Jacques Ardoino, né en 1927 à Paris, est un professeur français en sciences de l'éducation à l'Université de Paris VIII.
Jacques Ardoino a suivi des études de droit, de philosophie et de psychologie à l'université de Rennes entre 1946 et 1950. Après un temps comme professeur de lycée, il a été maître de conférence habilité à diriger des recherches en sciences de l'éducation. Il a enseigné et fait de nombreuses conférences dans plusieurs universités en France et dans une palette de pays.
En 2006 Jacques Ardoino était en particulier :
Lorsqu’un passeur est auprès d’un individu qui franchit la frontière vers un nouveau territoire, lorsqu’un accompagnateur est au côté d’un individu pour son projet d’être « le même mais autrement » toute une palette de manières d’aider est en jeu – écoute, reprise en écho, reformulation, proposition, accueil critique des allant de soi, conseil, etc..
Le concept d’autorisation rend compte de ce qui se passe pour l’accompagné qui se sent autorisé à dire, autorisé à contredire, autorisé à explorer de nouveaux espaces, autorisé à être autrement. Autrement que ce que son milieu naturel, son milieu d’adoption et lui-même ne l’avait pensé possible.
C’est l’attitude du passeur ou de l’accompagnateur qui va faire que l’accompagné ressentira, comprendra éventuellement cette autorisation. Cette autorisation comporte une multitude de volets comme :
Avec Edgar Morin, Mauro Ceruti et d’autres, Jacques Ardoino réfléchit à l’évolution de l’université – dans ses deux dimensions d’institution de recherche et d’éducation – dans l’épistémè hypermoderne.
Tout en reconnaissant certains des mérites anciens du modèle cartésien-comtien, il en souligne la nocivité intellectuelle lorsqu’il s’agit de faire un travail de recherche ou d’intervention dans les temps hypermodernes.
Les deux grands principes – les impératifs du chercheur – que sont « diviser l’objet de recherche » et « étudier les « bouts » séparément sont particulièrement contre-productifs lorsqu’il s’agit d’étudier des systèmes réputés comme complexes tel l’individu, le groupe ou le système social.
Jacques Ardoino s’intéresse au holisme en tant que méthode qui « voit d’abord le tout avant de voir les parties » mais n’en reste pas là.
Il observe que, lorsque l’on réalise une recherche multidimensionnelle, il y a bien une phase de division de l’objet de recherche en des dimensions (D1, D2, Dn) choisies par le chercheur mais ce dernier ne développe pas la croyance que D1 + D2 + Dn équivaut à l’objet de recherche.
Tout un travail de « remise en ensemble » est nécessaire pour retrouver – le moins imparfaitement possible – l’objet de recherche (voir Transversalité, ci-après).
Même attention lorsque la recherche devient multiréférentielle c’est-à-dire lorsque le chercheur considère chaque dimension de l’objet à l’aide d’instruments d’investigation et d’outils critiques hétérogènes. Le chercheur a une conscience aiguë qu’il va produire des îlots de discours hétérogènes dont la juxtaposition nécessite un travail de la part du lecteur pour comprendre comment se jouent les articulations et les tensions.
Deux métaphores sont développées par Jacques Ardoino pour rendre compte de cette cohabitation des îlots de discours hétérogènes qui résultent du croisement des dimensions et des référentiels : transversalité et métissage.
Jacques Ardoino souligne les apports de Félix Guattari, Georges Devereux, Georges Lapassade et René Lourau dans la définition de cet « être ensemble » des postures ,des regards et des attitudes critiques quelles que soient leurs hétérogénéités.
Une attitude « romantique » (c.f. René Girard) amène à regarder le monde non pas comme il est mais comme il devrait être, comme il pourrait être si les hommes étaient pure rationalité, perfection, cohérence, etc.. Jacques Ardoino souligne combien cette attitude est nocive en particulier lorsqu’il s’agit d’éduquer le jeune enfant puis l’adolescent et l’étudiant tout au long de la vie. Il propose que les maîtres soient formés à ces figures de l’hétérogénéité afin de pouvoir accueillir et insuffler la pensée nécessairement métisse de l’individu hypermoderne issus de parents, de cultures qui sont au sens propre ou au sens métaphorique métisses. Enfant qui évoluera dans des groupes eux-mêmes métisses.