Connaissance encore partielle
La connaissance des zoonoses est encore très lacunaire.
Par exemple, 1400 virus pathogènese sont répertoriés chez l'homme, et 1000 chez les espèces domestiques, mais il en existe probablement bien plus dans la faune sauvage, et certains d'entre eux (grippe par exemple) présentent de nombreux variants et créent constamment et naturellement des souches mutantes. Certains agents mutagènes pourraient aussi faciliter l'apparition de certaines mutations et renforcer le risque nosocomial.
Une récente étude sur les virus de la faune sauvage africaine a identifiée plus de 39 nouveaux virus chez des animaux domestiques, dont 11 chez des oiseaux. Il en existe sans doute bien plus dans la faune sauvage.
Des problèmes sont posés par le manque de naturalistes systématiciens ; Par exemple, les tiques sont réputées être le principal vecteur d'une trentaine de maladies, souvent graves, mais l'enquête de Cuisance et Rioux (2004) a montré qu'il n'existait en 2003 plus que deux spécialistes en systématique des tiques en France (parti à la retraite depuis), mais dans le même temps de nouvelles méthodes (biologie moléculaire, système d'information géographique... surtout) facilitent les études, pour certains groupes et facteus biologiques, et pour les acteurs qui ont les moyens financiers, techniques et scientifiques d'y accéder.
Réactions
L'OMS, L'OIE et la FAO travaillent de plus en plus de concert pour identifier les facteurs de risques et de maîtrise du risque, avec une plus grande pluridisciplinarité (Diverses études laissent penser que l'écoépidémiologie peut apporter une contribution importante à la connaissance des zoonoses et du risque épidémique ou pandémique lié).
Exemples de zoonoses
Zoonoses bactériennes
- la brucellose (infection à Brucella spp. maladie du bétail, principalement les bovins et les ovins)
- la campylobactériose (ou vibriose) à Campylobacter fetus et à Campylobacter jejuni
- l'infection à Escherichia coli O157:H7 à l'origine chez l'homme de diarrhée hémorragique et de syndrome hémolytique et urémique (SHU) grave (en particulier pour les jeunes enfants, les femmes enceintes et les personnes âgées)
- la tularémie, infection à Francisella tularensis, maladie du lièvre et des rongeurs sauvages, à l'origine chez l'homme d'ulcérations, d'adénopathies, et des cas de pneumonie.
- le charbon bactérien ou fièvre charbonneuse à Bacillus anthracis
- la peste (infection à Yersinia pestis, dont le vecteur est la puce du rat) et le réservoir les rongeurs sauvages.
- la leptospirose (infection par différents sérovars de Leptospira interrogans sensu lato, transmise du rat, rongeur, ou autre mammifère (chien exceptionnellement) à l'homme via l'environnement souillé par de l'urine contaminée et à l'origine chez l'homme de symptômes pseudo-grippaux pouvant rapidement évoluer en septicémie avec atteintes viscérales. C'est une maladie professionnelle.
- le typhus (infection à Rickettsia, bactérie dont le réservoir est le rat et le vecteur une puce)
- la pasteurellose (infections à Pasteurella, P. multocida, P. canis et P. dagmatis), inoculée lors de morsures par des animaux, plus particulièrement les animaux de compagnie comme le chien et le chat.
- la fièvre Q (infection à Coxiella burnetii) dont le réservoir est constitué d'arthropodes, de rongeurs sauvages, et d'animaux domestiques (petits ruminants) et principalement chez l'homme à l'origine de syndrome pseudo-grippaux et de troubles gastro-intestinaux (gastrite)
- la listériose (infection à Listeria monocytogenes) dont le réservoir est constitué par l'homme, les produits d'origine animale (lait et produits laitiers surtout), sol, eau, végétaux, ensilages pour ruminants, et principalement à l'origine chez l'homme de syndromes fébriles pseudo-grippaux, avortements et méningo-encéphalites.
- le rouget (infection à Erysipelothrix rhusiopathiae), maladie des suidés domestiques et/ou sauvages, à l'origine chez l'homme de troubles graves. C'est une maladie professionnelle.
- la Maladie de Lyme (borréliose de Lyme, due à Borrelia burgdorferi), transmise par la morsure de tiques infectées, dont le réservoir principal sont les cervidés et les rongeurs sauvages, et à l'origine ches l'homme d'érythèmes chroniques migrants, de polyarthrites et de neuropathies graves.
