L'Hôpital-sanatorium Sabourin, situé au nord de Clermont-Ferrand (rue du Docteur Bousquet) est un ensemble de bâtiments hospitaliers dont la structure principale est longue de 96 mètres et haute de 4 étages. Désaffecté depuis 1997, le site est en cours de réabilitation depuis 2006 pour y installer l'école d'architecture de Clermont-Ferrand.
Construit dans les années 1930 par l'architecte clermontois Albéric Aubert, et nettement influencé par les théories récentes de Gropius et du Corbusier. Il constitue le seul exemple d'architecture moderne de l'entre-deux-guerres de la région.
L'hôpital est aujourd'hui en cours de restauration, après une période de plusieurs années où il s'est lentement détérioré, étant désaffecté.
L'hôpital est installé sur les coteaux du puy de Chanturgue, à l'entrée nord de Clermont-Ferrand, rue du docteur Bousquet. Le terrain a été choisi dès 1929. Le choix du puy de Chanturgue (entre 362 et 391 mètres d’altitude) répondait aux critères de l'époque d'implantation des sanatoriums : protection contre les vents dominant, isolement dans la nature, possibilité de créer un parc clos et surveillé, ouverture sur le paysage, salubrité du terrain.
La plus grande aile du bâtiment principal est construite perpendiculairement aux côteaux du puy de Chanturgue. Sa façade principale est orientée vers le sud, permettant ainsi aux patients de profiter de la vue dégagée et du soleil.
Le projet allait porter le nom de Sabourin, en mémoire du docteur Charles Sabourin (1849-1920). Ce docteur en médecine est reconnu pour ses travaux, très novateurs à l'époque, sur l'anatomie et la pathologie pulmonaire. C'est ainsi qu'il ouvrit le premier sanatorium de statut privé en Auvergne à Durtol, près de Clermont-Ferrand, pour mettre en pratique ses théories : un lieu de moyenne altitude adapté aux soins des tuberculeux.
La construction des bâtiments commença en 1932. Initialement, le site devait comporter 3 bâtiments adoptant un plan en « U » :
Le projet initial subit plusieurs modifications au cours de l’exécution des travaux :
Le projet connut un dépassement de budget assez important : le devis réalisé en 1930 estimait l’ouvrage à 5 630 000 francs; après travaux, le projet coûta finalement 10 004 788 francs, ce qui provoqua une polémique dans la presse. De plus, et à l’exception des marchés des terrassements, maçonnerie et béton armé, les autres marchés furent attribués en cours de chantier (par exemple, le marché pour la fourniture et l'installation d'ascenseurs et de monte-charges a été conclu le 13 mai 1933, celui de l'assainissement conclu le 10 février 1934).
Détail de la villa du directeur | Détail de la villa du directeur | ||
Bâtiment principal, angle Sud | |||
Bâtiment principal, angle Nord |
Lors de la conception du bâtiment principal, l’architecte a opté pour un plan en « T » (voir plan général ci-dessus), composé de deux parties:
La symétrie de ce bâtiment, bien que partiellement estompée par l'ajout du bâtiment des chaudières, a été pendant longtemps exploitée par les services hospitaliers en consacrant l'aile ouest aux femmes, et l'aile est aux hommes et aux enfants.
La particularité du terrain à l'inclinaison (pente du terrain est d'environ 25°) très prononcée a été exploitée de manière ingénieuse par l'architecte : l’étage dit du rez-de-chaussée est déjà, en réalité le troisième étage de l’extrémité orientale (voir schéma à droite).
Les fonctions de l'hôpital-sanatorium étaient distribuées de la manière suivante dans les différents étages du bâtiment:
Durant les années d'après guerre, le bâtiment principal subit plusieurs modifications substantielles :
De plus, deux nouveaux bâtiments seront construits, amputant le jardin. L'un de ces deux bâtiment avait pour objectif d'accueillir des patients, l'autre étant conçu pour abriter le service d'allergologie, donnant sur la rue Apollon.
Bâtiment principal, cage d'escalier sud, entièrement vitrée |
Outre son profond ancrage dans le courant architectural moderniste, le bâtiment est très innovant pour l'époque.
Ainsi, son ossature générale est en béton armé, et les vides entre les poteaux sont comblés par des fenêtres ou des portes. L’insonorité des planchers a été obtenue par une dalle isolée des murs et des poteaux par une plaque de liège et reposant sur une couche de mâchefer. Tous les étages ont été équipés d’éviers-vidoirs qui collectaient les déchets pour les acheminer au sous-sol dans des poubelles hermétiques. Autre innovation : le monte-charge équipé d’un dispositif « à double vitesse » permet d'adoucir les démarrages et les arrivées. Les appareils de cuisson sont entièrement électriques, évitant ainsi toute odeur. Citons encore la création d’une centrale bactériologique pour recevoir les effluents et épurer les eaux usées avant de les restituer stérilisées dans des fossés-drains.
Les bâtiments, essentiellement blancs, comportent quelques éléments qui cassent cette uniformité. Sur la façade sud, les différents étages rompent cette monotonie. Au nord, la façade comporte des trumeaux de briques rouges, ainsi, qu’une longue verrière en angle pour les escaliers (le projet initial prévoyait des hublots).
L’architecte a également fait appel à des artistes locaux : Gustave Gournier pour les bas-reliefs en béton pierre (les médaillons sur l'entrée nord du bâtiment principal, ainsi que ceux sur le pavillon du personnel) et l’entrée de la petite chapelle, Louis Dussour pour la fresque de la chapelle (aujourd’hui disparue) et Georges Bernardin pour la ferronnerie (notamment le portail d'entrée).