Université nationale majeure de San Marcos - Définition

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Introduction

Université Nationale de San Marcos
Devise Universidad del Perú, Decana de América (en français: Université du Pérou, Doyenne d'Amérique)
Nom original Universidad Nacional Mayor de San Marcos
Informations
Fondation Le 12 mai 1551
Fondateur Fray José de San Martín
Type Université publique du Pérou
Régime linguistique espagnole
Localisation
Ville Lima
Pays Pérou  Pérou
Campus 0.69 km²
Direction
Recteur Luis Izquierdo Vásquez
Chiffres clés
Enseignants 2,559 professeurs (à temps complet); 674 professeurs (à temps partiel)
Étudiants 33,259
Undergraduates 29,710
Postgraduates 3,549
Divers
Site internet www.unmsm.edu.pe

L'université nationale majeure de San Marcos (en espagnol Universidad Nacional Mayor de San Marcos) est la principale université du Pérou, situé à Lima. Son ancienneté - elle est dite « doyenne d'Amérique » car elle la plus ancienne des universités du continent américain - et la quasi-gratuité de son enseignement (contrairement aux autres universités, elle ne pratique guère de sélection socio-économique, ce qui lui permet de pratiquer une rigoureuse sélection au niveau, à travers un examen d'entrée où le nombre de places est très faible au regard du nombre de postulants) lui conservent un fort prestige.

Histoire

Il semble que l'histoire de cette institution soit une suite ininterrompue de crises et de tentatives de réforme. C'est du moins ainsi qu'elle est implicitement présentée dans l'historiographie. Cette problématique est encore très présente dans les discours produits par les divers groupes d'opinion et de pouvoir au sein de l'université.

Le contexte de la fondation, et le débat chronologique pour l'ancienneté

La maison historique au couvent du Rosaire de la Ordre dominicaine, où l'Université de San Marcos a commencé à travailler.

La mission évangélisatrice assignée aux hommes de la Conquête rend urgente la création d'un centre de formation des clercs, d'autant que les sociétés andines, et notamment le Tahuantinsuyu (l'empire inca) sont elles aussi dotés d'institutions similaires (le Yachaywasi de la langue quéchua). Ce besoin ne se fait pas uniquement sentir dans la zone andine, mais dans toute la Nouvelle Espagne. C'est ainsi que de 1551 à 1558 sont successivement créées par la couronne espagnole quatre universités : San Marcos, San Pablo (Mexico), La Plata (qui ne sera jamais inaugurée) et Santiago de La Paz (à Saint-Domingue, elle disparait lors de l'expulsion des Jésuites en 1767). L'université de la Ville des Rois (Lima), qui ne porte pas encore le nom de saint Marc, reçoit le 12 mai 1551 une real cedula dont l'original aurait été perdu lors de l'occupation chilienne (1881-1883) mais dont une copie se trouve à l'Archivo General de Indios, et dont nous avons conservé plusieurs versions imprimées du XVIe siècle. Elle est inaugurée le 2 janvier 1553.

Dans les années 1930, un débat érudit a opposé des historiens péruviens et mexicains pour statuer sur l'ancienneté respective de San Marcos et de San Pablo. C'est alors qu'est inventée l'expression « Doyenne d'Amérique » qui est aujourd'hui accolée au nom de l'Universidad Nacional Mayor de San Marcos (malgré sa suppression temporaire sous le rectorat de l'historien Manuel Burga). Notons qu'à San Marcos même, l'ensemble de l'opinion n'était pas en faveur d'une revendication qui nourrissait le nationalisme sanmarquinien émergent. C'est ainsi que l'auteur d'un texte publié en ouverture d'un numéro du bulletin bibliographique de la bibliothèque de San Marcos, dont on peut supposer qu'il s'agit du grand historien-bibliothécaire, Jorge Basadre, indique, après avoir reconnu la validité de la démonstration érudite en faveur de San Marcos, que « nous reconnaissons au problème une importance excessive. Notre aspiration profonde est que l'Université de San Marcos ne soit pas tant la plus « ancienne » que la « plus moderne » des universités américaines ».

San Marcos jusqu'à la mi-XVIIIe siècle

Gravure de l'ancienne façade des locaux dans lesquels l'Université de San Marcos a opéré toute la vice-royauté, après, cet endroit serait transféré au naissant Congrès du Pérou.

