Musée-bibliothèque de Grenoble - Définition

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Introduction

Ancien Musée-Bibliothèque de Grenoble

Le Musée-bibliothèque de Grenoble est un édifice culturel du XIXe siècle situé place de Verdun à Grenoble. Achevé en 1872, il va accueillir jusqu'en 1970 la Bibliothèque municipale de Grenoble et jusqu'en 1992 les collections du Musée de Grenoble. Il est actuellement utilisé comme lieu d'expositions temporaires.

L'ancien collège des Jésuites

Plan 2e étage de l'École centrale
Plaque fondateurs du musée dans le vestibule

La bibliothèque de Grenoble est fondée en 1772 par l'héritage de Monseigneur Jean de Caulet, évêque de la ville, décédé le 27 septembre 1771. De son côté, le musée de Grenoble est fondé en 1798 par un professeur de dessin, Louis-Joseph Jay. Ces deux institutions s'installent l'une après l'autre dans les locaux désaffectés du deuxième étage de l'ancien collège des Jésuites qui vient de prendre le statut d'École Centrale en 1796 et qui recevra celui de lycée en 1803, dénommé Lycée Stendhal en 1955. C'est en 1800 tout d'abord que la bibliothèque devenue municipale arrive dans les locaux de l'École Centrale, puis c'est au tour du musée, après un bref passage de dix-huit mois dans le palais de l'évêché, d'investir les lieux le 14 juillet 1802. Un décret impérial du 15 février 1811 vient enrichir le musée de peinture en attribuant 209 tableaux de maîtres à six villes françaises dont 32 tableaux pour Grenoble. Ces tableaux sont issus des conquêtes italiennes de Napoléon Ier et des réserves du Musée du Louvre.

En 1844, quatre ans avant que Hyacinthe Gariel ne soit nommé conservateur de la bibliothèque, sont entrepris des travaux de surélévation d'un étage sur l'aile perpendiculaire à la grande salle de 37 mètres du musée. Malgré cet agrandissement, les murs de l'ancien collège des Jésuites ne suffisent plus à contenir des collections qui s'étoffent un peu plus chaque année. L'idée de bâtir un nouvel édifice pour abriter les deux collections remonte à 1850. À partir de cette période, les conseils municipaux enregistrent régulièrement des plaintes de la part du proviseur du lycée qui voit ses locaux diminuer au fur et à mesure que les deux conservateurs agrandissent leurs collections.

Le 11 juin 1860, le conseil municipal vote le principe de construction d'un nouvel édifice. L'idée de la construction est avancée mais reste sans projet jusqu'au jour où Napoléon III lors d'une visite à Grenoble le 6 septembre 1860, promet une subvention de 200 000 francs. Toute la ville s'enthousiasme rapidement pour ce projet. Le maire de Grenoble, Eugène Gaillard, banquier fortuné de la ville, vient de trouver le projet de son mandat.

Le chantier du monument

La mise en adjudication de la construction se fait en mars 1864 par la pose d'affichettes bleues sur les palissades autorisées. À la mairie, le document de 114 pages du cahier des conditions générales et spéciales de l'adjudication des travaux précise dans son chapitre IV le planning suivant : l'année 1864 doit être consacrée aux fondations et aux caves, l'année 1865 aux soubassements extérieurs et à l'approvisionnement des matériaux, l'année 1866 aux étages courants et l'année 1867 à tous les travaux intérieurs.

Le 2 avril 1864, jour de l'attribution officielle, six enveloppes sont ouvertes et c'est l'entreprise locale Ragis & Thouvard, nouvellement associée, qui remporte le marché du gros œuvre.

Le gros œuvre

Les travaux entamés fin mai 1864 tombent immédiatement sur une difficulté nécessitant plus de trois mois pour déblayer et fouiller le terrain. En effet, le site de construction de la place d'Armes autour de laquelle se déroule le chantier fait partie d'une extension récente de la ville puisqu'un bastion de l'enceinte Lesdiguières se positionnait encore 40 ans plus tôt en bordure de cette place et une demi-lune était positionnée sur le terrain à bâtir. L'escarpe et la contre escarpe des anciennes fortifications, ainsi que la demi-lune, sont faites d'une maçonnerie particulièrement résistante. Le reste du terrain formé par les alluvions du Drac s'avère beaucoup plus tendre, à tel point que l'architecte Riondel propose un nouveau système de pieux de bois à enfoncer jusqu'au sol résistant. À un surcoût estimé à 65 000 francs, vient s'ajouter l'autorisation administrative du maire et du préfet de pouvoir marteler les pieux dans le sol. L'autorisation arrive le 30 janvier 1865 et provoque déjà un retard de 6 mois. Ces 2 500 pieux de bois enfoncés par groupe de 4 ou 8, selon une trame régulière qui suit celle des murs et des refends, doivent rencontrer un sol compact à 6 mètres de profondeur. À cette période, sans raison connue, l'entreprise Ragis & Thouvard persuade l'architecte Riondel de changer de pierre pour le socle du soubassement en employant la pierre de Chomérac. Avant la fin de l'année, le socle de l'édifice est achevé puisque le 10 décembre 1865 la cérémonie de pose de la première pierre se déroule en présence du nouveau maire de la ville, Jean Vendre, de quelques notables et de l'architecte Questel venu de Paris pour la circonstance.

