Le Pont de Galata (en turc Galata Köprüsü) est un pont d'Istanbul en Turquie. Il enjambe la Corne d'Or.
Le plus vieux pont connu date du règne de Justinien au VIe siècle, à proximité des murailles de Constantinople à la frontière ouest de la ville. En 1453, pendant la chute de Constantinople, les turcs assemblent un pont mobile en plaçant leurs bateaux les une à côté des autres et l'utilisent pour transporter leurs troupes d'une rive à l'autre de la Corne d'Or.
Dans les années 1502-1503, on discute pour la première fois d'un pont à l'actuelle position. Le sultan Bayezid II sollicite un projet de Léonard de Vinci, utilisant trois principes bien connus de géométrie : l'arc cintré, la courbe parabolique et la clé de voute, créant un sans précédent pont à tablier unique de 240m de long et 24m de large au-dessus de la Corne d'Or, qui deviendrait le plus long pont du monde à cette période s'il était construit. Cependant, ce projet ambitieux n'a pas l'approbation du sultan. Un autre artiste italien, Michel-Ange, est alors invité à dessiner un pont pour Istanbul. Michel-Ange refuse cette proposition, et l'idée de construire un pont au-dessus de la Corne d'Or est abandonnée jusqu'au XIXe siècle.
Une version réduite du pont de Léonard de Vinci vit le jour en 2001 près de Oslo, en Norvège, par l'artiste contemporain Vebjørn Sand, le premier projet d'un ingénieur civil basé sur les dessins de Léonard de Vinci à être construit. Le Wall Street Journal s'est référé à ce projet comme un symbole pour les nations.
Dans le début du XIXe siècle, Mahmud II (1808-1839) fait construire un pont à une certaine distance de la voie d'eau entre Azapkapi et Unkapani. Ce pont, connu sous le nom de Hayratiye (« bienfait » en français) ouvre le 3 septembre 1836. Le projet a été mené par le Pacha Haut Amiral Fevzi Ahmet en utilisant les travailleurs et les équipements de l'arsenal naval. Selon l'Histoire de Lufti, ce pont a été construit sur des pontons liés et faisait entre 500 et 540 mètres de long.
Le premier pont de Galata à la bouche de la voie d'eau est construit en 1845 par la Sultane Valide, la mère du sultan Abdülmecit Ier (1839-1861), et utilisé pendant 18 ans. Il est connu sous le nom de Cisr-i Cedid, ou nouveau pont, pour le distinguer du pont précédemment construit plus loin sur la Corne d'Or, connu lui sous le nom de Cisr-i Attik, ou pont vieux.
Sur la rive de Karaköy du pont, on trouve une inscription en couplet du poète Sinasi disant que le nouveau pont avait été construit par Abdulmecid Han : « Le premier à passer le pont fut le sultan Abdulmecid, et le premier à passer en dessous le capitaine français Magnan à bord de son bateau le Cygne. ».
Les trois premiers jours, traverser le pont était gratuit, après quoi un péage, connu sous le nom de mürüriye, est mis en place pour le ministère naval. La collecte du péage commence le 25 novembre 1845, et la taxe est répartie comme suit :
Le péage est collecté jusqu'au 31 mai 1930 par des fonctionnaires en uniforme blanc se tenant des deux côtés du pont.
Ce pont est remplacé par un second pont de bois en 1863, construit par le pacha Ethem Pertev sur les ordres du sultant Abdulaziz (1861-1876) en prévision de la visite de Napoléon III à Istanbul..
En 1870, un contrat est signé avec la compagnie française Forges et Chantiers de la Méditerranée pour la construction d'un troisième pont, mais le début de la Guerre franco-prussienne repousse le projet, qui est finalement donné à une compagnie anglaise G. Wells en 1872. Ce pont, achevé en 1875, fait 480 mètres de long et 14 mètres de large, et repose sur 24 pontons. Il a été construit pour 105 000 livres d'or. Il a été utilisé jusqu'en 1912, avant d'être déplacé en amont en remplacement de l'actuel très vieux pont Cisr-i Atik.
Le quatrième pont de Galata est construit en 1912 par la société allemande MAN AG pour 350 000 livres d'or. Ce pont flottant fait 466 mètres de long pour 25 mètres de large. Il a été détruit par le feu en 1992 et remorqué vers l'entrée de la Corne d'Or pour laisser la place au pont contemporain. Une vue de ce pont en 1954 (dans le cadre d'une exposition de photos en 2009) commentée
Le cinquième pont de Galata a été construit par la compagnie de construction turque STFA à juste quelques mètres du pont précédent, entre Karaköy et Eminönü, et achevé en décembre 1994. Il a été conçu et supervisé par GAMB. C'est un pont à bascule de 490 m de long, avec une envergure de 80 m. La plate-forme du pont fait 42 mètres de large pour trois voies de circulation et une voie piétonne dans chaque sens. Elle a également reçu récemment l'ajout d'une voie de tramway, permettant au tramway d'Istanbul d'aller depuis les banlieues près de l'aéroport international Atatürk à proximité du palais de Dolmabahçe. Les ingénieurs ont dû faire plusieurs inspections du pont en raison de problèmes techniques, qui ont causé un retard de plusieurs années. Le reste du pont comprenant le secteur du marché au premier étage est ouvert au public depuis 2003.
Le pont de Galata est un lien symbolique entre la cité d'Istanbul proprement dite, lieu du palais impérial et de la majorité des institutions religieuses et laïques de l'empire, et les districts de Galata, Beyoğlu, Şişli et Harbiye où une large proportion d'habitants étaient non-musulmans et où nombre d'étrangers, marchands et diplomates, vivent et travaillent. Le pont lie donc deux cultures distinctes. Comme Peyami Safa l'a écrit dans son roman Patih-Harbiye, une personne qui va de Fatih à Harbiye par le pont met les pieds dans une autre civilisation avec une culture différente. Hormis sa place dans des fictions, l'apparence romantique du pont de Galata en a fait le sujet de nombre de peintures et gravures.
Toutes les visites d'Istanbul incluent ce pont, car c'est le passage vers la vieille cité de Constantinople.