Cambrai et sa cathédrale participèrent à l'éclosion musicale de la Renaissance dans les Pays-Bas bourguignons. Plusieurs compositeurs notables travaillèrent comme maîtres de chapelle à la cathédrale Notre-Dame, notamment le plus illustre, Guillaume Dufay, mais aussi Robert de Févin, Johannes Lupi et Jean de Bonmarché.
En 1791 la cathédrale fut affectée au culte constitutionnel. Elle fut cependant endommagée dès l'année suivante, et en 1793 fut convertie en magasin à grains. Le 6 juin 1796 elle fut vendue à un certain Blanquart, marchand à Saint-Quentin, qui entreprit de la démolir pour en vendre la pierre. La démolition avança lentement : en 1816 il restait assez de pans de murs debout pour qu'un soldat de l'armée anglaise d'occupation pût encore en tirer une aquarelle.
A l'indifférence quasi-générale qui avait présidé à la démolition succédèrent l'admiration et les regrets quasi-unanimes une fois les ruines arasées.
Dans les premières années du 1er Empire on songea à conserver la flèche, encore debout, pour en faire un monument à Fénelon, l'évêque le plus illustre de la ville, dont les cendres avaient été découvertes en 1804. L'architecte lillois Deswarlez proposa un projet qui conservait le clocher réaménagé dans un style néo-classique. Mais ce projet, jugé trop coûteux pour la ville, fut abandonné. Vialart de Saint-Morys, royaliste convaincu et grand amateur d'architecture, qui tentait de lutter contre le vandalisme révolutionnaire, intervint alors auprès du ministre de l'intérieur. Il proposait de conserver non seulement la flèche mais ce qui restait des ruines de l'édifice pour en faire une promenade. Ce projet, moins coûteux que le précédent, retint d'abord l'attention, avant d'être abandonné en 1807. Pour finir, une tempête renversa le clocher en 1809, mettant définitivement fin à ces projets.
![]() | |||
Cathfen.jpg . |
Une maquette de l'édifice disparu se trouve dans l'actuelle cathédrale. Une autre, faite par un élève, est présentée dans le hall du lycée Fénelon de Cambrai.
Deux statues dans la cathédrale étaient assez particulières, l'une des deux portait un légume dans une main. Celles-ci étaient surnommées Saint Goût et Saint Appétit alors que ceux-ci n'ont jamais existé!
On ne connaît aujourd'hui ce monument que par quelques rares documents. L'extérieur de l'édifice est assez bien connu, mais l'architecture intérieure reste en grande partie méconnue. Les contemporains n'ont pas laissé de description ni d'image de la cathédrale, à l'exception du croquis du chœur établi vers 1230 par Villard de Honnecourt, mentionné précédemment.
Un dessin d’une grande précision du peintre militaire de Louis XIV, Van der Meulen, donne à voir le monument sous son angle sud. De la même époque datait le plan-relief de la ville levé en 1695 par les ingénieurs militaires royaux, détruit en 1945 à Berlin: il en reste quelques photographies, mais l'échelle de 1/600e de la maquette limite évidemment la finesse des détails.
Paradoxalement, l'intérêt pour la cathédrale s'est manifesté au moment ou sa destruction était déjà avancée. Le plan dressé par Boileux date de cette époque. On ignore la date exacte à laquelle il fut dessiné, mais il est assez précis pour être digne de foi. Une gravure du même Boileux montrant le clocher de la cathédrale fut publiée en l'An XII à l'initiative du préfet du Nord. Elle est pourvue d'une échelle, ce qui permet d'estimer les dimensions en hauteur de l'édifice. Le même préfet chargea l'architecte Deswarlez, en 1805, d'établir des plans et des devis pour la conservation du clocher et sa transformation en monument à Fénelon. Toutefois celui-ci, peu enthousiasmé par le projet, n'y attacha pas tous ses soins: son dessin présente des inexactitudes de détail et montre un état de destruction plus avancé qu'il ne l'était. Une aquarelle peinte par un soldat anglais de l'armée d'occupation, en 1816, montre que des pans de mur étaient encore debout à cette époque et permet de préciser certaines hypothèses sur la structure de l'édifice.
Sur la place Fénelon, aucune ruine ne permet aujourd'hui de restituer le monument par l'imagination, à l'exception du portail de la sous-préfecture, ancienne entrée {du palais épiscopal, mais une superposition de cadastres anciens et actuels permet de situer les fondations :
Le clocher-porche se trouvait à l'emplacement du Lycée Fénelon entre ses deux entrées. Les deux galeries d'entrée étaient à l'emplacement de la petite rue Van Der Burch. L'entrée du transept sud se trouvait entre le bâtiment-Annexe du lycée Fénelon et la résidence Fénelon. Le choeur donnait à l'est au fond de la place, actuellement recouvert par quelques jardins. La croisée du chœur et des transepts devait se situer aux environs de l'angle sud-est du square.
Des fouilles prochaines devraient montrer les fondations dans leur endroit exact.