De 1553 à 1571, l'université est essentiellement un studium dominicain. Si des personnes issues d'autres ordres, voire des laïcs, y participent peu à peu, sa direction est exclusivement assurée par des dominicains. En 1571, à l'issue d'une crise qui oppose les Dominicains, et plus généralement les ultramontains aux partisans du pouvoir royal, Philippe II impose la nomination d'un recteur laïc, Pedro Fernandez de Valenzuela. Paradoxalement, au moment même où le pouvoir royal reprend en main San Marcos, Rome concède à ses maîtres, par un bref de Pie V du 25 juillet 1571, la licentia ubique docendi (le droit d'enseigner en tout lieu de la chrétienté). L'université est alors dite real y pontificia (auparavant, elle n'était que real, mais dirigée par des dominicains). De 1571 à 1581 se succèdent des recteurs laïcs. Mais l'opposition des dominicains et des autres clercs produit des troubles qui aboutissent à la réforme de 1581. La durée d'un exercice est fixée à un an, renouvelable une fois tacitement, et une seconde fois avec l'accord du vice-Roi (la durée totale d'un rectorat ne peut donc excéder trois ans); enfin, est alors adopté le principe de l'alternance entre un laïc et un prêtre à la tête de l'université.

C'est en 1571 qu'ont été adoptées les Constituciones de la Universidad de los Reyes, premier statut universitaire du continent américain. Il fixe le nombre de facultés, le coût des inscriptions, la couleur des livrées, les principales dates du calendrier universitaire... Quand il s'agit de trouver un nom - c'est-à-dire un patron - à l'université, se présentent des partisans de chacun des quatre évangélistes. C'est par tirage au sort effectué le 20 septembre 1574 que saint Marc est choisi comme protecteur de l'université. Plus immédiatement, celle-ci bénéficie du soutien du vice-roi Francisco de Toledo (1569-1581) qui lui assigne de riches rentes, encore augmentées sous le règne du vice-roi lettré Francisco de Borja y Aragón (1615-1621). Sa mission évangélisatrice est confirmée, Philippe II ordonnant que la chaire de doctrine ne soit attribuée qu'à des clercs connaissant le quechua. Déjà, avant sa mort en 1570, le célèbre Fray Domingo de Santo Tomás avait créé à San Marcos la chaire de langue quechua. En revanche, ce n'est qu'en 1634 qu'est inaugurée la chaire de médecine (créée au XVIe siècle). L'enseignement de cette discipline prend son essor dans la seconde moitié du XVIIe siècle, et est alors créée une chaire d'anatomie.

Depuis le statut de 1571 et la réforme de 1581, divers textes ont réformé ponctuellement le fonctionnement de l'Université. Ils sont compilés en 1735 dans les Constituciones antiguas, añadidas y modernas. À cette date, San Marcos connait de sérieux problèmes économiques et académiques.

Des Bourbons à 1850 : déclin et tentatives de réformes

En 1621 avait été créée à Cuzco l'Université San Ignacio de Loyola, tenue par des Jésuites. San Marcos s'y était vainement opposé, pour des raisons économiques. Au XVIIIe siècle, il apparait (déjà...) que les luttes internes et les difficultés de financement paralysent l'institution. Ce ralentissement profite aux deux collèges de Lima, celui de San Bernardo (pour la médecine) et surtout celui de San Carlos qui attirent les meilleurs élèves (l'université tend alors à ne devenir qu'un lieu de délivrance des titres universitaires, dont elle garde le monopole). Mais l'accession d'un Bourbon au trône d'Espagne au terme de la Guerre de succession d'Espagne introduit dans le monde hispanique un modèle identifié dans l'historiographie comme celui des « réformes bourboniques ». L'événement déclencheur est l'expulsion des Jésuites hors de l'Empire (1767). En Espagne, trois penseurs, le comte d'Aranda, Campomanes, et le sanmarquinien Pablo de Olavide inspirent un projet de réforme de l'éducation inspiré des Lumières. Au Pérou, c'est le vice-roi Manuel de Amat y Juniet (1761-1776) qui est chargé de l'adapter et de l'appliquer. Il collabore étroitement avec le recteur laïc Joaquín Bouso Varela, et rédige en 1771 un règlement réformateur où pour la première fois est mis en valeur un projet de bibliothèque universitaire. Malgré l'affectation d'une partie des ressources provenant des biens jésuites (rentes, livres), la réforme s'enlise et échoue.

