Au XVIIIe siècle siècle, le chocolat n'est encore qu'un produit exotique de luxe, fragile, coûteux à cultiver, transporter et surtout transformer. La culture du cacaoyer n'a pas encore traversé les océans, comme elle le fera au XXe siècle pour gagner l'Afrique, puis l'Asie et l'Océanie, grâce aux variétés trinitario et forastero, plus solides, qui représentent 95% de la production actuelle. La progression des cultures est aussi tributaire des progrès techniques pour le broyage des fèves.
Dans les années 1700, les moulins mécaniques manuels servent à extraire le beurre de cacao, ce qui aide à créer du chocolat qui reste dur. Charles Churchman un médecin de la ville de Bristol, lance dès 1728 la première broyeuse hydraulique, et son entreprise est rachetée en 1761 par le quaker Joseph Storrs Fry, dont le fils et la veuve créent à leur tour une broyeuse de fèves de cacao utilisant la machine à vapeur. Un moulin à papeterie près de Berne en Suisse est aussi utilisé 1750 par deux italiens, tandis qu'en 1756, la première usine de chocolat est créée en Allemagne, où une seconde suivra en 1772 à Berlin.
En 1765, c'est à Boston qu'une usine de chocolat à énergie hydraulique est créée par John Hannon, un technicien irlandais qui s'associe au médecin et chocolatier James Baker. En 1778, une machine hydraulique est présentée par le français Doret à la faculté de médecine.
Mais la matière première coûte cher. Taxes, interdictions et cloisonnements des marchés règnent. En 1764, dans son Humble Mémoire de Joseph Storrs Fry, à l'attention de l'administration du Trésor, ce dernier signale qu'il paie un droit d'excise de 2,3 shillings par livre de cacao, en plus d'un coût de la matière première de 10 shillings environ, soit une taxation de près de 25%. En 1776, une livre de chocolat représentait les revenus d'une semaine de travail pour un laboureur. En 1784, cette politique fiscale pénalisante est aggravée d'un fort protectionnisme, avec deux taxes : 5,1 shilling par livre de cacao importé, mais seulement 1,1 shilling par livre de cacao venant de possessions britanniques, alors pauvres en cacao selon les historiens. La Jamaïque se rattrapera au XIXe siècle.
Tucacas repris aux Hollandais, les Espagnols créent en 1728 la Compagnie Royale Guipuzcoana, regroupant des corsaires basques, pour capter le trafic du cacao, toujours orchestré par les marchands juifs hollandais de Curaçao, en face de Tucacas. De 1730 à 1733, la compagnie affronte une révolte des Amérindiens de la rivière Yaracuy, menés par Andresote, soutenue par les Hollandais, finalement matée par une armée de 1500 Espagnols.
La moitié du cacao de la vallée de la rivière Yaracuy continua à sortir durablement via la contrebande hollandaise, qui offrait de meilleures marchandises, à meilleur prix. La quantité de cacao importée en Espagne augmenta cependant entre 1728 et 1748. Le prix diminua, de 80 pesos la fanega de 52 litres en 1728, pour tomber à 45 pesos.
En 1755, le capital de la compagnie est fixé à 1.200.000 pesos. Le cédule royale du 16 septembre 1754 l'autorise à introduire deux mille esclaves noirs dans la province de Caracas. Aux environs d'Ocumare de la Costa, trente kilomètres plus à l'est, la production est lancée ainsi en 1755 avec des esclaves. On compte en moyenne 6 000 à 8 000 arbres, par plantation au milieu du XVIIIe siècle, les deux plus importantes appartenant aux sœurs de l'immaculée conception, tandis qu'elles attirent ensuite quatre familles de colon des îles Canaries. L'arrivée des esclaves amena la Colonie française du Darién, principale concurrente, à envisager la même expérience, aboutissant à la colère des indiens Kunas, qui chassèrent leurs associés français en 1760.
A la fin du XVIIIe siècle le cycle du cacao au Venezuela est cassé par la surproduction, la guerre civile et la dispersion des esclaves. Le cacao produit indéfiniment dès sa quatrième année et l'offre met du temps à s'adapter aux baisses de la demande.