Thylacine - Définition

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Extinction

Disparition

Cette photo de 1921 prise par Henry Burrell d’un thylacine avec un poulet dans la gueule a été largement diffusée et a probablement contribué à donner à l’animal la réputation d’un voleur de volailles. En fait, l’image est découpée de manière à cacher la clôture et la maison en arrière. L’analyse de la photo par un chercheur a conclu que ce Thylacine était un animal empaillé.

Le thylacine semble avoir disparu du continent australien il y a 200 ans environ (peut-être plus en Nouvelle-Guinée). Sa disparition est attribuée à la concurrence des Aborigènes aidés par les dingos arrivés en Australie « il y a environs 3500 à 4000 ans », sans doute amenés par des navigateurs austronésiens.

Des doutes existent quant au rôle exact du dingo dans cette disparition car les deux espèces n’auraient pas toujours été en concurrence directe. Le dingo est un prédateur essentiellement diurne, alors qu’on estime que le thylacine chassait surtout la nuit. En outre, le thylacine était plus puissant que le dingo, ce qui lui aurait donné l’avantage dans des confrontations.

Des peintures rupestres du parc national de Kakadu montrent clairement que les thylacines ont été chassés dans la région dès l’arrivée de l’homme et on croit que les dingos et les thylacines se nourrissaient du même type de proie. Leurs territoires de chasse se chevauchaient manifestement : on a trouvé des fossiles de thylacines à proximité de ceux de dingos. Mais l’adoption du dingo comme compagnon de chasse par les Aborigènes aurait mis les thylacines sous une pression accrue.

Bien que disparus depuis longtemps du continent australien au moment où les colons européens sont arrivés, les thylacines ont survécu jusque dans les années 1930 en Tasmanie. Au début de la colonisation européenne, on les trouvait surtout dans les régions du nord de l’État. Mais s’ils ont rarement été aperçus, ils ont été lentement crédités de nombreuses attaques sur les moutons, ce qui a conduit à la création de primes d’abattage pour contrôler leur nombre. La société Van Diemen’s Land Company a ainsi offert des primes dès 1830 et, entre 1888 et 1909, le gouvernement de Tasmanie payait une livre par tête d’animal abattu (10 shillings pour un jeune). Il fut ainsi versé 2 184 primes, mais on estime que de nombreux thylacines ont été tués sans qu’une prime ne soit versée. Dans l’opinion publique, sa disparition est attribuée aux inlassables efforts déployés par les agriculteurs et les chasseurs de prime. Toutefois, il est probable que plusieurs facteurs aient conduit à son déclin et son extinction : la concurrence avec les chiens sauvages (introduits par les colons), la destruction de son habitat, la raréfaction concomitante de ses proies et une maladie analogue à la maladie de Carré qui a tué de nombreux spécimens en captivité à l’époque.

Quelle que soit la raison de leur diminution, les spécimens étaient devenus très rares dans la nature à la fin des années 1920. Il y a eu plusieurs efforts pour sauver l’espèce de l’extinction. Des documents du comité de gestion du cap Wilson datant de 1908 comportaient des recommandations pour réintroduire des thylacines dans plusieurs lieux appropriés du Victoria, sur le continent. En 1928, le Comité consultatif pour la protection de la faune originaire de la Tasmanie avait recommandé la création d’une réserve afin de protéger les thylacines survivants, en proposant des sites potentiels d’habitats appropriés, comme la région de l’Arthur-Pieman dans l’ouest de la Tasmanie.

Le dernier thylacine sauvage à avoir été abattu le fut en 1930 par l’agriculteur Wilf Batty à Mawbanna, dans le nord-est de l’État. L’animal (supposé être un mâle) avait été vu tourner autour du poulailler de Batty depuis plusieurs semaines

La dernière photographie connue d’un thylacine vivant a été prise au zoo d’Hobart en 1933. Le scrotum n’est visible sur aucune prise de vues de la série, ce qui laisse à penser que « Benjamin » était une femelle, mais l’intériorisation du scrotum étant possible chez le thylacine, on ne peut en être certain.

Des particuliers possèdent parfois des peaux de thylacine, comme la peau Wilson rachetée par le National Museum of Australia en 1987.

