Mur de la peste - Définition

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Après la Grande Peste

Borne de signalisation contemporaine du Mur de la peste à Cabrières-d'Avignon

Les « Infirmeries » de Marseille restèrent en service jusqu’en 1850. C’était là que les capitaines apportaient leur patente. De 1650 à 1720, ces mesures et leur respect furent efficaces puisqu’il n’y eut pas d'épidémie atteignant les habitants du port. Le 10 juillet 1719 eut lieu la pose de la première pierre du nouveau bâtiment de la consigne sanitaire, à Marseille. Puis un nouveau lazaret fut installé, en 1777, au Château Saint-Roch, entre la mer et la route d’Aix. Ces lieux de quarantaine, inclus dans la ville, furent déplacés, en 1775, dans l’île Pomègue, qui pouvait faire accoster quarante navires de 300 à 400 tonneaux sur deux rangs, puis en 1828, dans l’île Rateneau, à l'Hôpital Caroline.

Le 21 février 1839, un incident notable ému tous les Marseillais. La corvette américaine « Le Cyand » renversa sur les quais du Vieux Port la statue de saint Roch qui ornait la façade du « Pavillon Sanitaire ». Le saint en perdit la tête et le navire yankee son beaupré.

Après la « grande peste » de 1720, pour parfaire l’isolement du lazaret marseillais, il fut entouré d’une seconde muraille (1724), située à douze mètres de la première. Une troisième enceinte fut construite en 1825. Résultat, plus de peste en ville, mais une vingtaine de cas qui purent être circoncis dans l’enceinte du lazaret. Les marchandises suspectes étaient placées en quarantaine dans les « Entrepôts de l’Enclos neuf » (1757). Chacun, d’une dimension de 65m x 35m, pouvait abriter environ 6 000 balles ou colis.

À partir de 1723, le mur n'a plus d'utilité sanitaire, et on réutilise les pierres pour d'autres constructions. Depuis 1986, une campagne de restauration et de valorisation est en place par l'intermédiaire de l'association "Pierre sèche en Vaucluse". On peut voir le mur entre Cabrières-d'Avignon et Lagnes, ainsi qu'à Murs. Aujourd'hui, près de 6 kilomètres ont été restaurés.

La grande Peste

Avis au public de 1720 concernant l'enlèvement des cadavre morts de la Peste
Médecin affublé de son masque caractéristique de l'époque de la peste. Le long bec renfermait des épices pour atténuer l'odeur des cadavres (gravure de 1656).

En mai 1720, la « Grande Peste » fut apportée, à Marseille, par le Grand Saint Antoine, dont l’affrêteur, l’échevin Estelle, malgré un décès suspect signalé par le capitaine Jean-Baptiste Chataud, voulut absolument débloquer sa cargaison pour commercialiser ses soieries à la Foire de Beaucaire qui débutait le 20 juillet. La peste ne fut officiellement déclarée que 67 jours après l’arrivée du navire.

En mars 1721, pour limiter la propagation de la maladie que les restrictions de circulation ne parviennent pas à contenir, le royaume de France, les territoires pontificaux d'Avignon et du Comtat Venaissin décident de se protéger par une ligne sanitaire matérialisée par un mur de pierres sèches entre la Durance et le Mont Ventoux, et gardé jour et nuit par les troupes françaises et papales empêchant tout passage. Les habitants furent ainsi réquisitionnés pour son édification, le mur devait empêcher toute relation entre le Comtat Venaissin et le Dauphiné encore épargné.

Malgré les barrières naturelles que représentaient la Durance, le Rhône, le Verdon, le Var, l’Eygues et l'Orb, auxquelles s’ajouta le « Mur de la Peste », on a pu calculer que l’épidémie se déplaçait de 45 kilomètres par mois, en zone peuplée, avec des différences allant de 35 à 50 km / mois. Mais si le fléau atteignit les Préalpes et le Gévaudan, il ne dépassa pas Orange dans la vallée du Rhône et il s’arrêta aux portes de Saint-Genest-de-Beauzon, près de Largentière.

La peste atteignit Apt, le 25 septembre et Carpentras le 24 octobre 1720, où l’on exposa les reliques de saint Siffren et le Saint-Clou pour éloigner le fléau. Un an plus tard, à Méthamis, le 21 septembre 1721, le bureau de santé ordonnait :

« Que ceux des habitants qui voudraient aller travailler à la vendange hors du terroir ne pouvaient aller qu'à Carpentras ou autres lieux plus proches ; qu’à leur retour ils apporteraient une attestation des personnes chez qui ils auraient travaillé et le nombre de jours qu’ils auraient travaillé chez chacun, au défaut de laquelle attestation ils ne seraient plus reçus dans le lieu. »

D’une façon générale, en ce temps de vendanges, les raisins ne pouvaient attendre et de nombreux consuls ou bureaux de santé remirent aux vendangeurs de leur commune une « carte marquée aux armes de la ville » leur servant de laissez-passer.

Parmi les désinfectants ou les médications le vin trouva une place prépondérante. Durant toute la période 1720/1721, on conseilla des vins légers et bus avec de l’eau pour ne pas enflammer le sang. Les vins blancs étaient recommandés. Pour désinfecter les lieux touchés par la peste on se servit du « Vinaigre des Quatre voleurs », préparation mise au point dès 1652. Dans du vinaigre de vin blanc on laissait macérer pendant 10 jours romarin, absinthe, sauge, menthe, girofle, noix muscade, ail et camphre.

Comme curatif, l’apothicaire de Ménerbes se chargea de fournir en thériaque une partie des communes de la vallée du Calavon. Le 12 août 1722, la peste finie, les consuls de Goult qui en avait acheté pour 340 livres lui renvoyèrent leur stock avec une indemnisation de 40 livres, mais par précaution, en gardèrent pour 20 livres.

Il y eut 126 000 morts en Provence, Comtat et Languedoc. En Provence, 81 communautés furent atteintes et sur une population de 293 113 habitants, il y eut 105 417 morts (36%) ; dans le Comtat, 6 communautés, soit 36 641 habitants et 8 062 morts (22%) ; en Languedoc, 84 communautés, soit 12 597 morts pour 75 377 habitants (16,7%). Marseille, la première touchée perdit la moitié de sa population, soit 50 000 morts.

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