils présentent leurs travaux à la Société des médecins de Vienne, le 17 octobre 1884 dans un contexte où l'anesthésie locale est inconnue, la cocaïne est alors présentée comme « miraculeuse ».
Dans la fin des années 1800, elle devient populaire et s'incorpore dans les cigares, cigarettes, chewing-gum et dans les boissons.
Dès 1870, on voit apparaître la consommation populaire de vin dans lequel sont infusées préalablement des feuilles de coca. En 1871, le marché est dominé par une marque restée célèbre : le vin Mariani, du nom du pharmacien Angelo Mariani qui eut l'idée de commercialiser ce vin associé à un médecin, Charles Fauvel, ce qui lui confère une légitimité médicale (ce qui autorise l'émission d'un brevet). Inventé en Corse en 1863, issu du mélange de vin de Bordeaux et d'extrait de coca, ce vin n’est qu’une des nombreuses productions de Mariani puisqu'en 1890 son officine du boulevard Haussmann à Paris, qui ne désemplit guère, propose des pastilles à la cocaïne, des infusions de cocaïer, du vin, un élixir, des toniques et ce, en vantant la coca et ses applications thérapeutiques. De nombreuses personnalités des arts, de la littérature et de la politique apportent leur appui au vin Mariani. Citons les plus prestigieuses : Thomas Edison, Jules Verne, Émile Zola, le prince de Galles, monseigneur Louis Duchesne et même le pape Léon XIII, qui ne quittait pas sa fiole.
Quant au Coca-Cola, il est créé à l'origine (en 1886) pour satisfaire à la demande du marché américain pour une boisson populaire à base de cocaïne, mais ne donnant pas prise aux critiques des ligues de tempérance qui s'insurgent précisément contre les produits Mariani. En 1906, la proportion de cocaïne fut considérablement réduite (1/400e de grain par once de sirop), mais la cocaïne persista dans la composition de la boisson jusqu'en 1929.
Pourtant dès 1885, la multiplication des cas de cocaïnisme commence à être dénoncée par d'autres médecins (le psychiatre Albrecht Erlenmeyer, le toxicologue Louis Lewin) et émeut l'opinion publique allemande.
En 1914, les états américains ont réglementé l'usage et la distribution de cocaïne par l'adoption du "Harrison Act", ce afin de réduire la criminalité pour en interdire peu à peu l'usage non-médical. Au milieu du XXe siècle, elle n'est plus considérée comme un problème de santé publique.
Dès le début des années 1960, la consommation redevient préoccupante pour exploser à la fin années 1970 faisant la fortune des cartels.
Plusieurs conventions se tiennent sous l'égide de l'ONU afin de la combattre. Ces conventions prohibent la production, le commerce, la détention et l'usage des drogues (excepté à des fins médicales) et ont directement influencé les législations des pays signataires. La convention unique sur les stupéfiants de 1961 porte principalement sur la coca, l'opium, le cannabis et leurs dérivés. La cocaïne sera progressivement interdite dans la plupart des pays à mesure qu'ils adaptent leur législation propre et classée comme stupéfiant.
Dans les pays occidentaux, durant une bonne partie des années 1980 et 1990, la cocaïne est associée aux classes aisées, notamment aux milieux, de la politique, du cinéma et de la chanson qui la consomment dans un but de dopage. Mais l'augmentation exponentielle de sa production – malgré les différentes campagnes mondiales de lutte contre cette drogue – contribue à faire chuter les prix de revente à la dose et la cocaïne est consommée dans tous les milieux depuis le début des années 2000.
Erythroxylon coca. | Publicité pour le vin Mariani. |