En 1783, le juriste José Baquijano y Carrillo rédige à son tour un projet réformateur, considéré comme particulièrement important dans l'histoire de l'éducation au Pérou. Il y promeut les idées des Lumières, la liberté de l'enseignement et de la presse... Mais il échoue à se faire élire recteur, et le projet n'est pas appliqué immédiatement. Ses partisans, cependant, subissent son influence: Torribio Rodriguez de Mendoza, recteur du collège de San Carlos, y applique les idées que Baquijano a échoué à imposer à San Marcos, et les transmet ainsi à la génération des partisans de l'indépendance ; Hippólito Unanue développe un enseignement de la médecine plus moderne autour du nouvel amphithéâtre anatomique... L'échec de Baquijano, et le développement des collèges, handicape San Marcos qui avec les débuts de la République traine une réputation de conservatisme.

La période contemporaine

En 1850, Ramon Castilla impose une reprise en main de l'université, qui passe aussi par l'intégration des deux prestigieux collèges liméniens (San Carlos et San Fernando). En outre, toutes les universités du pays (San Cristobal à Ayacucho, San Antonio à Cuzco, Santo Tomas y Santa Rosa à Trujillo, San Agustin à Arequipa) forment un seul corps dont le centre est San Marcos, ce qui justifie son appellation d'« université majeure ». Enfin, aucune université ne pourra être crée sans l'accord de San Marcos. En revanche, en 1855, Castillo autorise la création de six instituts et écoles "professionnelles": Institut militaire, École des mines... Le moment culmine avec le court rectorat de José Gregorio Paz Solden (1861-1862) qui voit la subordination effective des collèges. C'est alors que le local du Convento San Carlos est rattaché à l'université (il abrite aujourd'hui le centre culturel de San Marcos).

Locaux de l'Université de San Marcos, en 1920, le fameux « Casona de San Marcos » est maintenant le Centre Culturel de San Marcos.

Mais l'invasion chilienne de 1881 brise ce mouvement. La bibliothèque est pillée, les locaux occupés... L'Université replonge dans une routine qui dès le début du XXe siècle fait l'objet de fortes critiques. Cependant, le mouvement réformateur vient cette fois de la province. En 1907-1908, une violente grève étudiante à l'université de Cuzco oblige les autorités à intervenir et à prendre conscience des déficiences du système universitaire. En 1917 est créé la Fédération des étudiants à l'échelon national. Elle est incarnée par la figure de Raúl Haya de la Torre, envoyé par l'université de Trujillo, mais s'appuie aussi sur le professeur sanmarquinien Victor Andrés Belaunde (l'un et l'autre incarnent pourtant des mouvements politiques distincts dans l'histoire intellectuelle et politique du Pérou). Les étudiants péruviens subissent alors l'influence du mouvement de réforme argentin né à l'Université de Cordoba, tandis que se diffusent dans certains secteurs de la société les idées marxistes. Une des revendications du mouvement est donc un plus fort investissement dans le développement de l'enseignement et de la culture populaires. Dans ce contexte d'ébullition intellectuelle, qui est aussi un moment de chaos et de ralentissement dans l'enseignement, se crée en 1917 la principale rivale de San Marcos, la Catolica. Sous le second gouvernement de Leguia, est promulguée en 1920 une Loi organique sur l'Enseignement, qui accorde aux universités dites « mineures » (de province) et à la Catholique un statut égal à celui de San Marcos. L'agitation continue à San Marcos entre les pro- et les anti-Leguia, jusqu'à la chute de son gouvernement en 1931, qui permet l'élection du recteur libéral José Antonio Encinas qui tente à nouveau une réforme, qui aboutit à... la fermeture de l'université entre 1932 et 1935.

Malgré la grande instabilité administrative de l'université, et les nombreuses critiques adressées à son enseignement, la majorité des grands noms péruviens de la première moitié du XXe siècle - la génération dite du Centenaire de l'Indépendance - sont liés à San Marcos.

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