Monastère de Ganagobie - Définition

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Introduction

Prieuré de Ganagobie : l'église

Le prieuré Notre-Dame de Ganagobie est un monastère bénédictin situé à environ 15 kilomètres au nord-est de Forcalquier et à environ 30 kilomètres au sud de Sisteron, dans le département français des Alpes-de-Haute-Provence. Il est connu pour son remarquable pavement de mosaïques médiévales polychromes, daté de la décennie 1120-1130, sans équivalent en France.

Un premier monastère fut fondé au Xe siècle par l'évêque de Sisteron qui en fit donation en 965 à l'abbaye de Cluny.

L'abbaye occupe une position privilégiée à 350 mètres au-dessus du lit de la Durance, sur un étroit plateau bordé d'abrupts. La voie Domitienne qui longe ce plateau constituait, au Moyen Âge encore, la route la plus courte et la plus sûre – dit Strabon – entre l'Espagne et Rome.

Laissé à l'abandon entre le XVe et le XXe siècle, il abrite depuis 1987 la communauté bénédictine de Hautecombe et s'est illustré entre 1991 et 2000 par des séminaires et des sessions de réflexion éthique destinés à aider les entreprises à réfléchir au sens de leurs décisions et à leur éthique. (L'activité a pris ensuite son autonomie dans le massif de la Sainte-Baume.)

Les moines fabriquent toute une gamme de cosmétiques et baumes à base d'huiles essentielles, ainsi qu'un très célèbre baume baptisé « baume du pèlerin », particulièrement connu et apprécié de tous ceux qui parcourent le chemin de Saint Jacques de Compostelle. Le prieuré fait partie de la congrégation de Solesmes, au sein de la confédération bénédictine.

Étymologie

Le sens du terme fait l’objet de plusieurs hypothèses : soit une racine oronymique (en référence à la hauteur sur laquelle le monastère est construit), soit une allusion à une tour en mauvais état.

Le prieuré médiéval

L'église

L'église, construite dans la première moitié du XIIe siècle, s'élève au-dessus de deux bâtiments plus anciens, dont les fondations ont été retrouvées par les fouilles des années 1960. Elle répond aux canons de l'architecture romane provençale : la nef est longue de 17,7 m, en trois travées voûtées en berceau brisé.

La nef actuelle se croise avec deux transepts, ce qui est assez exceptionnel en Haute-Provence. À l’entrée, la tribune a conservé son escalier et son décor de masques (XVIIe siècle). Les deux transepts sont constitués d’absidioles : le bras nord du premier transept est voûté en berceau brisé, comme la nef ; l’incertitude concernant le mode de couverture du bras sud n’a pas permis de reconstituer la voûte, qui est simplement charpentée.

Les mosaïques des absides, exécutées entre 1135 et 1173 (Combat des vertus et des vices), sont un exceptionnel exemple de décoration romane de ce type.

Dans la nef trône une Vierge de Monticelli, peintre provençal du XXe siècle ; l'artiste en fit don aux religieux en souvenir de son enfance, passée en grande partie dans la ferme voisine du prieuré.

Dans l’angle nord de l’église, la tour lui est antérieure et est probablement contemporaine du second état de l’église, au XIe siècle.

Quelques portions de mur sont ornées de fresques de la fin du XIIe siècle, classées.

Le portail

Le portail est surmonté d’archivoltes en arc festonné brisé qui paraissent d'inspiration mozarabe, comme les mosaïques qui ornent le chœur. Le tympan est orné d’un Christ en majesté, dans une mandorle, encadrée du Tétramorphe (symboles des quatre Évangélistes), le tout en bas-relief. Les douze apôtres sont sculptés sur le linteau. L’influence bourguignonne (Cluny étant située en Bourgogne) se fait sentir, notamment dans la position des animaux du Tétramorphe, qui tournent le dos au Christ. Il est possible que le tympan soit un remploi et date du XIe siècle ; il ne devrait pas être postérieur au premier tiers du douzième.

Les mosaïques

Mosaïque de Ganagobie. Détail: Saint George et le dragon

Chef-d'œuvre de l'art roman, les mosaïques de Ganagobie occupent la majeure partie de son sol. Elles ont été exécutées vers 1124 et couvrent une surface de 72 mètres carrés. Initialement plus étendue (82 mètres carrés), la partie centrale fut détruite pat l'écroulement de la coupole au XVIe siècle ou lors de la démolition de l'église en 1794.

Sa dimension et sa qualité artistique en font une œuvre unique en France. Certaines réminiscences de motifs byzantins rappellent la place de la Provence dans l’Antiquité. L'ensemble évoque les tapis d'Orient bien connus dans l'Europe du XIIe siècle.

Trois couleurs : rouge (grès), blanc (marbre), noir (calcaire) et une grande variété de formes font vivre, autour de l’autel, une faune et une flore fabuleuses : créature intermédiaire entre le bœuf et l’éléphant, centaure, griffon, etc. Dans les absidioles occidentales, les mosaïques, en partie disparues, représentent des monstres réalistes et un chevalier ; dans une absidiole sud, un cadre contient un taureau à tête humaine, deux médaillons enferment une harpie et un cerf. Le même décor végétal complète ces mosaïques. D’autres animaux fantastiques ornent le deuxième transept, dont certains marqués, comme sur les textiles sassanides, d’une croix pattée noire. Le bras sud contient un Saint Georges tuant le dragon. Sur le sol, une lutte de monstres et de cavaliers.

Les vitraux de l'église

Depuis les destructions de la Révolution, l'église n'avait plus de vitraux, mais de simples vitres translucides qui laissaient passer la lumière du jour. Les recherches archéologiques qui ont eu lieu parallèlement aux travaux de restauration du monastère dans les années 1960 ont mis au jour de petits fragments (classés) qui ont prouvé qu'il y avait eu autrefois des vitraux très colorés.

Depuis 2006, de nouveaux vitraux ont été installés : la communauté des moines bénédictins a choisi le projet de vitraux non figuratifs proposé par le père Kim En Joong, moine dominicain coréen.

Mobilier de l’église

Le mobilier du prieuré comporte un objet classé, une lampe du XVe siècle.

Le cloître

Le cloître roman est un petit chef-d'œuvre de grâce et de simplicité ; le réfectoire, couvert de deux voûtes d'ogives, et la salle des moines ont été restaurés, alors que les autres bâtiments qui l'entouraient sont en ruine. Il est le seul cloître roman à subsister pour le département ; son angle sud-est est relevé entre 1895 et 1905. Il ouvre par deux arcs larges et deux baies géminées sur chaque côté. Les chapiteaux sont ornés de bâtons brisés et de feuilles stylisées et sculptées à plat, l’un de masques humains. Le cloître est aussi orné d’animaux et, sur une colonne, d’un personnage debout et droit : peut être un abbé ou un saint.

Il a du être construit entre 1175 et 1220.

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