Les lanceurs Angara sont une famille de fusées russes en cours de développement qui doivent prendre notamment la suite du lanceur lourd Proton, qui utilise des ergols polluants. Toutes les versions sont construites autour d'un premier étage commun propulsé par un moteur RD-191 de 196 tonnes de poussée brulant un mélange de kérosène et d'oxygène liquide. L'ajout d'un nombre variable de propulseurs d'appoint et l'utilisation de deuxième étage plus ou moins puissant permettent d'obtenir des lanceurs pouvant placer en orbite basse un engin spatial de 2 à 25 tonnes selon la version. Il est prévu que les lanceurs Angara soient lancés à partir d'un pas de tir en cours de construction sur la base de lancement de Plessetsk, en Russie. L'utilisation du nouveau lanceur doit permettre de réduire la dépendance de la Russie vis-à-vis du Kazakhstan sur le territoire duquel est situé le cosmodrome de Baïkonour d'où sont lancées un grand nombre de fusées.
L'éclatement de l'Union Soviétique en 1991 a de nombreuses répercussions sur son programme spatial qui est repris pour l'essentiel par la Russie. La principale base de lancement se trouve désormais au Kazakhstan nouvellement formé avec lequel la Russie a des rapports parfois tendus : la Proton russe est polluante ce qui suscite des tensions entre les deux pays lorsque un lanceur retombe sur le territoire kazakh et le Kazakhstan a des exigences financières jugées parfois excessives par le gouvernement russe. Par ailleurs les lanceurs soviétiques capables de lancer les charges utiles de 3-4 tonnes (lanceur Zyklon) et de 13-14 tonnes (lanceur Zenit) sont désormais construits sur le territoire ukrainien. La Russie, qui ne veut pas dépendre de ce pays, est obligée d'utiliser les lanceurs Soyouz et Proton surpuissantes pour placer en orbite les satellites de ces deux catégories entrainant un surcout important.
Dès 1994 le gouvernement russe envisage la construction d'une famille de lanceurs susceptibles d'être tirés depuis le territoire national, non polluants et pouvant placer en orbite une grande partie des catégories de charges utiles. L'étude d'abord réalisée par RKK Energia, le constructeur du lanceur Soyouz, est finalement confiée à Krounitchev, constructeur du lanceur Proton. Dans un premier temps le premier étage du lanceur doit réutiliser le moteur-fusée RD-170, qui propulse la fusée Zenit, tandis que le deuxième étage, qui est complètement nouveau, doit être propulsé par le RD-0120. Ce projet est progressivement modifié pour aboutir au concept actuel. Le constructeur américain de la fusée Atlas V contribue à cette évolution en finançant le développement du moteur RD-180 russe destiné à propulser le premier étage de son lanceur ce qui permet au motoriste russe de dégager suffisamment de liquidités pour développer le RD-191 destiné à propulser le premier étage du nouveau lanceur. Le deuxième étage des lanceurs Angara réutilise finalement des composants existants, les Breeze KM et Breeze M tandis que la coiffe provient des lanceurs Rockot et Proton. A compter de 2001 l'architecture de la famille de lanceurs est figée.
Le deuxième étage est une évolution de l'étage Block I du lanceur Soyouz 2. Le moteur RD-0124A d'une poussée de 29,5 tonnes, qui est utilisé de manière opérationnelle depuis 2001, brule comme le premier étage un mélange de kérosène et d'oxygène liquide. L'étage mis en œuvre par l'Angara, long de 6,8 mètres pour un diamètre de 3,6 mètres, pèse 40 tonnes contre 30 tonnes pour la version utilisée sur le Soyouz. Cet étage n'est pas réallumable. La version légère A1 du lanceur n'est pas équipée de cet étage.