Fronton en façade

Entre janvier et mai 1866, les soubassements extérieurs, hauts de 3 mètres, ainsi que les refends, sont élevés. Une nouvelle fois, l'entreprise de construction convainc l'architecte de changer de pierre pour les soubassements et les colonnes de la grande galerie, obligeant ainsi à créer un nouveau marché spécial rédigé en janvier 1866 afin de spécifier l'emploi de la pierre de Crussol. Le 26 avril, après visite d'une commission composée de onze personnes, le conseil municipal désigne la carrière Favre à Saint-Paul-Trois-Châteaux comme fournisseur exclusif de pierre pour le chantier, au grand dam de l'entreprise Ragis & Thouvard qui venait d'acquérir une carrière non loin de celle désignée. Les pierres taillées provenant de l'Ardèche sont déchargées tous les quinze jours dans la gare de Grenoble, inaugurée huit ans plus tôt.

Mais le chantier mené par une entreprise peu soucieuse de la sécurité de son personnel va entraîner nombre d'accidents et de tragédies. Le 7 novembre 1866, alors que le chantier est en pleine effervescence mais en retard sur ses prévisions, deux ouvriers tombent d'un échafaudage et se tuent. L'enquête d'accident qui remonte au procureur impérial et au maire, révèle la faute et l'imprudence des deux ouvriers. Le 17 novembre, un agent de la compagnie d'assurance s'indigne dans une lettre de la rédaction cavalière de la déclaration de sinistre mortel faite par les entrepreneurs. Cette déclaration vient en outre, après vingt déclarations de sinistres ayant entraînées des blessures sur des ouvriers.

Pendant l'hiver 1866-1867, avec plusieurs mois de retard, les grenoblois assistent à la pose du faîtage par l'installation des 54 tonnes de fermes et de poutrelles métalliques, opération menée conjointement par Ragis & Thouvard et par l'entreprise Gendry-Robillard de Paris. Les grandes verrières qui dispensent la lumière du jour sont maintenues par la charpente métallique à la structure audacieuse afin de la rendre imperceptible de l'extérieur. Bien que remontrances et semonces des architectes se succèdent depuis plus d'un an à l'encontre des entreprises et des ouvriers, le retard du planning de chantier continu, souvent à cause du manque de coordination des tâches entre maçonnerie et serrurerie.

Le second œuvre

Boiseries de la bibliothèque
Plafond vestibule : Gratianopolis
Entrée salle de la bibliothèque

En juillet 1867, alors que le gros œuvre touche à sa fin, Ragis, l'un des deux associés, meurt subitement. Les travaux de second œuvre commencent en septembre 1867 et ne prennent fin que durant l'été 1870. Les adjudications de menuiserie et de serrurerie fine sont passées entre septembre et novembre 1867. L'adjudication pour les travaux de peinture et décoration est repoussée en juin 1868 en raison d'un désaccord entre le maire et l'architecte au sujet des peintres à faire intervenir. Le maire, souhaite les peintres dauphinois, Diodore Rahoult et Henri Blanc-Fontaine alors que Questel désire le peintre parisien, Alexandre Denuelle. Finalement les peintres dauphinois réalisent la décoration du vestibule au style pompéien et le peintre parisien le reste de l'édifice. D'âpres discutions s'installent au sujet des noms illustres à faire figurer sur les pendentifs de la grande galerie, des personnages à représenter dans les médaillons de façade et même sur la forme des caractères de l'inscription gravée sur la porte ARTIBUS-LITTERIS (Les Arts et Lettres).

Les menuisiers grenoblois, malgré leur bonne renommée, travaillent lentement. Les parquets, portes, fenêtres, et rayonnages de bibliothèque prévus pour 80 000 volumes sont livrés au printemps 1868, mais les lambris et le mobilier de la bibliothèque en noyer poli, dessiné en décembre 1867 par le menuisier du Château de Versailles, ne sont achevés qu'à la fin de l'année 1869.

En juillet 1870, la guerre franco-allemande interrompt les soigneuses finitions de l'édifice, puis en mars 1871, éclate la période insurrectionnelle de la Commune de Paris qui va encore éloigner Questel de Grenoble et faire défiler trois maires à Grenoble. Après la réception du chantier le 24 mai 1872 sous la mandature du maire Ernest Calvat, c'est juste un siècle après la création de la bibliothèque, que les collections sont installées et que le bâtiment est ouvert au public. Des aménagements s'effectuent jusqu'à la fin de l'année 1872, puisque 15 bustes en marbre, grecs ou romains, rénovés par le sculpteur Irvoy, sont installés dans la bibliothèque et le vestibule. Au final, le coût total du musée s'élève à 1 699 377 francs.

Sans véritable inauguration en 1872, une certaine occasion se présente à la ville de la faire, lorsque le 20 juillet 1888, le président Sadi Carnot dans le cadre de son déplacement à Grenoble et à Vizille afin de commémorer le centenaire de la pré-révolution française, visite le musée-bibliothèque.

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