- la shigellose (due à différentes bactéries du genre Shigella), maladie des suidés et des nombreuses autres espèces animales (singes notamment) et à l'origine chez l'homme de diarrhées marquées avec déshydratation importante.
- le sodoku (infection du rat due à Spirillum morsus muris ou Spirillum minus), transmise principalement par morsure, griffure ou au travers d'une peau lésée, et à l'origine chez l'homme d'adénopathie satellite (inflammation des nœuds lymphatiques drainant le site d'inoculation, d'épisodes fébriles récidivants et d'érythème (membres, tronc et/ou face). C'est une affection plus fréquente au Japon d'où son nom (So = rat et Doku= poison).
- la Fièvre de Haverhill (maladie des rongeurs due à Streptobacillus moniliformis) et à l'origine chez l'homme d'un syndrome pseudo-grippal.
- la maladie des griffes du chat (ou lympho-réticulose bénigne d’inoculation) due à bartonella henselae), infection inapparente du chat (en particulier du chaton et du chat de moins d'un an d'âge) transmise par la puce du chat (Ctenocephalides felis)à l'origine chez l'homme de bactériémies fébriles récurrentes ou persistantes (sujets immunodéprimés et enfants), d'endocardites, et d'angiomatoses bacillaires.
- la pseudotuberculose (ou infection par le bacille de de Malassez et Vignal), due à Yersinia pseudotuberculosis
- l'infection par Yersinia enterocolitica
- les rickettsioses
- les salmonelloses
- les staphylococcies
- le tétanos (Clostridium tetani)
- la tuberculose (Mycobacterium bovis, M. tuberculosis et M. avium)
- la mélioïdose (Burkholderia pseudomallei)
- la morve (Burkholderia mallei)
Zoonoses virales
- la rage (infection par le virus rabique), maladie à l'issue toujours fatale une fois les symptômes déclarés, qui peut être transmise par les renards, les chiens, les chauves-souris ainsi que par les chiens viverrins dans certain pays de l'Est de l'Europe
- les encéphalites à tiques
- les arboviroses (pour ARthropods BOrne VIRosis= "viroses transportées par les arthropodes"), maladies transmises par des vecteurs (moustiques, punaises...)
- bunyaviridae dont hantavirus : fièvre hémorragique virale transmises par les rongeurs
- arenaviridae
- fièvre jaune
- dengue
- certains retrovirus
Zoonoses parasitaires
- la toxoplasmose à Toxoplasma gondii
- la taeniasis à Taenia saginata et à Taenia solium
- l'hydatidose à Echinococcus granulosus
- l'échinococcose alvéolaire à Echinococcus multilocularis
- l'hymenolopidose à Hymenolepis nana
- la dipylidiose à Dipylidium caninum
- la bothriocéphalose à Diphyllobothrium latum
- la distomatose à grande douve du foie (fasciolose), à Fasciola hepatica
- la clonorchose à Clonorchis sinensis (douve de Chine)
- l' opisthorchiose à Opisthorchis felineus (douve des chats)
- la paragonimose (distomatose pulmonaire) à Paragonimus westermani, Paragonimus ringeri, Paragonimus kelicotti ou à Paragonimus africanus
- l'anisakidose à Anisakis spp
- la toxocarose à Toxocara canis (Larva migrans viscerale)
- la trichinellose à Trichinella spiralis
- l'ankylostomose à Ancylostoma spp
- la giardiose à Giardia intestinalis (=G. duodenalis, G. lamblia)
- la leishmaniose à Leishmania spp
- les trypanosomoses :
- la Balantidose à Balantidium coli
- les sarcocystoses à Sarcocystis bovi-hominis et Sarcocystis sui-hominis
- le paludisme à Plasmodium malariae, Plasmodium vivax, Plasmodium ovale et Plasmodium falciparum
- les dermatophytoses (teignes) (Microsporum canis, transmis le plus souvent par le chat, ou par le chien, Trichophyton mentagrophytes transmis par le cheval ou par les rongeurs, Trichophyton verrucosum transmis par les bovidés).
Parmi les spécialistes mondiaux des zoonoses parasitaires, citons Jacques Euzéby, professeur à l'Ecole nationale vétérinaire de Lyon.
Zoonoses dues à des agents transmissibles non conventionels
On connait trois formes de maladies à prion