Abbaye de Saint-Hubert - Définition

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Histoire

Renaissance sous la protection de Saint Hubert

Un siècle plus tard, malgré des débuts prometteurs l’abbaye semble végéter ou être même déjà en déclin. Vers 815 une délégation de clercs se rend auprès de l’évêque de Liège, Walcaud, pour lui demander son aide. Après décision du Concile d'Aix-la-Chapelle de 817, Walcaud organise l'échange entre les religieux d'Ambra (Andain) qui s'en iront reprendre la collégiale Saint-Pierre de Liège, ancienne abbaye fondée par Saint Hubert lui-même, avec le groupe des moines bénédictins qui quitteront ce même monastère pour Ambra et y établir l'abbaye bénédictine de Saint-Pierre en Ardenne, afin d'y vivre suivant la règle et la régularité bénédictine et de favoriser au mieux l'évangélisation de l'Ardenne. Cette nouvelle abbaye devient la succursale méridionale du diocèse, avec pèlerinages annuels de tous les fidèles au tombeau du saint, rendus obligatoires dès ces années (croix banales). La refondation est achevée en 825 avec la translation à Ambra du corps de Saint-Hubert, premier évêque, fondateur et saint patron de Liège, lui qui fixa à cette ville sa destinée en y installant l'évêché. Saint Hubert est déjà réputé pour être l’apôtre et le patron de l’Ardenne.

L’abbaye prend alors son essor, porté également par le mouvement monastique du Xe siècle et l’enthousiasme des foules qui affluent en pèlerinage au tombeau de Saint Hubert. Autour de l’abbaye se crée une ville qui prend le nom de Saint-Hubert, éclipsant complètement le premier nom d’Ambra puis celui d'Andain. L’abbaye a également un grand rayonnement religieux, culturel et artistique. Elle fonde au cours de siècles plusieurs prieurés: Saint-Pierre devant Bouillon, Saint-Michel de Mirwart, Saint-Brice de Sancy (57), Saint-Michel de Cons-la-Grandville (54), Saint-Sulpice de Prix (08), Saint-Thibaud de Château-Porcien (08) et Sainte-Marie d'Evergnicourt (02) et plusieurs autres succursales écclésiastiques, comme la Converserie, Chauvency-Saint-Hubert,... elle héritera aussi de deux collèges de chanoines, Nassogne et Waha. L’abbé est ‘seigneur’ d’un territoire qui comprend un grand nombre de villages du pays d’Ardenne et bien au-delà. Il détient ainsi des droits féodaux comme propriétaire, suzerain, vassal, collateur, seigneur et même souverain dans plus de mille villages et hameaux d'Entre-Meuse-et-Rhin, jusqu'à Langres, Trèves-Coblence, Reims-Laon, Malines,...

Prospérité

Si au spirituel l’abbaye relève du diocèse de Liège, au temporel, sa prospérité et son influence attire les convoitises politiques qui en veulent à son indépendance et sa neutralité, reconnue pourtant encore par Charles Quint en 1522. Au cours des siècles la France, les Pays-Bas, Le Pays de Liège et le Duché de Luxembourg, tentent de s’allier ou de contraindre l’abbé de Saint-Hubert à leurs vues et exigences. Il est souvent obligé de transiger avec ces encombrants protecteurs et ‘amis’, en attendant des jours meilleurs. Il se cherche particulièrement un protecteur puissant, en dehors de son avoué à la solde du Luxembourg, pour se soustraire à l'appétit du Luxembourg et des Pays-Bas bourguignons, espagnols puis autrichiens. Il le trouve en la personne du roi de France et ce, de Louis XI à Louis XV.

Jacques Charneux et Bernard Wodon décrivent ainsi l'abbaye au temps de sa grande prospérité :

«  Âme et pivot vital de l'Ardenne pendant plus d'un millénaire, l'abbaye bénédictine de Saint-Hubert - la plus considérable institution de la contrée - comptait parmi les plus illustres d'Europe occidentale. Sanctuaire vénéré et célèbre d'un culte de renom international, centre religieux et intellectuel, c'est aussi le noyau d'un domaine étendant ses possessions de la Champagne à la Hesbaye jusqu'à la Moselle. Enfin, siège d'une terre seigneuriale dont l'indépendance et la neutralité parfois contestées ont fait d'elle l'enjeu de convoitises, l'abbaye hubertine offre l'aspect d'une institution monastique mais aussi politique. »

Au XVe siècle se développe la ‘légende de Saint Hubert’ : le saint converti à la vue d’un cerf arborant une croix entre ses bois. Propagée par les chasseurs, cette légende déjà assez répandue dans beaucoup de pays d'Occident, ajoute de nouvelles pages à l'hagiographie déjà riche d'Hubert, grand thaumaturge, guérisseur de la rage et de maladies nerveuses, patron des forestiers, bûcherons, tanneurs, bouchers...depuis le IX°siècle : Saint Hubert reste l’apôtre et le saint patron de la grande région d’Ardenne.

A partir du Xe siècle au moins les moines se font un nom en développant et dressant une race particulière de chiens de chasse à l’odorat singulièrement développé. Outre la chasse, les robustes et endurants chiens de Saint-Hubert étaient utilisés pour la recherche de voyageurs perdus dans la forêt. Annuellement l’abbaye en offrait trois paires avec 3 couples d'oiseaux de proie ou de parc au roi de France. Ces chiens sont connus aujourd’hui sous le nom de ‘chiens de Saint-Hubert’.

Fin et suppression

En 1797 la révolution française envoie définitivement en exil les moines de Saint-Hubert. Le dernier abbé Nicolas Spirlet se réfugie chez les frères mineurs capucins de Montjoie, mais il y meurt la même année. Dès octobre 1797, l’abbaye et ses biens sont vendu aux enchères, Tout y passe, jusqu'aux christs en fonte le long des routes !

Entre 825 et 1795, pas moins de 56 abbés ont gouverné l’abbaye bénédictine de Saint-Pierre en Ardenne ( Saint-Hubert).

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