Héroïne - Définition

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Production et trafic

Principaux pays producteurs d’héroïne.

Jusqu’au milieu des années 1970, les filières d’acheminement d’héroïne sont tenues par les Français de la « French Connection » qui s’approvisionne en Turquie et la mafia américaine héritière de Lucky Luciano.

Après l’élimination de la « French connection » c’est la filière asiatique qui reprend le marché avec la Turquie ou l’Albanie comme pays de transit.

En France, elle est remplacée dans les années 1980 par la filière nigériane changeant ainsi de pays de transit mais pas de pays producteurs.

L’année 2000 vit le commandeur des talibans, le mollah Mohammad Omar, décréter que la culture du pavot, étant anti-islamique, devait cesser, alors que le pays était considéré comme premier producteur mondial de pavot à cette date.

D’après l’organe international de contrôle des stupéfiants dans son rapport du 1er mars 2006, l’Afghanistan est redevenu le premier producteur mondial de pavot à opium (87 % de la production mondiale), 60 % du produit transite par l’Asie occidentale et 20 % par l’Asie centrale pour rejoindre ensuite essentiellement l’Europe mais aussi l’Amérique du Nord.

Mais c’est en Amérique du Sud notamment en Colombie qu’est produite et transformée près de 60 % de l’héroïne disponible sur le marché américain où elle entrerait en passant par le Mexique.

Une partie de la production licite de pavot à opium d'Inde est détournée pour le marché clandestin et transformée et consommée sur place.

L'Office des Nations unies contre la drogue et le crime estime en 2010 que la surface totale de plantations de pavot dans le monde est passé de 223 000 hectares produisant 8 890 tonnes d'opium en 2007 à 181 000 hectares produisant 7 754 tonnes d'opium donnant 657 tonnes d'héroïne en 2009 mais en 2008, seul 340 tonnes sont effectivement consommé, la Russie étant le premier pays consommateur.

Usage détourné et récréatif

Formes

L’héroïne pharmaceutique se présente sous la forme d’une poudre blanche très fine, mais dans la rue, elle peut se présenter sous la forme de poudres brunes, beiges ou blanches, plus ou moins fines. Il arrive que le produit soit compressé sous forme de « cailloux » lors de son conditionnement. On trouve également une forme solide ou pâteuse, très impure, produite au Mexique et importée aux USA, le black tar ; son importation en Europe est anecdotique. La couleur et l’apparence du produit dépendent de sa pureté (certaines étapes de la production permettant d’obtenir un produit plus pur et blanc étant omises) mais également des produits de coupe utilisés. La couleur n’est cependant pas une indication fiable pour juger de la qualité, pas plus que la présentation sous forme de « cailloux » : il est très facile de recompresser la poudre après coupage.

Il existe des appellations sous forme de numéros. Celles-ci définissent des préparations différentes :

Héroïne no 3

Aussi désignée sous les termes héroïne brune, brown-sugar, brown, golden brown, cassonade ; il s’agit d’héroïne-base, contrairement aux sels (chlorhydrates et sulfates) celle-ci est traditionnellement produite — afin d’être fumée — et consommée en Asie du sud-est car elle n’est pas soluble dans l’eau bien que certains consommateurs ajoutent du vinaigre ou du citron pour la transformer en sels (acétates et citrates) afin de la rendre soluble et injectable. Celle-ci est occasionnellement mélangée à des produits de coupe (caféine) présentant un point de fusion plus bas facilitant son inhalation lorsqu’elle est fumée. Elle se présente comme une poudre granuleuse de couleur brune à grise. Elle est obtenue à partir de l’héroïne acétylée. Cette héroïne ne peut être pure en raison d'une étape de raffinement manquante. Ainsi, dans les annales des saisies d'héroïne brune, 25% correspondant à un héroïne marron puissante, 40% au maximum.

Héroïne no 4

Aussi désignée sous le terme d’« héroïne blanche », il s’agit du produit sous forme de sel soluble dans l’eau, en général du chlorhydrate d’héroïne. Elle se présente comme une poudre blanche à beige très fine et légère. Elle est obtenue en poussant plus loin le raffinage de la morphine. Elle est traditionnellement produite dans le Triangle d’or mais aussi au Liban, en Syrie, au Pakistan.

Héroïne no 1 et no 2

Ces appellations ne sont pas utilisées. Elles correspondent théoriquement aux produits intermédiaires de la fabrication, l’héroïne no 2 correspondant à la morphine-base.

Héroïne « Black tar ».

Héroïne « Black tar »

Une troisième sorte d’héroïne produite au Mexique existe bien que celle-ci ne soit exportée qu’aux États-Unis : le black tar (goudron noir) C’est une héroïne impure se présentant sous la forme d’une pâte, plus ou moins solide de couleur noire ou brunâtre, à l’aspect plus proche de l’opium que d’une poudre ; ses caractéristiques en font une substance particulièrement utilisée par les fumeurs d’héroine. C’est une forme impure de la drogue, celle-ci est produite par les paysans mexicains qui n’ont qu’une faible expérience dans la culture du pavot et la production d’héroïne. Ceux-ci omettent nombre d’étapes dans le procédé de fabrication en transformant directement la morphine contenue dans l’opium en héroïne, sans passer par les étapes intermédiaires.