« Benjamin » et ses successeurs ?

Le dernier tigre de Tasmanie à vivre en captivité, dénommé par la suite « Benjamin » (bien que son sexe n’ait jamais été confirmé), a été capturé en 1933 et envoyé au zoo de Hobart où il a vécu pendant trois ans. Frank Darby, affirmant avoir été gardien au zoo de Hobart, a expliqué dans un article de journal de mai 1968 que l’on avait donné « Benjamin » comme nom à l’animal. Toutefois, il n’existe aucune documentation permettant de penser qu’il ait jamais eu un nom et Alison Reid (le conservateur du zoo à l’époque) et Michael Sharland (alors journaliste pour le zoo) ont nié que Frank Darby ait déjà travaillé au zoo ou que le nom de Benjamin ait jamais été utilisé pour l’animal. Darby semble également être la source de l’affirmation selon laquelle le dernier thylacine était un mâle ; les photographies donnent à penser qu’il s’agissait d’une femelle. Ce thylacine est décédé le 7 septembre 1936. Il aurait succombé à la suite de négligences : on l’aurait empêché de pouvoir rejoindre son abri et laissé soumis aux conditions météorologiques extrêmes de la Tasmanie (chaleur accablante pendant la journée, températures glaciales la nuit). La dernière séquence cinématographique d’un spécimen vivant (62 secondes d’images en noir et blanc prises en 1933 par le naturaliste David Fleay) montrent un animal faisant des va et vient derrière sa clôture. Depuis 1996, le 7 septembre est devenu en Australie la « journée nationale des espèces menacées » et ce pour commémorer la mort du dernier thylacine.

Bien qu’un mouvement de protection du tigre de Tasmanie se soit fait jour en 1901 dans le pays, mouvement favorisé en partie par la difficulté croissante à obtenir des spécimens pour les collections d’outre-mer, les difficultés politiques ont empêché l’entrée en vigueur de toute forme de protection jusqu’en 1936. Le gouvernement de Tasmanie a présenté seulement le 10 juillet 1936 son projet de protection officielle de l’espèce, 59 jours avant la mort en captivité du dernier spécimen connu.

Recherche de spécimen vivant

Thylacine ou pas ?

Bien que le loup de Tasmanie soit officiellement considéré disparu, de nombreuses personnes pensent que l’animal existe encore. Des personnes prétendent régulièrement l’avoir vu en Tasmanie, sur le continent australien et même dans la partie indonésienne de la Nouvelle-Guinée près de la frontière avec la Papouasie-Nouvelle-Guinée. La mort accidentelle d'un jeune mâle sur la côte occidentale de la Tasmanie en 1961, soit 25 ans après sa date d'extinction officielle, contribua à enflammer les imaginations. L’association pour la recherche sur les espèces rares de la faune australienne déclare disposer de 3 800 rapports de personnes ayant déclaré avoir vu l’animal en Australie depuis 1936, date de sa disparition officielle, tandis que le centre australien sur la recherche des animaux mystérieux en a enregistrés 138 jusqu’en 1998, et que l'administration chargée de l'environnement en Australie-Occidentale en a enregistrés 65 dans son secteur sur la même période. Les chercheurs indépendants Buck et Joan Emburg, après compilation d’un certain nombre de sources, déclarent disposer de 360 observations en Tasmanie et 269 sur le continent australien après la dernière observation officielle. Sur le continent, les observations sont le plus souvent signalées dans le sud du Victoria.

Représentation artistique de deux Thylacines (1883).

Des rapports déclarant avoir vu des renards (introduits pour la première fois en 1864, puis aux environs de l’an 2000) sont pris très au sérieux en Tasmanie alors qu’on a peu de preuves de la présence de l’espèce sur l’île. Alors que le groupe de travail sur la présence de renards en Tasmanie reçoit des subventions gouvernementales, il n’y en a plus pour les recherches sur le loup de Tasmanie. La difficulté de localiser les renards dans la nature sauvage tasmanienne donne des chances à la survie du thylacine dans des zones non habitées par l’homme.

