À partir d’études satellites exécutées par le Centre aéronautique et spatial (DLR) il a démontré qu’en occupant moins de 0,3 % de la surface entière désertique de la région MENA, des centrales thermiques solaires pourront produire assez d’électricité et d’eau douce pour satisfaire aux demandes actuelles de l’EU-MENA, et aux augmentations des demandes que l’on attend dans le futur. L’utilisation des vents en Maroc et sur terre autour de la mer Rouge générerait des approvisionnements additionnels d’électricité. Les puissances solaire et éolienne pourront être distribuées en MENA et être transportées par des lignes de courant continu de haute tension (CCHT) à l’Europe en subissant des pertes de transmission totales qui n’excéderont pas les 10-15 %. Le Club de Rome et la TREC soutiennent tous les deux le concept « DESERTEC » : porter la technologie et les déserts au service de la sécurité de l’énergie, de l’eau et du climat. Des pays tel que l’Algérie, l’Égypte, la Jordanie, la Libye, le Maroc et la Tunisie ont déjà montré un intérêt à cette sorte de coopération.
La meilleure technologie pour fournir une sûre performance d’électricité est celle des centrales thermiques solaires (appelées aussi Concentrating Solar Power, CSP). Elles utilisent des miroirs pour concentrer la lumière du soleil et elles créent de la chaleur qui est utilisée afin de générer de la vapeur pour actionner des turbines à vapeur et des générateurs d’électricité. L’excès de chaleur des capteurs complémentaires peut être stocké dans des citernes contenant un sel fondu qui est alors utilisé pour actionner les turbines à vapeur pendant la nuit ou quand une pointe de consommation se produit. Afin de garantir un service ininterrompu pendant des périodes nuageuses ou de mauvais temps (sans qu’il faille tenir prêt des chères centrales d’électricité d’appui), les turbines pourront être actionnées par du pétrole, du gaz ou des combustibles de biomasse. La chaleur résiduelle du processus à générer de l’électricité pourra être utilisée (en cogénération) pour le dessalement de l’eau de mer et pour la génération du refroidissement thermique- étant des sous-produits qui peuvent être un bénéfice important pour la population locale
En appliquant des lignes de transmission de Courant Continu à Haute Tension (CCHT) les pertes de puissance pendant la transmission pourront être limitées à environ 3 % par 1 000 km. L’irradiation solaire dans les déserts du MENA permet d'atteindre jusqu'à 3 000 kWh/m²/an en Afrique du Nord (mesurée en 2002 à 23° de latitude), contre moins de 2 000 kWh/m²/an pour les pays méditerranéens, et 700kWh/m²/an pour les pays de l'Europe centrale. Cette différence permet de compenser largement les pertes de transmission estimées à 10-15 % entre le MENA et l’Europe. Cela veut dire que les centrales thermiques solaires dans les déserts du MENA sont plus économiques que les centrales similaires en Europe du Sud.
Vers 2050 entre 10 à 25 % d’électricité pour l’Europe pourra être l’énergie propre qui est importée des déserts ensoleillés. Dans le scénario TRANS-CSP les énergies renouvelables comprennent environ 65 % d’approvisionnements de l’intérieur, les importations solaires du MENA étant 17 %. Chaque réseau électrique raisonnable à capacités suffisantes en réserve (TRANS-CSP approximativement 25 %) pour compenser le dérangement des lignes à haute tension ou des centrales électriques. Une dépendance trop large d’un seul pays et de quelques centrales électriques peut être évitée en diversifiant les diverses sources d’énergie renouvelable, comme illustrée dans le schéma d’une infrastructure montrant une multitude de centrales thermiques solaires et de fermes éoliennes dans de nombreux pays. De même, l’utilisation de plusieurs différentes lignes de transmission CCHT à l’Europe et une large série de différents propriétaires de facilités (publics ainsi que privés) aidera à accroître la sécurité de l’approvisionnement.
Les importations de combustibles tels que l’uranium, le gaz et le pétrole sont considérées comme politiquement risquées parce que les réserves mondiales diminuent inexorablement et les réserves connues ne sont trouvées qu’en peu de pays. Ceci mènera à des prix plus élevés, à des dépendances politiques et à des limites en approvisionnements. Par contraste, l'énergie solaire est immense, inexhaustible et disponible en beaucoup de pays. Et au fur et à mesure que les volumes s’accroissent, les prix baisseront et les technologies s’amélioreront. Une demande accrue de la part de l’Europe mènera à une croissance économique pour les pays du MENA. À son tour celle-ci pourra aider à faire progresser la stabilité politique et à améliorer l’entente entre l’Europe et le MENA. Le trafic international d’énergie renouvelable aura tendance à augmenter le nombre de sources disponibles pas chères et devra aider à consolider la coopération internationale. Des nouveaux emplois dans la région de MENA seraient créés pendant la phase de construction, dans le maintien des centrales solaires, et dans la génération d’électricité et d’eau pour la population locale. Il y aura également la possibilité de générer de l’hydrogène en utilisant des approvisionnements pas chers et inépuisables de l’énergie solaire, celui-ci étant un substitut éventuel apte à remplacer les combustibles fossiles pour le secteur automobile. La demande en biomasse étant décroissante pour générer de l’électricité on pourra l’utiliser plus utilement dans le secteur automobile.
Les technologies nécessaires pour réaliser le concept- DESERTEC existent déjà et sont utilisées depuis de nombreuses décennies. Des lignes électriques de transmission CCHT d’une capacité de 3 GW ont été utilisées sur des longues distances par ABB,Siemens et Areva pendant de nombreuses années. En juillet 2007 Siemens acceptait une offre impliquant la construction d’un Système- CCHT de 5 GW en Chine. Au « World Energy Dialogue 2006 » à Hanovre, Allemagne, des conférenciers des compagnies l’une comme l’autre précédemment mentionnés, ont confirmé que la réalisation d’un Euro-Supergrid et une EU-MENA-Connection est entièrement faisable au point de vue technique.
Depuis 1985 des centrales thermiques solaires à Kramer Junction en Californie fonctionnent commercialement. Des nouvelles centrales ayant une capacité totale de plus de 2 000 MW sont projetées, ou bien sont en construction, ou bien déjà en fonction Le DLR a calculé que, si des centrales étaient construites en grands nombres dans les années à venir, les coûts estimés pourraient baisser de 23 centimes d’euro le kWh aujourd'hui à d’environ 5 à 7 centimes d’euro le kWh en 2030. Aujourd'hui, le kWh des centrales solaires thermique bénéficie d'un tarif de rachat à 27 centimes en Espagne et le coût du kWh issus des centrales solaires du Sahara est estimé à 16 centimes par Gregor Czisch. Les scenarii les plus optimistes tablent sur un kWh solaire thermique à 10 centimes en 2020.
Pour établir vers 2050 en MENA une capacité de 100 GW de puissance solaire exportable en sus des besoins à l’intérieur des pays de la ceinture solaire, seulement quelques mesures gouvernementales appuyant suffiraient à rendre la construction des centrales solaires et du réseau de transmission nécessaire, plus attrayante pour les investisseurs, privés ainsi que publics.