Habitudes de consommation

L’héroïne se présente sous forme de poudre brune, rarement blanche. Elle est coupée de manière variable (souvent 90 % à 95 %) parfois avec d’autres produits psychoactifs (cocaïne par exemple) ou non, voire toxiques (caféine pour 86 % des échantillons, paracétamol pour 79 %). La composition comme le degré de pureté sont très variables.

L’héroïne peut se consommer par :

  • injection intraveineuse, l’effet apparaît en moins d’une minute et s’estompe au bout de 3 à 5 heures ;
  • inhalation (fumée ou prisée), l’effet analgésique est alors dominant lors des premières prises. Rapidement l’effet psycho actif « apaisant » reste seul recherché.
  • « chasser le dragon » ou « alu » : méthode consistant à inhaler les vapeurs d’héroïne, chauffée la plupart du temps sur une feuille d’aluminium par le dessous.

L’injection présente des risques accrus de surdose ou d’infections locales ou systémiques graves. L’héroïne a longtemps été associée à l’injection intraveineuse du fait des ravages sanitaires qu’avait provoqué ce mode de consommation dans les années 1970. L'utilisation des traitements de substitutions comme le Subutex® (buprénorphine) et les campagnes de prévention et d’information sur cet usage qui permettait la transmission d’un certain nombre d’infections via les échanges de seringues (sida, hépatites B et C), ont fait considérablement baisser ce mode de consommation, au point qu’il est considéré comme minoritaire dans les pays occidentaux.

Si les risques de transmission infectieuse sont considérablement réduits par la consommation en inhalation prisée, ils restent présents du fait de l’échange des pailles qui transportent le même type d’infection, dont la tuberculose en plus.

L’héroïne peut être consommée en « descente » de la cocaïne (c’est-à-dire après) pour atténuer les effets angoissants de la diminution de ce produit dans l’organisme ; et parfois en « speed-ball » (cocaïne avec héroïne) afin de compenser les effets dépresseurs de l’héroïne par les effets stimulants de la cocaïne.

Effets et conséquences

Du fait de leur structure moléculaire relativement proche des endorphines produites par l’organisme, les métabolites de la substance vont se lier au récepteur opiacé-µ. Par ressemblance, les opiacés vont donc se substituer aux endorphines dans les récepteurs, entraînant une euphorie, une analgésie et des effets anxiolytiques.

L’utilisation répétée de la diacétylmorphine aboutit à un certain nombre de changements physiologiques, y compris une diminution des récepteurs opiacés disponibles.

4 à 24 h après la dernière prise de diacétylmorphine les récepteurs sont toujours occupés par les opiacés, mais les effets de la substance perdent en intensité. Les récepteurs ne sont alors plus disponibles pour lier les endorphines, ce qui entraîne des conséquences graves et des effets inverses de ceux recherchés. C’est ce processus qui est responsable de l’accoutumance et de la dépendance physique, où le corps ayant réduit sa production d’endorphines présente des symptômes physiques de manque de cette substance, appelé le syndrome de sevrage aux opiacés. Ce syndrome entraîne des symptômes extrêmement inconfortables, comme la douleur, l’anxiété, l’insomnie et des spasmes musculaires.

Du fait, de son fort caractère analgésique, elle peut masquer les douleurs dues aux infections.

En cas d’overdose, l’héroïne peut entraîner la mort par dépression respiratoire. Le surdosage étant généralement accidentel et imputé à une dose trop concentrée.

Effets recherchés

  • Flash, relaxation, apaisement ;
  • euphorie ;
  • extase ;
  • aide à la redescente des utilisateurs de substances à base de MDMA (ecstasy).

Ces effets sont suivis d’un état de somnolence.

Effets à court terme

  • problèmes gastro-intestinaux ;
  • ralentissement du rythme cardiaque ;
  • baisse de l’amplitude respiratoire ;
  • contractions importantes de la pupille (myosis) ;
  • action antitussive ;
  • hypothermie ;
  • démangeaisons.

Effets à moyen terme

  • Baisse de l’appétit pouvant entraîner des carences alimentaires voire des problèmes buccodentaires ;
  • constipation et difficultés à uriner ;
  • insomnies ;
  • interruption des menstruations chez la femme.
  • courbatures

Effets à long terme

  • Forte dépendance physique et psychique ;
  • accoutumance acquise aux opiacés ;
  • infections opportunistes du fait de l’état d’affaiblissement général ;
  • troubles de l’humeur ;
  • troubles anxieux ;
  • apathie ;
  • problèmes cutanés;
  • problèmes dentaires,
  • Replis sur soi, isolement.

Dépendance

L’héroïne entraîne une forte accoutumance.

L’arrêt brutal d’héroïne peut provoquer un syndrome de sevrage autrement appelé manque.