Bien que de nombreuses observations aient été immédiatement récusées, certaines ont retenu fortement l’attention. En 1982, un chercheur du département des parcs et de la faune de Tasmanie, Hans Naarding, a pu observer pendant trois minutes un animal qu’il pensait être un thylacine, la nuit dans un site près d’Arthur River dans le nord-ouest de l’État. L’observation a conduit à une vaste campagne de recherche d’une durée d’une année financée par le gouvernement, mais en vain. En janvier 1995, un autre agent des parcs et de la faune a déclaré avoir vu un thylacine dans la région de Pyengana dans le nord-est de la Tasmanie aux premières heures du matin. Mais les recherches entreprises n’ont révélé aucune trace de l’animal. En 1997, des habitants et des missionnaires vivant près du Puncak Jaya en Nouvelle-Guinée occidentale, ont déclaré avoir vu des thylacines. La population locale connaissait apparemment leur existence depuis de nombreuses années, mais n’en avait jamais parlé.

En février 2005, Klaus Emmerichs, un touriste allemand, a affirmé avoir pris des photos numériques d’un thylacine vu près du lac Saint Clair mais l’authenticité des photos n’a pas été établie. Les photos n’ont été publiées qu’en avril 2006, quatorze mois après l’observation. Les photographies, qui ne montrent que l’arrière de l’animal, ne sont pas, pour ceux qui les ont étudiées, une preuve de son existence.

Primes

En 1983, Ted Turner a offert une récompense de 100 000 dollars australiens à qui apporterait la preuve de l’existence actuelle du loup de Tasmanie. Mais, en réponse à une lettre envoyée par un chercheur sur le thylacine, Murray McAllister, en 2000, Turner a indiqué que la récompense avait été supprimée. En mars 2005, le magazine australien d’information The Bulletin, dans le cadre de son 125e anniversaire, a offert 1 250 000 dollars de récompense à qui capturerait un thylacine vivant sans le blesser. Lorsque l’offre est arrivée à son terme, fin juin 2005, personne n’avait pu produire de preuve de l’existence de l’animal. Une prime de 1,75 millions de dollars a, par la suite, été offerte par un voyagiste de Tasmanie, Malcolm Stewart. Mais le piégeage du loup de Tasmanie est illégal aux termes de la loi, de sorte que toute récompense pour sa capture n’est pas valide, car aucun permis de piégeage n’a été accordé.

Projet de clonage

Spécimen taxidermisé au Walter Rothschild Zoological Museum, Tring, Angleterre. Une liste de tous les spécimens connus, dont bon nombre se trouvent dans des collections européennes, est désormais détenue par l’International Thylacine Specimen Database.

L’Australian Museum de Sydney a entamé un projet de clonage en 1999. L’objectif était d’utiliser du matériel génétique prélevé à partir de spécimens conservés au début du XXe siècle, notamment un embryon de thylacine conservé dans l’éthanol depuis 1866, afin de cloner de nouveaux individus et de restaurer l’espèce.

La plupart des spécialistes estiment cependant que ce projet, au coût estimé à 48 millions de dollars, est difficilement réalisable (20 % de chance de réussite). Plusieurs microbiologistes sérieux ont quitté le projet lorsque le professeur Mike Archer, directeur du muséum à l’époque, fut nommé en 2002 pour le Bent Spoon Award, une pseudo-récompense attribuée aux idées pseudo-scientifiques ou paranormales paraissant les plus absurdes.

En 2002, les chercheurs du projet parvinrent à extraire de l’ADN réplicable à partir des spécimens conservés. Le 15 février 2005, le muséum annonça qu’il arrêtait le projet après que des tests eurent démontré que l’ADN collecté était trop dégradé pour être utilisable. En mai 2005, le professeur Michael Archer, doyen de la faculté des sciences de l’Université de Nouvelle-Galles du Sud, anciennement directeur de l’Australian Museum et chercheur en biologie de l’évolution, annonça que le projet allait être relancé par un groupe d’universités intéressées et un institut de recherche.

L’International Thylacine Specimen Database (ITSD) a été achevée en avril 2005 et constitue l’aboutissement d’un projet de recherche de quatre ans visant à cataloguer et photographier, si possible, tous les spécimens connus de Thylacine préservés dans les muséums, universités ou collections privées.

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