La dépendance à l’héroïne peut, de nos jours, être traitée par des médicaments de substitution : méthadone ou buprénorphine (Subutex). Ces substituts sont des opiacés synthétiques. Ils ralentissent l’apparition des symptômes de sevrage, les repoussant sans pour autant les supprimer. Les effets euphoriques de ces substances sont moindres et leur demi-vie (durée d’action) est plus grande que celle de l’héroïne, permettant ainsi une prise quotidienne unique. La substitution permet également de couper les patients toxicomanes du milieu de la drogue.

La finalité étant le sevrage définitif à court ou long terme en baissant les doses afin d’atténuer graduellement les symptômes de manque.

La prise d’héroïne par voie intraveineuse est considérée comme un mode d’administration addictogène : cela induit une alternance cyclique entre un effet euphorisant rapide et intense, et un état de manque.

L’addiction à l’héroïne est décrite par un processus en trois étapes :

  • La lune de miel : L’usager consomme pour le plaisir. Sa consommation est considérée comme contrôlée. Une tolérance s’installe ainsi qu’une dépendance psychique.
  • La gestion du manque : La dépendance physique apparaît. L’usager consomme pour éviter l’état de manque. Il développe souvent une polyconsommation de gestion du manque (consommation de benzodiazépines, alcool, etc.).
  • La galère : Le manque est omniprésent. La dépendance est majeure avec des comportements de perte de contrôle. L’héroïnomane sera alors capable de tout pour financer sa consommation.

Traitements de l’héroïnomanie

Le traitement de la dépendance à l’héroïne est long et vise à obtenir l’abstinence. Il nécessite souvent une aide extérieure.

La première phase de ce traitement passe par un sevrage où un traitement médical aide l’usager à supporter les symptômes du manque.

Cette aide extérieure peut se manifester de différentes façons obligation de soins, début de prise en charge sanitaire via une structure de premier plan type site d’injection supervisée, mise en place d’un traitement de substitution, hospitalisation en cure de désintoxication voire post-cure.

Statistiques

En 2002, en France, on estime le nombre d’expérimentateurs d’héroïne parmi les 1875 ans à 0,7 %. En France, en 2005, on comptait 160 000 héroïnomanes dont la moitié suivait un traitement substitutif aux opiacés (buprénorphine, méthadone, etc.).

Selon le rapport de l’OICS du 1er mars 2006 :

  • L’abus d’héroïne est peu répandu en Afrique avec un taux annuel de prévalence de l’abus d’opiacés de 0,2 % (pour la période 2002-2004, chez les individus âgés de 15 à 64 ans), chiffre inférieur à la moyenne mondiale de 0,3 %.
  • En Europe, la prévalence annuelle de l’abus d’opiacés est de 0,8 % (et atteint même 1,7 % en Lettonie).
  • Aux États-Unis, les héroïnomanes représenteraient 0,1 % de la population.
  • L’abus d’héroïne ne pose pas de problème majeur en Amérique du Sud ou en Océanie.
  • En Asie de l’est et en Asie du sud-est, les opiacés restent les principales drogues consommées.
  • Dans les pays d’Asie centrale, la principale drogue donnant lieu à des abus est désormais l’héroïne.

Jargon

Vocabulaire

  • Accrocher, être accro : le fait d’être dépendant.
  • Alu, taper un alu : voir Chasser le dragon : méthode consistant à inhaler les vapeurs d’héroïne chauffée, la plupart du temps, sur une feuille d’aluminium (d'où le nom) par le dessous, ou aussi appelé tache d'où l'expression taper une tache.
  • Fixer, shooter, se faire (ou se mettre) un taquet, se faire un trou, caler : synonyme d’injecter.
  • Flash : sentiment d’euphorie intense immédiatement provoqué par la prise d’héroïne et plus ou moins intense en fonction du mode de consommation.
  • Héroïnomane, camé, tox, : usager d’héroïne.
  • Paille : petit tube creux permettant l’inhalation de la substance.
  • Pompe, shooteuse, fix, flute, stylo : seringue.
  • Rails, traces, lignes, pointes, gouttes, tracks, trait, poutre : disposition en petits tas filiformes en vue d’inhalation à l’aide d’une paille.
  • Nourrir le singe : Expression qui désigne un toxicomane prenant de l'héroïne afin d'éviter ou de combler les symptômes liés au manque.
  • Kepa, kep’s, bonbonne, meug, bille : petits paquets dans lesquels sont conditionnées les doses destinées au commerce au détail. Ces termes ne sont pas spécifiques à l’héroïne.
  • Shoot, fix, flush, caler : injection.
  • Came, Hélène, keuch, cheval - horse, smack, brune, brown, meumeu, rabla, schnouf, poudre, peuf, meux : termes d’argot désignant l’héroïne.
  • Piquer du blaze, piquer du zen, plonger, bétonner, comater,  : piquer du nez. On somnole, l’héroïne fait piquer du nez, on plane.
  • Taper : priser (ou plus simplement « sniffer »).

Termes apparentés

  • Héroïnomanie : terme composé de héroïne et de manie, du grec mania pour « folie, passion ». Il désigne une toxicomanie à l’héroïne, une consommation régulière et non-contrôlée d’héroïne, amenant un état de dépendance.
  • Héroïnomane : dérivé du précédent, désigne les personnes atteintes d’héroïnomanie.
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